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Contexte
1. La crise financière a mis en lumière les dysfonctionnements du système capitaliste et sa
responsabilité dans la crise de la dette ainsi que la crise économique qui en résulte qui nous
valent des années d’austérité. L’influence des marchés financiers et des élites financières sur la
politique économique a pour effet de drainer les capitaux de l’économie réelle vers une
économie virtuelle qui a fait gonfler démesurément le secteur financier. L’argent sert à faire de
l’argent. La création de richesse par le travail et la production de biens et de services est
passée au second plan. Les entreprises soumises à des contraintes de rendement financier à
court terme, cherchent à augmenter leur taux de profit et leur valorisation en bourse en faisant
pression sur les salaires et les cotisations sociales qui alimentent la sécurité sociale.
2. La crise aurait dû sonner le glas du modèle néolibéral et de la dérégulation. Elle a servi au
contraire à accentuer la pression sur le monde du travail, sur le coût de la protection sociale et
sur celui des services publics. Partout dans le monde, on constate une augmentation des
inégalités sociales. La part des salaires dans le PIB continue de baisser au profit de la part du
capital.
3. La crise de la dette qui trouve son origine dans la spéculation du secteur financier sert de
prétexte pour réduire le rôle régulateur des pouvoirs publics et pour faire payer la crise aux
travailleurs tout en affaiblissant la protection que leur offre la sécurité sociale construite au fil du
temps et des luttes. Les politiques d’austérité menées en Europe relèvent de cette logique :
l’assainissement des finances publiques n’est qu’un volet de ce retour du libéralisme qui vise
par ailleurs le modèle social construit par le monde du travail avec l’Etat comme élément de
régulation et de redistribution des richesses via la fiscalité et la sécurité sociale. Cette politique
libérale de l’offre (une baisse des coûts de production devant entraîner une redynamisation du
marché) a pour effet d’enrichir le monde de la finance au détriment du monde du travail mais
n’apporte aucune solution aux problèmes du sous-emploi, ni à la question climatique.
Un autre choix de société
4. L’objectif du monde du travail et du mouvement syndical en particulier est d’inverser cette
logique libérale qui nous mène, nous et les générations futures, droit dans le mur tant sur le
plan social qu’environnemental. Pour cela, il faut redonner au travail ses titres de noblesse : le
travail doit être autre chose qu’un facteur de production parmi d’autres ou une simple variable
d’ajustement macro-économique. Plutôt que de le flexibiliser et de le précariser, il faut replacer
l’emploi de qualité au cœur de tous les combats et lui reconnaître son statut d’élément clé de la
production de biens et de services. Il doit aussi permettre la réalisation de soi et l’intégration
dans la société. L’emploi de qualité est l’élément de base de la sécurité d’existence et de la
possibilité de se projeter dans l’avenir.
5. Les politiques d’austérité et de dérégulation n’ont eu pour seul résultat que de réduire le pouvoir
d’achat, comprimer la demande, tuer la croissance, augmenter la pauvreté et les inégalités de
revenus. Pour relancer la machine économique de manière durable, il faut au contraire
redynamiser la demande intérieure via le pouvoir d’achat, faire le choix d’une Transition juste
qui respecte les droits sociaux et environnementaux, renforcer le rôle des pouvoirs publics
comme régulateur et investir dans des services publics et des infrastructures qui servent, à
moindre coût, à la fois l’économie et les citoyens. Il s’impose de mieux redistribuer les richesses
pour réduire les inégalités et la pauvreté.