Vers un système international global et multipolaire - mba-cem

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VERS UN NOUVEL ORDRE ÉCONOMIQUE MONDIAL
Transformations et enjeux
TRAVAIL DE RECHERCHE EN ÉQUIPE
PRÉSENTÉ À L’UNIVERSITÉ DU QUÉBEC À MONTRÉAL
COMME EXIGENCE DU COURS MBA 8421-10 Été 2009
CONTEXTES ÉCONOMIQUE ET SOCIOPOLITIQUE DE L’ENTREPRISE
À M. Paul Beaulieu Ph.D.
Professeur
Présenté par
Équipe # 1
Jade Aubut-boucher
André Bélanger
Patrick Caya
Samrida Chong
Nathalie Miller
Jessica Orlando
Le 14 août 2009
2
TABLE DES MATIÈRES
Introduction.......................................................................................................................................... 3
Vers un système international global et multipolaire................................................................................. 3
Deux problématiques majeures : croissance démographique et épuisement des ressources. .................. 5
Trois exemples d’enjeu pour les écosystèmes d’affaires .......................................................................... 7
Le Contrôle des facteurs de production et de la main d’oeuvre ................................................................... 7
La capacité d’innovation comme facteur clé de succès............................................................................... 8
Responsabilité sociale et pérennité des entreprises ? ................................................................................ 8
Conclusion ............................................................................................................................................. 10
NOTES ET RÉFÉRENCES ....................................................................................................................... 11
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3
Introduction
En ce début de 21e siècle, plusieurs experts de la scène internationale s’entendent pour dire qu’un changement
significatif de l’équilibre économique mondial durant les prochaines décennies est à toute fin inévitable. Les
fondations de l’économie mondiale dominées depuis les dernières 60 années par l’économie transatlantique
(États-Unis et Europe de l’Ouest) sont en voie de se transformer radicalement. L’émergence des pays asiatiques
comme nouvel axe économique est déjà une réalité. Selon une étude menée par la firme
PricewaterhouseCoopers1 (PwC), les économies émergentes2 (E7) seront, en 2050, environ 50% supérieures à
celles des pays du G73 . Que l’on soit un chef d’entreprise, gestionnaire, investisseur ou employé, personne ne
peut rester indifférent à des prévisions semblables.
Le présent travail vise à identifier quelques-unes des grandes transformations mondiales et régionales qui
influenceront les écosystèmes d’affaires en Occident. Tout d’abord, il apparaît important de positionner certains
des principaux joueurs sur l’échiquier mondial dans une perspective de 10-15 ans afin de circonscrire leurs
influences. Ensuite, quelques-unes des grandes problématiques reliées aux changements démographiques et à
l’épuisement des ressources sont analysées. De ces problématiques découlent trois enjeux stratégiques à
considérer sur la scène internationale. Ces enjeux, soit le contrôle des ressources, la capacité d’innovation et la
responsabilité sociale sont brièvement discutés. Enfin, une liste des gagnants et perdants potentiels pour certains
secteurs d’affaires au sein des économies de l’OCDE est présentée afin de positionner les secteurs d’activités et
les stratégies à préconiser pour assurer la pérennité des entreprises.
Vers un système international global et multipolaire
D’hors et déjà, l’axe transatlantique n’est plus le seul à dominer l’économie mondiale et son influence
s’amenuisera au cours des prochaines décennies. En effet, les pays transatlantiques partagent la scène
économique internationale avec des joueurs de plus en plus nombreux et importants. Selon une étude menée par
The German Marshall Fund of the United States4 (GMF), malgré un changement progressif de l’économie
mondiale vers les pays en développement, l’économie transatlantique demeurera tout de même l’une des entités
mondiales les plus puissantes. Toutefois, d’ici 2025, les pays en développement verront leur parité de pouvoir
d’achat (PPP) passer de 40% à 60%. À elle seule, l’économie de la Chine sera approximativement égale à celle
des États-Unis, lorsqu’exprimée en proportion du PIB mondial. D’ailleurs, selon National Intelligence Council5
(NIC), la Chine deviendra une des premières puissances militaires, le plus grand importateur de ressources
naturelles et le plus grand pollueur au monde.
Selon cette même source, ce déplacement du pouvoir économique s’explique d’une part par l’augmentation du
prix du pétrole et des marchandises qui ont largement profité à la Russie et aux états du Golf ; et d’autre part par
une réduction de coûts, combinée à des politiques gouvernementales favorables qui ont favorisé le déplacement
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de plusieurs industries de fabrication et de services vers l’Asie. Ce déplacement des industries n’est pas non plus
étranger au phénomène de globalisation qui se poursuivra selon le GMF, mais en étant moins centré sur les
États-Unis et l’Europe ; laissant ainsi croître des joueurs présentement moins dominants sur l’échiquier mondial
tels l’Inde, le Brésil et la Russie.
Cette dernière a le potentiel pour être plus riche et plus puissante à condition, selon le NIC, qu’elle investisse
dans son capital humain, et qu’elle accroisse, et diversifie son économie et s’intègre dans les marchés globaux.
L’économie du Brésil quant à elle pourrait, selon PWC, être plus importante que l’économie japonaise en 2025,
ce qui peut représenter un potentiel intéressant pour l’exportation. Quant à l’Inde, avec une croissance
économique moyenne de 9% au cours des dernières années et plus de 75% des créations d’emploi dans le
secteur des services, elle sera un joueur important du développement économique mondial6. Évidemment, cette
montée de la globalisation servira surtout les nations qui sauront s’adapter aux nouvelles technologies et qui
auront choisi d’aligner les intérêts de leurs parties prenantes (stakeholders) à l’économie globale.
La forte concentration de ressources naturelles, de capital et de main-d’œuvre fournira à ces pays l’occasion
d’exercer une plus grande influence sur la plupart des sphères d’activité et sera à l’origine de nouveaux
alignements internationaux. Les rivalités stratégiques se feront principalement autour des échanges
commerciaux, de l’accès aux investissements et à l’innovation technologique. Le projet appelé « route de la
soie »7 illustre bien ce nouveau phénomène et les rivalités qui peuvent en découler.
En plus de faire face à de nouveaux joueurs sur le marché, les entreprises désireuses de s’engager sur la scène
internationale doivent aussi affronter des consortiums économiques et des multinationales de plus en plus
gigantesques. Les pays comme la Chine continueront de privilégier une stratégie d’acquisitions d’entreprises par
l’entremise de leurs multinationales afin de mieux contrôler non seulement les étapes de fabrication, mais les
ressources premières. L’acquisition récente de Rio Tinto sert d’illustration à ce phénomène grandissant.
D’ailleurs, selon Michael Richarme8, la Chine a déjà absorbé la plupart des entreprises manufacturières qui
produisaient à l’intérieur des États-Unis. Ce qui explique pourquoi l’économie de la fabrication américaine ne
totalise plus que 20% par rapport à 49% pour la Chine. De même, selon PwC , les fonds souverains de quelques
économies émergentes jouent déjà un rôle majeur dans les marchés financiers globaux et devraient chercher à
étendre davantage leurs influences dans le futur à la façon de la China Investment Corporation qui a acquis 9.9%
de Morgan Stanley.
Le système international deviendra donc global et multipolaire. Les pays en développement seront moins
dépendants des pays développés, ils utiliseront des stratégies de fusions et acquisitions et seront de plus en plus
concernés par le développement durable9. Afin de naviguer dans cet environnement houleux, de nouvelles règles
d’affaires seront mises sur pied. La création de ces nombreux accords multilatéraux augmentera dans un premier
temps la diffusion de l’autorité et du pouvoir et par le fait même, la fragilité des écosystèmes. Une période de
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transition est donc prévisible et celle-ci débouchera sur une plus grande influence des institutions multilatérales
telles le FMI, l’OMC, l’ONU et le G20, qui auront, non sans difficultés, la mission et le mandat de légiférer et
réglementer les grandes problématiques mondiales.
Finalement, il est important de ne pas perdre de vue les consommateurs qui sont à la base même des
écosystèmes d’affaires et qui verront leur pouvoir croître au cours des prochaines décennies. En effet, ces
derniers, selon Richarme, auront de plus en plus d’influence et seront de plus en plus conscients de leur pouvoir
d’achat. L’avancement des technologies d’information et de communication a permis l’avènement des achats
instantanés, principalement via le web. Les plus grandes entreprises de ce monde, tout comme les plus petites,
devront donc être en mesure de répondre directement aux besoins des consommateurs. Richarme cite à titre
d’exemple la croissance explosive des achats sur internet et le concept mis sur pied par Amazon permettant aux
consommateurs de photographier les codes-bars des produits en magasin afin de comparer les prix affichés avec
ceux réduits d’Amazon. Pour assurer leur croissance, les entreprises doivent donc élaborer des stratégies qui
tiennent de plus en plus compte de tous les types d’acteurs, qu’ils soient grands ou petits. Les gouvernements,
institutions multilatérales, organismes non gouvernementaux, concurrents, fournisseurs et consommateurs
continueront de s’influencer à une vitesse fulgurante, complexifiant la joute tant sur le plan macro ou
international, que sur le plan micro, soit celui du consommateur.
Deux problématiques majeures : croissance démographique et épuisement des
ressources.
Le déplacement du pouvoir économique vers les pays extérieurs à l’axe atlantique donne accès à une richesse
qui avait été jusqu’ici accessible seulement aux pays développés. Or, selon le GMF, la population mondiale
totalisera 9.2 milliards en 2050 ce qui est largement au dessus des 8 milliards d’êtres humains que la terre puisse
vraisemblablement porter10. La répartition de cette croissance se fera dans plusieurs régions du monde, mais
plus spécifiquement en Afrique subsaharienne et dans le monde islamique. Les bases démographiques du
monde seront chamboulées, créant des instabilités et des inégalités régionales majeures. Autre phénomène
connu, la population mondiale de personnes âgées de 65 ans et plus doublera d’ici 2020 pour atteindre 880
millions. Toujours selon le GMF, les nations développées connaîtront une croissance marginale et subiront une
contraction de leur force de travail. En Europe et au Japon, celle-ci est estimée à 1% par année d’ici 2015.
Ce déséquilibre démographique générera une pénurie de main-d'œuvre dans la majorité des pays développés
alors que le reste du monde connaîtra une croissance fulgurante qui sera difficile à contenir. Ce phénomène
devrait inciter à une plus grande mobilité des talents à l’échelle internationale et ce phénomène sera déterminant
dans le contexte de compétition globale des 20 prochaines années. La révolution technologique en cours
annoncée par William E. Halal11 fournira aux individus des systèmes de communication et d’information qui selon
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lui, n’ont jamais été aussi sophistiqués. Ce phénomène peut s’observer sous 2 angles différents. D’un côté, nous
verrons des pays comme la Chine et l’Inde « exporter » leurs talents vers les pays occidentaux et ainsi modifier la
composition sociale des communautés et nous verrons aussi l’accentuation d’une compétition mondiale pour les
ressources les plus compétentes. Selon le GMF, l’économie transatlantique devra apporter des ajustements au
système de protection sociale, aux lois d’immigration et à la flexibilité de la main d’œuvre si elle souhaite
maintenir son rôle au sein de l’économie mondiale en transformation.
Du point de vue énergétique, une surconsommation des ressources naturelles est à toute fin inévitable, mettant
en péril la survie des entreprises et même possiblement de la race humaine. La consommation d’énergie en
chiffre absolu à l’échelle mondiale a connu une hausse majeure et le World Energy Organisation prévoit que la
consommation d’énergie mondiale sera 50% plus élevée d’ici 20 ans12. La Terre peut-elle supporter une hausse
aussi importante ? Selon le World Energy Resources Program, les réserves de la principale source d’énergie
mondiale, le pétrole, devraient être épuisées au cours des 50 prochaines années13. Bien que cette prévision ne
fasse pas l’unanimité, l’épuisement des stocks existants ne fait plus aucun doute. Peut-on prévoir des instabilités
politiques affectant l’économie mondiale rattachée à ce phénomène ?
Fait encourageant, la croissance de production des multinationales requise pour subvenir aux besoins croissants
des populations mondiales a gagné en efficacité au niveau de la consommation énergétique. À titre d’exemple, le
gouvernement français estime que la consommation industrielle d’énergie sur son territoire est passée de 45%
en 1960 à 24% en 200114. Il est plausible et souhaitable d’assumer une continuation de ces gains à l’échelle des
pays développés. Les entreprises de production devront forcément se tourner vers des ressources alternatives
parfois plus coûteuses à court terme afin de mieux contrôler l’ensemble de leurs coûts et ainsi demeurer
compétitives.
Au-delà de l’impact direct sur les entreprises, les contrecoups sur la stabilité politique mondiale de l’épuisement
des ressources énergétiques viendront modifier le positionnement stratégique et le développement des affaires
au cours des prochaines décennies. Ce n’est pas un hasard si la Chine a choisi d’investir plus de 4 milliards de
dollars en Afrique afin d’assurer son approvisionnement en pétrole15. Dans ce contexte ultra compétitif, les
entreprises devront accélérer leurs processus d’optimisation et assurer la stabilité de leurs organisations si elles
souhaitent perdurer sur la scène internationale. Les entreprises doivent aussi être vigilantes face à l’épuisement
d’une autre ressource essentielle à la survie de la race humaine, l’eau. En effet, cette dernière en plus d’avoir un
rôle à jouer dans certains secteurs de production, les industries représentent 20% de la consommation mondiale
d’eau16, est aussi nécessaire à la vie humaine. De 17 000m3 d’eau disponibles par personne annuellement en
1950, il est estimé que seulement 5 100m3 seront disponibles annuellement par individu en 202517.
L’épuisement de l’eau représente donc une problématique encore plus structurelle puisqu’elle met en péril la
survie de milliers d’individus nécessaire à la consommation et à la production de biens et services. Rappelons
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simplement que 70% de l’eau potable mondiale est utilisée par l’agriculture18. De plus, la disparition de cet « or
bleu » risque d’exacerber encore plus les tensions sociales et politiques internationales puisque « les conflits
religieux et politiques […] vont être canalisés en affrontements dont l’enjeu sera les meilleures sources d’eau,
d’énergies, la nourriture, les terres habitables. La géopolitique du pétrole et du gaz […] sera remplacée par une
géopolitique de la survie »19. Robert Kaplan20 pour sa part, cite le Yémen du Sud qui selon ses sources, verra ses
réserves d’eau potable complètement épuisées dans une génération ou deux. Il ne fait donc aucun doute que le
contrôle des ressources humaines et naturelles sera un enjeu crucial au cours des prochaines décennies.
Trois exemples d’enjeu pour les écosystèmes d’affaires
Les prévisions et problématiques mentionnées précédemment auront des conséquences importantes sur les
écosystèmes d’affaires partout dans le monde. Les enjeux sont nombreux pour toute entreprise occidentale qui
choisit d’offrir ses produits ou services à l’intérieur même de ses propres frontières. Les enjeux sont encore plus
importants pour les entreprises multinationales qui subiront une compétition des plus féroces. La montée des
économies émergentes forcera les entreprises dans plusieurs secteurs d’activités à faire des ajustements qui
seront parfois très drastiques.
Trois enjeux méritent une attention particulière puisqu’ils permettent d’adresser les impacts qu’auront les grandes
transformations mentionnées précédemment sur la stabilité des écosystèmes d’affaires. Ces trois facteurs clés
de succès sont le contrôle des ressources (matérielles et humaines), la capacité d’innovation et finalement la
responsabilité sociale des entreprises. Chacun de ces enjeux est brièvement discuté ci-dessous.
Le Contrôle des facteurs de production et de la main d’oeuvre
Tel que vu précédemment, le contrôle des ressources sera primordial pour les entreprises qui souhaitent se
distinguer sur le plan international. Tout d’abord, les avantages comparatifs des entreprises se façonnent de plus
en plus sur leur capacité d’attraction et de rétentions des talents. Dans une économie de plus en plus axée vers
les services, des entreprises comme Microsoft dont 36% de leurs 70 000 employés sont indiens ou IBM qui
embauche plus de 38 000 Indiens21 généreront des économies importantes au niveau de leur masse salariale
tout en bénéficiant des talents de ressources qualifiées. De plus, les entreprises doivent être en mesure d’innover
rapidement afin de précéder leurs adversaires. L’émergence des organisations apprenantes est en croissance et
les employeurs doivent investir dans le développement de leurs ressources pour réussir à se démarquer. Le
contrôle des talents devient, dans ce contexte, une source de création de valeur.
Un autre type de ressources qui fera la différence au niveau de la compétitivité mondiale des entreprises est le
contrôle des ressources naturelles et des matières premières. Les entreprises qui auront mainmise sur ces
ressources où trouveront des alternatives à l’utilisation de ces dernières auront un avantage distinctif sur leurs
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compétiteurs. Par exemple, Coca-Cola, qui a été forcée par le gouvernement indien de modifier son
approvisionnement en eau à 2 reprises22est confrontée à des décisions stratégiques et coûteuses pour assurer le
maintient de ses opérations. En effet, l’eau est un composant important des boissons gazeuses et la rareté de la
ressource pourrait remettre en question la viabilité de l’industrie des boissons gazeuses.
Le même scénario est à prévoir pour les industries qui utilisent l’énergie et les matières premières dans leur
chaîne de production. Les entreprises qui réussiront à contrôler l’accès aux ressources énergétiques pourraient
profiter d’un avantage compétitif important et possiblement dominer leur marché. Le contrôle des ressources est
déjà un enjeu économique important qui s’accentuera au fil des années à un point tel que les états chercheront à
contrôler et réglementer son exploitation de façon de plus en plus soutenue. Un exemple de l’ingérence des états
dans la bataille des ressources naturelles est le cas de l’Arctique et les tensions de certains pays pour le contrôle
des ressources23.
La capacité d’innovation comme facteur clé de succès
Dans un marché de plus en plus large où de nouveaux joueurs se partagent le pouvoir, certaines entreprises
commence déjà à se distinguer par la création de valeur. Monsanto géant américain dans le domaine de la
biotechnologie a su se démarquer grâce à l’innovation et des investissements en recherche et développement
massifs. L’entreprise investit 700 millions de dollars par année en recherche et développement (soit environ 10%
de son chiffre d’affaires de 2007) dans quatre cultures principales : le maïs, les oléagineux, le soja et les
légumes24.
Selon l’organisme infOGM25, l’entreprise utilise une stratégie sur deux volets. Tout d’abord comme plusieurs
autres grands joueurs, elle cherche à augmenter son contrôle de la production de soja (Brésil, Argentine) et la
vente de semences par l’acquisition d’entreprises locales. Mais elle vise aussi le contrôle des droits de propriété
intellectuelle sur les semences transgéniques produites par les agriculteurs. L’entreprise, en partenariat ave le
chimiste allemand BASF, possède 49% des 532 brevets déjà déposés par les grandes firmes du secteur
agrochimique sur les séquences génétiques favorisant l’adaptation aux changements climatiques26 . Les
entreprises concurrentes doivent donc obtenir le consentement de Monsanto si elles souhaitent vendre du soja
génétiquement modifié. Grâce à cette stratégie, la multinationale contrôle plus de 80% de la production de soja
au Brésil.
Responsabilité sociale et pérennité des entreprises ?
La troisième grande transformation qui jouera sur les écosystèmes d’affaires est l’influence croissante des
politiques et responsabilités environnementales des entreprises afin d’assurer leur pérennité. En effet, les
mouvements actuels de protection de l’environnement, par exemple l’entente de Kyoto et les normes ISO, se
multiplient à l’heure actuelle, mais l’engagement des pays et des entreprises demeure surtout volontaire et vise
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l’amélioration des pratiques actuelles27. Comme la croissance de la population et de la consommation d’énergie
est exponentielle, les ressources disparaîtront rapidement. Des changements radicaux sont donc nécessaires
afin de préserver l’équilibre politique et social mondial, pré requis au développement des marchés à l’échelle
internationale. Les entreprises qui connaîtront le succès et survivront aux prochaines décennies seront-elles
précurseurs et protectrices de leur environnement? Si tel est le cas, ces entreprises pourraient ainsi anticiper les
obligations politiques et sociales que les gouvernements et organismes internationaux devraient imposer aux
organisations pour le bien-être de l’humanité. Ce faisant, ces entreprises pourraient développer un avantage
compétitif marqué. Ce phénomène présente aussi une opportunité pour le développement de nouvelles
technologies éco-énergétiques qui révolutionneront le monde de demain sous les pressions croissantes des
organismes internationaux de surveillance. Dans ce contexte, les entreprises ne pourraient plus exploiter la
planète à leur guise et devraient se soumettre à des règles de plus en plus restrictives.
Les gagnants et perdants potentiels
Plusieurs stratégies majeures pourront donc permettre aux entreprises de demain de s’adapter et de sortir
vainqueurs des transformations géographiques, politiques et économiques qui semblent poindre à l’horizon. La
liste des gagnants et perdants potentiels du tableau ci-dessous résume bien, selon PwC, l’impact des choix
stratégiques pour les entreprises de l’OCDE en fonction des tendances et problématiques adressées dans le
présent document.
Table 1 : Gagnants et perdants potentiels parmi les entreprises d’affaires de l’OCDE
Perspective de 10 ans
Gagnants potentiels



Perdants potentiels
Détaillants (qui ont réussi à pénétrer les marchés 
Fabricants de produits de masse (faible et
émergents importants)
haute technologie)
Chefs de file mondiaux propriétaires de marques 
Grands utilisateurs d’énergie et autres produits
(branding)
de base (comme intrant à la chaîne de
Entreprises qui offrent des services aux
production)
entreprises

Entreprises de services financiers incapables

Entreprises dans le secteur du média
de pénétrer les marchés émergents (E7) et qui

Manufacturiers offrants des services de haute
deviennent vulnérables dans leurs propres
qualité dans des marchés niches
marchés
Fournisseurs de services de soins de santé et 
Entreprises qui s’engagent (over-commit) dans
d’éducation
les marchés émergents sans avoir choisi le bon

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

Entreprises de services financiers capables de
partenaire local et les bonnes stratégies
pénétrer les marchés émergents (E7)
d’affaires
Entreprises d’énergie et de services publics
Source : PricewaterhouseCoopers qualitative assesment
La pérennité des entreprises demeure incertaine dans le monde d’aujourd’hui et aussi dans celui de demain. Les
analystes de PwC demeurent toutefois optimistes pour les économies de l’OCDE face à l’émergence des
nouveaux marchés. À leur avis, plusieurs entreprises continueront de profiter d’importations à meilleur prix tout
en assurant une croissance des revenus par le biais d’exportations et d’investissements étrangers. La loi de
Darwin s’appliquera aussi au monde des affaires. Seules les entreprises appliquant rapidement les meilleures
stratégies survivront.
Conclusion
« L’équilibre mondial change : d’un côté, le monde développé n’est pas prêt à renoncer à son mode de vie. De l’autre côté, le monde émergent veut
rattraper son retard… mais aussi égaler voire surpasser le mode de vie occidental. Le vrai problème est la finalité des ressources ce qui transformera les
ressources naturelles telles l’eau, l’énergie, la nourriture et les terres habitables en enjeux majeurs générateurs de conflits.»
Pascal Bourgeois28
Jamais l’avenir de la planète et de la race humaine n’aura posé autant d’inquiétudes et suscité autant de
passions. Robert D. Kaplan en arrive à conclure que non seulement la richesse, mais l’ordre politique et social se
détérioreront dans plusieurs endroits du monde.
Confrontée aux problèmes démographiques, la pensée
humaniste qui place l’homme au centre de l’univers ne peut plus ignorer les limites et contraintes posées par le
déterminisme géographique. Les rapports de force à venir concernant l’utilisation et le développement des
ressources risquent de créer des débats particulièrement turbulents sur la scène internationale. Les organismes
politiques internationaux ainsi que les agences de réglementation comme la Food and Drug Administration
américaine ou l’Autorité européenne de la sécurité alimentaire devront prendre des positions qui auront des
impacts déterminants sur les écosystèmes d’affaires. Dans cette optique, la question de Kaplan « Qui peut
contraindre qui? » est d’une importance capitale non seulement du point de vue des écosystèmes, mais pour la
planète tout entière.
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NOTES ET RÉFÉRENCES
Hawksworth, John and Cookson, Gordon. The World in 2050, Beyond the BRIC’s: a broader look at emerging
market growth prospects. PricewatewrhouseCoopers LLP, March 2008. www.pwc.co.uk
1
2
Chine, Inde, Brésil, Russie, Indonésie, Mexico et Turquie
3
US, Japon, Allemagne, Royaume-Uni, France, Italie et Canada
Quinlan, Joseph. The Shape of the Future: The Transatlantic Economy by 2025. The German Marshall Fund of
the United States www.gmfus.org
4
Fingar, Thomas C. Chairman of National Intelligence Council. Global Trends 2025, A Transformed World.
National Intelligence Council. November 2008 (NIC 2008-003) www.dni.gov/nic/NIC_2025_project.html
5
6
http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89conomie_de_l'Inde
Radvanyi, Jean. Quand les occidentaux poussent les nouveaux états indépendants loin de Moscou. Transport
et géostratégie au sud de la Russie. Le Monde diplomatique. http://www.mondediplomatique.fr/1998/06/RADVANYI/10566. Juin 2008.
7
8
Richarme, Michael. Ten forces driving business futures. The Futurist, July-August 2009 www.wfs.org
Raman, Anan P., The New Frontiers. http://harvardbusiness.org/product/the-new-frontiers/an/R0907U-PDFENG?cm_mmc=npv-_-DAILY_STAT-_-JUL_2009-_-STAT0727.
9
Bourgeois, Pascal. http://mneaquitaine.wordpress.com/2008/11/20/ressources-naturelles-la-3eme-guerremondiale-commence/
10
11
Halal, E. William. Emerging Technologies and the Global Crisis of Maturity. The Futurist March-April 2009
International Energy Agency. The Next 10 Years are Critical – The World Energy Outlook Makes the Case for
Stepping up Co-oparation with China and India to Address Global Energy Challenges.
http://www.iea.org/textbase/press/pressdetail.asp?PRESS_REL_ID=239
12
World Energy Program. United States Geological Survey.
http://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9serves_p%C3%A9troli%C3%A8res
13
Ministère des Finances et de l’Industrie de France. http://www.industrie.gouv.fr/debat_energie/site/pdf/flnice15avril.pdf
14
15
Bourgeois, Pascal. Op.cit.
Organisation des Nations Unies pour l’Agriculture (FAO), Département de l’agriculture et de la protection des
consommateurs. L'eau: une ressource précieuse et limitée. http://www.fao.org/ag/fr/magazine/0210sp1.htm
16
Quemerais,Philippe. Synthèse : La Gestion de l’eau dans les pays en développement.
http://eau.apinc.org/spip.php?article433 . 10 décembre 2005.
17
18
FAO, Op. cit.
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12
19
Bourgeois, Pascal. Op.cit.
20
Kaplan, D. Robert. The Revenge of Geography. Foreign Policy. May-June 2009.
21
http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89conomie_de_l'Inde
22
Quemerais,Philippe. Op. cit.
23
http://www.globalsecurity.org/org/news/2009/090102-arctic-tug-of-war.htm
24
Gresea. Monsanto ou la stratégie du monopole génétique juillet 2007 http://www.gresea.be
25
www.infogm.org/article.php3?id_article_2867&artpage=4_4
Groupe de recherche pour une stratégie économique alternative (Gresea). Le business de la sécheresse?
Monsanto et BASF s’en chargent www.etcgroup.org/en/materials/publications.html
26
Capron, Michel et Françoise Quairel-Lanoizelée. La responsabilité sociale d’entreprise. La découverte. 2007.
p.69.
27
28
Bourgeois, Pascal. Op.cit.
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