Sujet de stage, Unité mixte CNRS - Bayer CropScience, Lyon Métabolisme secondaire du champignon pathogène du riz Magnaporthe grisea : Analyse fonctionnelle des PKS-NRPS : rôles biologiques et métabolites synthétisés Lieu du stage: Laboratoire de Physiologie des plantes et des champignons lors de l’infection UMR2847 CNRS - Bayer CropScience, 14 rue Pierre Baizet, 69009 Lyon tel. : 33 (0)4.72.85.29.12, fax : 33 (0)4.72.85.22.97 Direction scientifique: COLLEMARE Jérôme et LEBRUN Marc-Henri e-mail: [email protected], [email protected] Le métabolisme secondaire joue un rôle important aussi bien dans le développement des champignons qu’au cours de leurs processus infectieux ou leur survie dans l’écosystème. Ainsi, le métabolisme secondaire intervient par exemple dans la protection des cellules par la synthèse de pigments (mélanine), dans leur pouvoir pathogène par la synthèse de toxines (HST de Cochliobolus) ou dans leur compétition avec d’autres micro-organismes par la synthèse d’antibiotiques ou d’antifongiques (de Trichoderma). Les enzymes clés de la biosynthèse de ces métabolites secondaires sont soit des polycétides synthases (PKS), soit des peptides synthétases non ribosomales (NRPS). Une nouvelle famille d’enzymes du métabolisme secondaire, récemment identifiée chez les champignons, correspond à une fusion entre une PKS et une NRPS (Kroken et al., 2003 ; Böhnert et al., 2004, Song et al., 2004). Les seules PKS-NRPS caractérisées aujourd’hui sont la LNKS impliquée dans la biosynthèse de la lovastatine chez Aspergillus terreus (Kennedy et al., 1999), FusS de F. moniliforme impliquée dans la biosynthèse de la mycotoxine Fusarin C (Song et al., 2004), et Ace1 de M. grisea nécessaire à la biosynthèse d’un signal d’avirulence reconnu par les cultivars de riz portant le gène de résistance Pi33 (Böhnert et al., 2004). M. grisea est l’agent responsable de la principale maladie du riz, la pyriculariose. L’analyse de son génome a montré qu’il possède 8 PKS-NRPS. C’est le seul champignon à posséder un si grand nombre de PKS-NRPS, suggérant que type de métabolites est important pour le cycle biologique ou infectieux de cet organisme. L’étude de leur expression par RT-PCR quantitative a montré que 4 PKS-NRPS sont exprimées au cours de l’infection de feuilles d’orge. ACE1, SYN2 et SYN8 présentent le même profil d’expression spécifique des étapes précoces (17-32 h) de l’infection correspondant à la pénétration du champignon dans la plante. Ce profil suggère que les métabolites secondaires correspondant ont un rôle dans cette étape du processus infectieux. SYN6 n’est exprimé qu’après la pénétration du champignon dans la plante, lorsque le champignon envahi les tissus infectés (24-72h), ainsi que dans le mycélium cultivé sur milieu riche. Les quatre autres PKS-NRPS ne sont pas exprimées au cours de l’infection de feuilles d’orge, ni dans le mycélium cultivé sur milieu riche. Seules les délétions des gènes ACE1 et SYN2 ont été réalisées. Le mutant ∆ace1 devient virulent vis-à-vis des cultivars de riz portant le gène de résistance Pi33, par contre aucun phénotype n’a pu être obtenu pour le mutant ∆syn2. Ces deux gènes sont supposés intervenir dans la même voie de biosynthèse, mais le métabolite produit n’a été encore identifié. Le premier objectif du stage sera de mesurer par RT-PCR quantitative l’expression des PKS-NRPS de M. grisea au cours du développement fongique (spores, appressoria), au cours de l’infection de feuilles de riz et dans du mycélium cultivé en phase stationnaire, en excès ou en carence nutritionnels, sur différentes sources de carbone et à différents pH, afin de trouver les conditions d’expression de ces 8 PKSNRPS. Cette connaissance permettra d’envisager la délétion des gènes exprimés dans une condition particulière afin d’évaluer le rôle du métabolite secondaire synthétisé dans le cycle biologique et infectieux de M. grisea. Le deuxième objectif du stage sera de poursuivre l’analyse fonctionnelle des PKS-NRPS de M. grisea exprimées. Ainsi, nous envisageons de construire des mutants de délétion des gènes SYN6 et SYN8 par remplacement de gènes. Les vecteurs correspondants seront utilisés pour transformer la souche Guy11∆ku80 qui présente un taux de remplacement de gènes par recombinaison homologue proche de 100%. Les mutants obtenus seront ensuite analysés pour leur caractéristiques biologiques (croissance, sporulation, germination, pouvoir pathogène) et utilisés pour identifier par LC-MS-MS les métabolites synthétisés (coll. Chimie analytique et structurale, Bayer Lyon). La surexpression de ces PKS-NRPS dans différentes espèces fongiques pourra être envisagée afin de mieux caractériser les métabolites produits par ces enzymes (Coll. R. Cox, Biochemistry Dpt, Bristol University, UK). - Kennedy et al., 1999. Modulation of polyketide synthase activity by accessory proteins during lovastatin biosynthesis. Science. 284:1368-1372. - Kroken et al., 2003. Phylogenomic analysis of type I polyketide synthase genes in pathogenic ans saprobic ascomycetes. PNAS. 100(26):15670-16675. - Song et al., 2004. Fusarin C biosynthesis in Fusarium moniliforme and Fusarium venenatum. ChemBioChem. 5 :1196-1203. - Böhnert et al., 2004. A putative polyketide synthase/peptide synthetase from Magnaporthe grisea signals pathogen attack to resistant rice. Plant Cell. 16:2499-2513.