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SPEECH/00/366
M. Erkki LIIKANEN
Membre de la Commission européenne chargé de l'entreprise et
société de l'information
Le
rôle
du
"benchmarking"
(l'étalonnage des performances) dans
la construction de l'Europe des
entreprises
Forum Européen du Benchmarking
Paris, le 10 octobre 2000
Monsieur le Président, Mesdames, Messieurs,
Je voudrais tout d’abord féliciter le Forum européen du benchmarking et les
autorités françaises de l’organisation de cette conférence.
Cette septième conférence du Forum européen du benchmarking a lieu à un
moment opportun pour le monde des entreprises. Le principal message du Sommet
européen de Lisbonne de mars dernier était clair. La prospérité de l’Europe passe
par celle de ses entreprises.
C’est pourquoi la Commission se fixe comme priorité politique la constitution d’un
environnement le plus favorable possible aux entreprises. Il contribuera à la
création de richesses, au développement durable, à la prospérité économique et à
la création d'emplois.
Cet objectif doit être atteint dans un contexte où l'économie de la connaissance
modifie en profondeur les profils de compétence requis par les entrepreneurs. Cela
nécessite des capacités de remise en question, de restructuration et d'innovation
permanentes.
Le « benchmarking » est un élément clé pour toute entreprise qui veut développer
et maintenir ces capacités. Le « benchmarking » est indispensable aux entreprises
pour accroître leur performance, améliorer leur compétitivité et, ainsi, pour dépasser
la concurrence.
Je souhaiterais à ce propos aborder deux questions complémentaires.
 En premier lieu, la problématique générale de l’action de la Commission en
faveur d’une Europe entrepreneuriale et innovante.
 En second lieu, l’importance du « benchmarking » dans la construction de la
future « Europe des entreprises » et le rôle de la Commission à cet égard.
1. Encourager l'activité entrepreneuriale et l’innovation
Une Politique d’entreprise active dans la société de l’information
Il convient tout d’abord de considérer l’ampleur des défis immédiats et nouveaux
que les entreprises doivent relever. Ils sont considérables. Les entreprises sont
confrontées à un processus d'évolution structurelle accéléré et à l'émergence de
l'économie de la connaissance. Cette nouvelle économie est le fruit de deux
facteurs: l'accélération de la mondialisation économique, et la diffusion rapide des
technologies numériques dans tous les domaines d'activité.
C’est dans ce contexte que la Commission a adopté une nouvelle initiative en
décembre dernier: eEurope. Notre but est d’accélérer la transition de l’Union
européenne vers l'économie de la connaissance.
Cette nouvelle économie ne se substitue pas à l’ancienne. Mais sa logique, ses
modes de fonctionnement, se répandent rapidement dans les autres secteurs
d’activités.
Où se situe l’Europe dans l’économie de la connaissance? Elle dispose d’atouts
importants.
L’Europe a pris la tête du développement des communications mobiles. Le succès
mondial du GSM met l’Europe en position de devenir le leader mondial de “l’Internet
mobile” et du “commerce électronique mobile”.
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Un autre domaine important est la télévision numérique. Ce marché connaît une
croissance exponentielle dans plusieurs Etats membres.
Mais dans d’autres domaines, la situation est plus contrastée.
Créer une entreprise en Europe reste trop long, trop complexe, trop coûteux. Il faut
de toute urgence simplifier les procédures administratives.
Le commerce électronique se développe plus rapidement aux Etats-Unis. Le
marché européen ne représente qu’un tiers du marché américain. De plus, les PME
sont assez lentes à se convertir au commerce électronique.
Cette situation est aggravée par les tarifs d'accès à Internet, qui restent trop élevés.
Ceci agit comme un frein au développement d’Internet et du commerce électronique
dans les PME et dans les foyers.
Dans ce contexte, je me réjouis, que la Présidence française ait pu obtenir l’accord
politique des Quinze sur la proposition de règlement sur le dégroupage de la boucle
locale.
Par ailleurs, les entreprises ont des difficultés croissantes pour recruter du
personnel qualifié dans les hautes technologies.
Enfin, des différences importantes existent entre Etats membres et régions de
l'Union européenne. Les pays Nordiques ont un taux de pénétration d'Internet très
élevé. Mais les pays du Sud - en particulier l'Italie - sont très forts dans les mobiles.
D'autres pays - notamment la France - sont en pointe dans la télévision numérique.
Certains pays européens ont des entreprises puissantes dans le domaine des
médias et des contenus numériques. D'où l'importance de mettre en commun nos
ressources, afin de nous renforcer mutuellement. C'est la logique de eEurope.
La Commission vient de préparer un Plan d’action eEurope 2002. Ce plan d’action a
identifié trois actions clés :
 Premièrement, un Internet moins cher, plus rapide et sûr.
 Deuxièmement, investir dans les hommes et les compétences.
 Troisièmement, stimuler l’usage d’Internet.
Ce plan d’action a été présenté au Sommet européen de Feira les 19 et 20 juin
derniers.
Encourager l'activité entrepreneuriale et l’innovation
Notre politique d’entreprise se donne également comme objectifs de faire
reconnaître le rôle clé de l’activité entrepreneuriale, et d’encourager l’innovation.
L'Union européenne a besoin d’entrepreneurs dynamiques. Leur activité est à la
base de la création de richesses et d'emplois.
Quatre axes me
entrepreneuriale:
paraissent
déterminants
pour
encourager
l'activité
 Que les nouveaux entrepreneurs, ou les candidats à la création d'entreprise,
soient compétents, bien conseillés et motivés.
 Développer des conditions cadres favorables à l'activité des entreprises.
 Fournir des services et réseaux de soutien efficaces aux entreprises, et
contribuer ainsi à réunir les conditions du succès.
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 Enfin, favoriser l’innovation dans les entreprises dans le contexte de la
mondialisation.
Le premier axe est celui des compétences, du conseil et de la motivation.
Sans entrepreneurs, pas d'entreprises. L'esprit d'entreprise est le moteur du
développement et de l'innovation économique.
La politique d'entreprise de la Commission entend favoriser l'esprit d’entreprise en
tant qu’atout à cultiver tout au long de la vie. Cette politique s'attache donc à
favoriser l'image des entrepreneurs en Europe. L’échec d’un entrepreneur ne doit
pas être considéré comme la fin de sa carrière. Chacun doit avoir la possibilité
d’une ‘deuxième chance’. La société doit être prête à valoriser et récompenser ceux
qui prennent des risques.
Le second axe est celui des conditions cadres favorables à l’entreprise.
Il est connu et répété que l'environnement réglementaire, législatif et administratif,
fait trop souvent peser un fardeau inutile sur les épaules des entrepreneurs.
La Commission veille donc à ce que les procédures administratives et
réglementaires allient l’exigence de simplification à la réalisation des objectifs de
politique publique.
Le troisième axe est celui des services de soutien aux entreprises
L'accès à l'information, aux conseils et aux services de soutien aide les sociétés à
démarrer, se développer et s'internationaliser.
La mise en réseau peut aussi permettre aux entreprises d'être plus compétitives. La
politique d'entreprise cherche ainsi à encourager l’efficacité dans la coopération
inter-entreprises, la gestion de la chaîne d'approvisionnement, le commerce
électronique, le suivi et la transmission du savoir-faire. Et ce, quelle que soit
l'importance des partenaires concernés.
Enfin le dernier axe de cette politique concerne l’innovation.
L'innovation constitue un processus essentiel dans une économie moderne fondée
sur la connaissance.
La politique d'entreprise aborde tous les aspects de l'innovation, en étudiant les
besoins des entreprises, lesquelles ont souvent du mal à accéder aux nouvelles
connaissances et à les mettre en œuvre.
Elle favorise une culture de l'innovation dans l'économie et la société, en établissant
un cadre favorable à l’innovation, et en liant la recherche et l'innovation de manière
plus efficace.
2. L’importance du « benchmarking » dans la construction de la future
« Europe des entreprises »
Le « benchmarking » est un instrument important pour faire face aux défis de
l’Europe des entreprises. Il fournit les moyens d’identifier les meilleures pratiques
au niveau mondial et d’en apprendre. De cette manière, le « benchmarking »
accélère la rapidité de réponse des entreprises aux changements dans le marché
mondial. Le « benchmarking » devient, donc, un outil d’amélioration continue pour
l’entreprise.
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Dans ce contexte, les autorités publiques ont une responsabilité clé pour créer les
conditions cadres appropriées à l’entrepreneuriat et à l’innovation. C’est pourquoi,
en tant que Commissaire chargé de l’entreprise et de la société de l’innovation, j’ai
lancé au début de cette année une nouvelle initiative pour étalonner la performance
de l’Europe en matière de politique d’entrepreneuriat et d’innovation. Ceci répond
également aux conclusions de Lisbonne.
Cette initiative envisage un plan avec quatre actions clés :
 Un diagnostic du niveau de progrès actuel des politiques de l’innovation et de
l’entrepreneuriat aux niveaux européen et national ;
 L’identification d’indicateurs pour évaluer les performances, processus et
pratiques existants ;
 L’adoption des mesures d’amélioration par les Etats membres et la Commission ;
 Le développement d’un système d’évaluation annuelle des mesures adoptées.
Les premiers résultats de cette évaluation seront présentés au Conseil des
Ministres de l’Industrie au mois de décembre sous la Présidence française.
Evidement, cette initiative n’aboutira pas à la réalisation de « l’Europe des
entreprises » sans la participation active du monde entrepreneurial. La Commission
n’a pas de rôle dans l’étalonnage des performances des entreprises individuelles. Il
ressort de la responsabilité des entreprises elles-mêmes d’adopter le
« benchmarking » pour améliorer leurs performances.
Jusqu’à maintenant, l’adoption et l’utilisation du « benchmarking » est dominée par
les grandes entreprises de plus de 1000 employés.
Néanmoins, le
« benchmarking » peut jouer un rôle important également dans le développement
des petites et moyennes entreprises, qui sont toujours le moteur de l’innovation.
Cependant, les PME n’ont pas toujours les ressources ou l’expérience nécessaires
pour entreprendre seules le « benchmarking ».
En outre, la disparité des approches et la diversité des techniques et procédés
utilisés au sein de l’Union européen empêche la mise au point d’une « façon de
faire » européenne. Cette situation restreint aussi le développement réel d’une
culture européenne du « benchmarking ».
C’est pourquoi, je suis convaincu que les autorités publiques, y compris la
Commission, ont un rôle important a jouer pour faciliter la diffusion d’un système de
« benchmarking » adapté aux besoins des PME européennes.
Dans ce contexte, je voudrais manifester la gratitude de la Commission pour
l’initiative entreprise par le Forum européen du « benchmarking ». Depuis 1997, le
Forum a réussi à créer un vrai réseau européen du « benchmarking ». Aujourd’hui,
ce réseau compte parmi ses membres plus de 400 organisations de tous les Etats
membres de l’Union européenne. La Commission est prête à continuer son appui
pour le travail du Forum.
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Cette conférence est aussi l’occasion de la présentation du Prix européen du
« benchmarking ». Un tel prix joue un rôle important à ce stade de développement
du « benchmarking » en Europe. Il donne plus de transparence au concept du
« benchmarking ». Il offre une reconnaissance bien méritée aux entreprises
primées. Surtout, les projets de « benchmarking » entrepris par les entreprises
gagnantes nous donnent des modèles à suivre. De cette manière, ce Prix contribue
significativement à la promotion du « benchmarking » en Europe. Je voudrais
féliciter les entreprises primées, tout en remerciant les organisateurs du concours
de leur initiative.
3. Conclusion
Mesdames et Messieurs,
La Commission européenne s’est engagée à la constitution d’un espace européen
favorable à l’innovation et au goût d’entreprendre. Notre but, c’est de créer
« l’Europe des entreprises ». L’amélioration continue de la performance des
entreprises européennes est indispensable à cet égard.
Le « benchmarking » est le noyau dur de notre effort commun. Grâce au
« benchmarking », les autorités publiques à tout niveau peuvent créer les conditions
cadres nécessaires à l’innovation et à l’entrepreneuriat. Pour leur part, c’est par
l’adoption du « benchmarking » que les entreprises européennes peuvent
développer les meilleures pratiques nécessaires pour réaliser les bénéfices de
l’innovation et de l’entrepreneuriat.
Ensemble, nous créerons « l’Europe des entreprises ».
Je vous remercie de votre attention.
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