Version améliorée pour le « Guide d’activités de sensibilisation et d’éducation à la zostère marine » - 2006
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Les herbiers de zostère, un habitat
exceptionnel
Description
Zostera marina Linné. Ce nom vient de zoster, dérivé de zonnynai qui veut dire
ceinture, à cause de ses feuilles étroites, en forme de ruban ; marina veut dire marine,
qui vit sur ou dans la mer. La zostère marine (zostera marina) est aussi connue sous
les noms suivants : herbe à outarde, arboutarde, algue de mer, des verriers, blé de
mer, chien-dent marin, crin végétal, foin de mer, herbe à bernache, herbet, liane,
mousse de mer, paille de mer, pailleule, paillole, pincette de mer, ruban, verdre et
vrak (Fleurbec 1985).
La zostère est une plante, et non une algue comme beaucoup le croient, d’une grande
importance pour les écosystèmes marins de la planète. En effet, contrairement aux
algues, la zostère possède des racines ancrées dans le sol. Presque invisible de la terre
ferme, elle pousse là peu de plantes s’aventurent habituellement : sous l’eau salée.
Seulement 45 espèces du monde gétal tolèrent, comme la zostère, une submersion
continuelle dans l’eau de mer (Fleurbec 1985). Cette plante possède de longues
feuilles vertes en forme de ruban d’une largeur d’environ 3 mm (fig. 1). Les racines qui
lui servent d’ancrage sont fixées sur un rhizome brun. Un rhizome est une tige
modifiée qui pousse le long et en dessous de la surface du sol et qui produit des
racines et des pousses réparties irrégulièrement sur toute la longueur. Les tiges et les
feuilles, aussi nommées rameaux, mesurent généralement entre 20 et 50 cm de
hauteur. Cependant, dans leur quête de lumière en eaux plus profondes, les plants
peuvent atteindre 2 m de long.
Figure 1 : Sur
cette photo, on
voit bien la forme
en ruban des
feuilles et
l’apparence des
plants ondulants
sous l’eau.
(Photo : Ronald
Arsenault)
10 cm
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Les estuaires, les lagunes côtres (incluant les barachois) et les baies peu profondes
constituent les endroits propices au développement des herbiers de zostère (fig. 2). La
forme linéaire des feuilles et le rhizome qui lui sert d’ancrage sont les deux
caractéristiques qui permettent à la zostère d’exister en zone des marées et d’onduler
au rythme des courants faibles (Thayer et al 1984).
Figure 2 : Ces cartes nous
montrent plusieurs zostéraies :
de la baie de Gaspé, des Îles-
de-la-Madeleine et de la Baie
de Cascapédia. On voit les
différents endroits où la zostère
est présente : estuaires,
lagunes et baies peu profondes.
Distribution géographique et bathymétrique
La zostère marine n’est psente que dans l’hémisphère Nord. Elle se retrouve en
Islande, en Europe, dans le nord de l’Afrique, sur la côte Est et Ouest de l’Amérique du
Nord et dans l’est de l’Asie (fig. 3) (Fleurbec 1985). La distribution bathytrique,
c’est-dire la profondeur à laquelle peut pousser la zostère est variable. Cette plante
est affectée par le manque de lumière dû à la profondeur ou à la turbidide l’eau. En
eau claire, la zostère peut pousser à une profondeur maximale de 14 mètres. (Fleurbec
1985). Cependant, au Québec, les herbiers de zostère se veloppent néralement en
faible profondeur (moins de deux mètres). Sur les sites propices à sa croissance, la
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zostère colonise les littoraux salés ou saumâtres (lange d’eaux douces et salées) en
formant de vastes herbiers aquatiques, aussi noms zostéraies.
Figure 3 : Répartition mondiale de la zostère marine. Les secteurs verts représentent les
endroits connus où poussent la zostère, tandis que la zone rosée présente les secteursl’on
peut retrouver la zostère. (Carte : UNEP-WCMC préparée par Corinna Ravillous, 2004)
Au Québec, on retrouve la zostère dans la Baie-des-Chaleurs, sur les côtes du Saint-
Laurent, dans la Baies James et dans la Baie d’Hudson. Elle est aussi présente autour
de l’archipel des Îles-de-la-Madeleine et dans les lagunes qu’on y retrouve. Des
inventaires de zostère réalis entre 1989 et 1995 (Lemieux et Lalumière. 1995.) ont
permis de cartographier l’étendue, la forme et la densité de plusieurs herbiers au
Québec.
Mode de vie
Les herbiers de zostère ont besoin de conditions environnementales bien spéciales
pour coloniser un milieu. Il s’agit d’une plante peu robuste qui peut se détacher durant
les tempêtes. Alors, pour qu’une zostéraie s’implante, le courant ne doit pas être trop
fort, la pente doit être douce ou nulle, le substrat doit être sableux ou vaseux ou
sablo-vaseux et la turbidité doit être modérée. Par exemple, les zostéraies sont
absentes de la baie de Fundy à cause des trop fortes marées (Fleurbec 1985). La
zostère est une plante qui tolère bien les variations de salinité et de temrature. Elle
peuple ainsi des milieux très différents les unes des autres. Cependant, suite aux
travaux de transplantation effects par Lalumière (1991), la zostère installée à un
endroit, doit trouver les mêmes conditions dans le nouveau milieu pour que la
transplantation soit un succès. C’est donc une plante qui colonise des sites différents,
mais qui une fois implantée, devient dépendante des caractéristiques du site colonisé.
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Le mode de vie de la zostère change selon les caractéristiques du site qu’elle colonise.
La plante peut être vivace ou annuelle selon les caractéristiques environnementales.
Un cas de zostéraie annuelle est crit par Thayer et al. (1984). Dans une zostéraie du
Golfe de la Californie, toutes les pousses donnent des fleurs et meurent après une
première saison de croissance. La mort des plants, dans ce cas-là, est due à des
chaleurs excessives. À l’inverse, dans d’autres conditions, certaines colonies produisent
très peu de fleurs et se reproduisent d’années en années de façon presque
exclusivement asexuée. Ainsi, le mode de reproduction des plants de zostère varie
d’une zostéraie à l’autre. Setchell (1929) a établi un modèle néral que l’on peut voir
à la figure 4.
Figure 4 : Ce schéma montre les principaux aspects du cycle de vie de la zostère. La pousse
végétative ou multiplication végétative, c’est l’allongement des rhizomes qui donnent de
nouvelles pousses. Au printemps ou au début de l’été, les tiges matures peuvent fleurir si les
conditions de reproduction sexuée sont adéquates.
Reproduction
La zostère s’étend par multiplication végétative (reproduction asexuée) et par la
dispersion de graines (reproduction sexe). La multiplication végétative signe la
croissance du rhizome et par l’ajout de nouvelles feuilles sur le rhizome. Le rhizome
est une sorte de tige modifiée et son rôle est de supporter les nouvelles feuilles et les
nouvelles racines en plus de favoriser l’ancrage de la plante dans le sol. Olesen et
Sand-Jensen (1994) mentionnent aussi qu’un bout de rhizome, détaché du plant
parent et entraîné par le courant, peut générer d’autres plants s’il se dépose sur un
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substrat adéquat. En d’autres termes, la zostère peut se reproduire par bouturage. Ces
moyens favorisent l’établissement de la zostère dans de nouveaux milieux ou le
rétablissement des herbiers de zostère dans des milieux perturbés.
Dans le cas de la reproduction sexuée, les fleurs de zostère sont formées par la
métamorphose de feuilles matures. Ces feuilles métamorphosées supportent les
organes mâles et femelles : respectivement, les étamines et les pistils (fig. 5). Suite à
la pollinisation de fleurs, les feuilles métamorphosées vont également contenir les
graines de la plante. Une concentration élevée de sel peut nuire à la production de
fleurs. Par contre, le stress causé par les glaces hivernales (qui peuvent arracher une
parcelle de fond marin qui contient les rhizomes), seraient à l’origine d’une floraison
accrue (Thayer et al. 1984).
Figure 5 : Sur cette photo, le brin du haut
porte des étamines (ressemblent à des
grains de blé), celui du centre est un brin
non modifié et celui du bas porte les pistils
(sont plus petits et ont la forme d’un Y).
(Photo : CREGÎM)
Contrairement aux plantes terrestres, la pollinisation de la zostère marine ne se fait
pas par le vent ou les insectes mais par les mouvements de l’eau (courant et mae).
Habituellement, les pistils, organes femelles, mûrissent avant les étamines sur un
même individu et une pollinisation croisée se produit. C’est-à-dire que le pollen des
étamines d’un individu rencontre un pistil mature d’un autre individu. Parfois les deux
organes (mâle et femelle) sont matures simultanément et le plant peut se polliniser
lui-même (Thayer et al. 1984).
Le pollen de la zostère est filiforme (en forme de fil) et collant, ce qui lui permet
d’adrer plus facilement aux pistils. Lorsque les étamines sont parvenues à maturité,
elles laissent échapper le pollen filamenteux dans le courant. Ce pollen est assez léger
pour rester en suspension dans l’eau plusieurs jours. Cette caractéristique augmente
les probabilités de rencontre entre le pollen et les pistils (Davison et Hugues 1998).
Une fécondation fructueuse se traduira par une graine dans un fruit (fig. 6).
La couleur verte du fruit trahit la présence de chlorophylle, le pigment vert qui permet
aux plantes de faire de la photosynthèse et ainsi de fabriquer des molécules
organiques. Pour les fruits, la photosynthèse sert à produire une petite bulle d’oxygène
dans la capsule de la graine. Cette bulle fera éclater la capsule pour relâcher la graine
lorsqu’elle sera mature (Davidson et Hugues 1998). Les graines matures sont
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