La question des usages de la mémoire prise entre reconnaissance d’une expérience
collective, négociation d’un consensus et marchandisation fait aujourd’hui l’objet de nombreux
travaux : philosophie, sociologie, sciences politiques, archéologie, ethnologie, études urbaines,
géographie, art, etc. Un constat domine très largement les analyses : la nécessité de
renouvellement de grande ampleur. Ce faisant, on interroge à la fois ce qui passe, et comment
cela se passe. La relation que nous entretenons collectivement aujourd’hui à la mémoire est
évoquée en lien avec les changements sociaux, elle engendre et dynamise de nouveaux
questionnements et de nouvelles recherches. Se posent alors des interrogations éthiques et
méthodologiques essentielles puisque le chercheur est partie prenante de cette transmission. Les
lieux de la scène urbaine sont à la fois des matrices et des supports mémoriels, et des territoires
d’inscription et d’effacement de ces mémoires, la transmission n’étant intelligible qu’à la lumière
de l’oubli, ce qui n’est pas passé.
Sur la base et autour de cette recherche et des questions épistémologiques,
méthodologiques et éthiques qu’elle soulève, ce séminaire international consiste à fédérer des
intérêts et des collaborations dont on souhaite qu’elles prennent des formes innovantes : travail
sur le texte et sur l’image, collaboration entre les acteurs du passage de la mémoire, ateliers
ambulants en ville permettant de stimuler les récits mémoriels par la présence des traces,
collectes d’objets-souvenirs, enregistrement audio et vidéo, etc. Des visites exploratoires et des
workshops ponctueront la mise en réseau autour de la recherche. Dans ce programme, la liaison
entre mémoires, patrimoines et territoires est pensée comme une tentative de dépassement des
oppositions disciplinaires, méthodologiques et thématiques habituelles, en particulier entre
histoire et sociologie, mais aussi entre sciences humaines (« Cultural Studies ») et disciplines
artistiques. La diversité des supports mémoriels (témoignages oraux, récits de vie, productions
littéraires, photographies, muséographie, monuments et rituels commémoratifs, éléments
architecturaux, etc.) appelle à notre sens une approche résolument interdisciplinaire, et des
collaborations internationales permettant de varier les contextes non seulement urbains, mais
aussi politiques et culturels.
Le séminaire international offre un lieu permettant de rapprocher et de faire dialoguer les
diverses perspectives. Il sera organisé sur la base de débats autour de points de vue contrastés.
De telles confrontations critiques devraient nous permettre d’avancer dans la compréhension du
problème. Il est soutenu par la Maison des Sciences de l’Homme Paris Nord (MSHPN), la
FOKAL, l’Université Paris 8 Vincennes Saint-Denis, l’École Nationale Supérieure
d’Architecture de Paris Val-de-Seine, l’Institut für Soziologie/ Département de Sociologie
Universität Wien/ Université de Vienne, l’Université d’État d’Haïti, l’Université Leiden, l’AUF,
l’UMR LAVUE 7218 CNRS, l’École Doctorale Sciences Sociales 401, la Faculté des Sciences
Humaines (FASCH), la Faculté d’Ethnologie (FE), le LADIREP, le CRIMEX, le Bureau
National d’Ethnologie.