Le Canada et les États-Unis : défis et perspectives d’avenir L’insatisfaction des électeurs américains — démontrée lors des élections législatives de mi-mandat – relativement à l’économie et à la santé financière de leur pays, contraste fortement avec la confiance relative des Canadiens à cet égard pour le Canada. Ces perceptions divergentes ont été abordées le 6 octobre dernier, à l’occasion d’un événement organisé par le Canada Institute du Woodrow Wilson International Center for Scholars, au cours duquel le professeur Earl Fry de Brigham Young University et monsieur Brian Lee Crowley, directeur général de l’Institut Macdonald-Laurier, ont exposé leurs idées à l’égard des raisons de la situation de leur pays respectif et de leurs perspectives d’avenir. Pour le professeur Fry, auteur de l’ouvrage intitulé Lament for America: Decline of the Superpower, Plan for Renewal publié par University of Toronto Press, le déclin relatif des États-Unis est attribuable à trois grandes causes, soit : la montée de la concurrence de nations et de groupes de nations comme la Chine, l’Inde, le Brésil et l’Union européenne; les effets combinés de la mondialisation — qui accroît la vulnérabilité des États-Unis aux événements survenus à l’extérieur du pays, des innovations technologiques – qui favorisent la circulation quasi instantanée des informations, et enfin, de « l’élimination créatrice » (creative destruction) – c’est-à-dire les emplois et les entreprises qui disparaissent à un rythme plus rapide que celui de leur création; et enfin, 15 entraves majeures à la prospérité des États-Unis et propres au pays comme l’ampleur du déficit américain, la partisanerie politique, le système de santé et l’éducation. M. Fry affirme que la population américaine devra tôt ou tard affronter cette situation si elle veut retrouver la prospérité économique et que le pays dispose des ressources et moyens requis pour résoudre les problèmes actuels du pays. D’ici 2050, le pays comptera, dit-il, près de 440 millions d’habitants et cette augmentation sera due principalement à l’immigration; la carte ethnique du pays risque donc de changer considérablement et requerra sans doute des adaptations de l’ensemble de la population. Les États-Unis demeureront probablement une superpuissance sur le plan militaire, mais connaîtront un déclin relatif à d’autres égards, ce qui n’annonce pas nécessairement des jours sombres pour les Américains. Cela dépendra de leur réaction à la situation. L’efficacité du plan de renouveau que devront mettre sur pied les Américains sera proportionnelle au degré d’engagement et de conscientisation de tous les intervenants et de leur niveau de patience à court terme.t Pour Brian Lee Crowley, coauteur du livre The Canadian Century : Moving Out of America’s Shadow, les politiques économiques du Canada portent la responsabilité de la santé financière du pays. Selon M. Crowley, le premier ministre Wilfrid Laurier, pour qui le vingtième siècle devait être le siècle du Canada, avait établi une stratégie économique fondée sur les quatre principes suivants : la liberté, un État minimaliste, le libre échange et une administration publique fiscalement prudente, engagée de manière constructive avec les États-Unis et capable de développer des avantages concurrentiels. Ces principes ont été plus ou moins suivis, en raison des différents événements et conflits armés qui ont marqué la première moitié du vingtième siècle, mais également, par la suite, en raison d’un gouvernement plus interventionniste dont les dépenses ont explosé, ce qui a augmenté le déficit et freiné la croissance économique. À la suite de la signature de l’Accord de libre-échange en 1989, le gouvernement entreprit d’assainir les finances publiques par un ensemble de mesures efficaces comme, entre autres, la Taxe sur les produits et services et surtout l’Examen des programmes, qui consistait à revoir toutes les dépenses de programme non législatives et à réexaminer le rôle de l’État à cet égard. Ces mesures ont permis de parvenir en quelques années à équilibrer les finances publiques et à commencer à réduire le déficit. À l’heure actuelle, le Canada dépasse largement la moyenne des pays du G7 en matière de création d’emplois, d’investissements provenant de l’étranger et de croissance économique. M. Crowley souligne que le consensus entre tous les partis politiques de l’époque, fédéraux et provinciaux, représente l’élément fondamental qui a permis au Canada de retrouver la santé financière. Pour voir l’enregistrement vidéo des allocutions de messieurs Fry et Crowley, veuillez consulter le site Web cliquez ici.