1 - La contrainte de la demande de monnaie. Avec les facteurs conjoncturels
classiques, la situation des échanges extérieurs détermine la demande de monnaie : un
excédent de paiement en devises étrangères appellera une forte demande de monnaie
nationale (les agents économiques nationaux - les résidents - vendront leurs devises contre de
l’euro ! Voir le II ci-dessous).
2 - Les banques, qui ne peuvent émettre les billets mis en circulation par les agents
non-financiers, doivent se les procurer en effectuant des retraits sur leur compte à la Banque
centrale.
Trois sources permettent d’alimenter ce compte :
- Elles virent une partie des dépôts de leur clientèle,
- Elles reçoivent les virements d’autres banques qui lui doivent de l’argent en paiement des
chèques émis au profit de leurs clients (voir la compensation). Ces deux montants constituent les réserves
obligatoires que les banques doivent déposer sur un compte-courant ouvert auprès de la Banque centrale.
- En cas d’insuffisance de monnaie Banque centrale (billets ou compte créditeur à la Banque
centrale - MBC), elles empruntent sur le marché monétaire (voir le thème 4 - Le financement des activités
économiques) auprès d’autres banques en situation d’excédent.
Donc, le système bancaire dans son ensemble ne peut créer de monnaie que s’il dispose d’avoirs à
la Banque centrale lui permettant de retirer des billets demandés par la clientèle. La Banque centrale
contrôle ainsi indirectement la création de monnaie en influant sur le volume de MBC disponible.
3 - La BC intervient sur le marché monétaire pour prêter la monnaie demandée
par les banques, moyennant intérêt et en contrepartie d’une créance qu’elles détiennent (effets
de commerce, bons du Trésor...) :
- Elle module la liste des créances qu’elle refinance,
- Elle détermine le taux auquel elle prête la MBC et, par conséquent, les taux
d’intérêt pratiqués entre les banques.
En offrant davantage de liquidités au système bancaire et en abaissant les taux d’intérêt,
la Banque centrale contribue à la création monétaire.
Conclusion : Dans une économie sans crédit bancaire, les investisseurs devraient rechercher des “prêteurs
ultimes” prêts à abandonner leur épargne, en fonction d’un taux d’intérêt qui représente le prix du renoncement
à la liquidité : plus la préférence des agents économiques est forte pour le présent, moins les entreprises réalisent
leur projet et doivent s’orienter vers des investissements à forte rentabilité immédiate.
Dans une économie bancaire - sans marché des capitaux - les banques prêtent (donc créent) de la monnaie
tant que les recettes (les intérêts versés par les clients) restent supérieures “aux coûts de monétarisation de la
dette privée”
(frais de personnel, immobilier, autres frais de fonctionnement...). L’offre de monnaie,
pratiquement infinie, ne connaît de limite que dans la demande de monnaie des entreprises : la masse monétaire
qui circule reflète parfaitement le dynamisme de l’économie.
La réalité montre que les marchés des capitaux satisfont les besoins de financement des agents non-financiers,
avec le rôle actif des banques qui jouent les intermédiaires entre les prêteurs et les emprunteurs. Le risque
d’inflation demeure réel si trop de monnaie circule. La banque centrale définit et contrôle le rythme
d’accroissement de la masse monétaire. Voir le thème 4 - Le financement des activités économiques et le thème 5 - La
politique économique dans un cadre européen).
Dominique MEURS, dans Cahiers Français n° 267, p. 19.