Quatre grands critères généraux interviennent dans le choix du rece-
veur :
- le résultat prévisible après transplantation (selon
les paramètres du donneur et du receveur tels que
le groupe sanguin ou le type de tissu) ;
- le degré d’urgence établi par les spécialistes ;
- le temps d’attente ;
- l’équilibre entre le nombre d’organes importés et
exportés au niveau national.
L’organe est alors proposé au centre de transplantation du premier
patient sur la liste d’attente. Chaque année, près de 7 000 organes sont
alloués par Eurotransplant alors que 16 000 personnes gurent sur la
liste d’attente, tous organes confondus. En 2011, près de 1500 patients
sont décédés, faute d’avoir reçu un organe dans les délais.
La Fondation Eurotransplant soutient également la recherche scienti-
que an d’améliorer les résultats de la transplantation. Du personnel
qualié se tient disponible 24 h / 24, 7 j / 7.
Don sans frontières…
CoeurPoumon FoieReinPancréas
« Dans la mort, il y a aussi de la vie »
En Belgique, l’allocation des organes est gérée par Eurotransplant, une
Fondation créée à Leiden (Pays-Bas) en 1967 et qui coordonne l’échange
des organes disponibles dans huit pays européens en établissant la
meilleure combinaison possible entre organes et receveurs potentiels.
La Fondation Eurotransplant rassemble septante-deux centres de
transplantation dans huit pays européens : Belgique, Pays-Bas, Luxem-
bourg, Allemagne, Autriche, Slovénie, Croatie et Hongrie (accord de
collaboration). Eurotransplant dispose d’un chier central informa-
tisé où gurent toutes les personnes en attente d’une transplantation
d’organes et leurs paramètres dans les huit pays.
Eurotransplant comprend également un système de collecte des para-
mètres des donneurs. Dès qu’un donneur est proposé, ses paramètres
sont immédiatement référencés par le centre de transplantation
concerné. Eurotransplant prend alors en charge l’attribution des or-
ganes du donneur. Une sélection de receveurs compatibles est établie
parmi les 16 000 patients inscrits dans la liste d’attente centralisée.
Révy Misra
Christian Toumpsin
Xavier Merny
Depuis décembre 2011, sous la responsabilité du Pr Philippe Hantson et
dans le cadre du projet GIFT, Révy Misra, Christian Toumpsin et Xavier
Merny occupent une nouvelle fonction de coordination locale pour le don
d’organes et de tissus dans les Services d’urgences et des soins intensifs
des Cliniques Saint-Luc. Ils nous parlent de leur fonction.
EN QUOI CONSISTE CETTE NOUVELLE FONCTION ?
Révy Misra (RM) : Nous avons plusieurs missions. La majeure partie de
notre travail consiste à former et informer les soignants de l’institution
sur le prélèvement d’organes et de tissus.
Christian Toumpsin (CT) : Concrètement, nous faisons ofce de référents
locaux pour toutes les procédures de prélèvement d’organes et de
tissus auprès des équipes. Et nous allons lancer des formations spéci-
ques pour le personnel des Cliniques.
QUELLES SONT VOS AUTRES MISSIONS ?
RM : Nous prenons également en charge la détection des patients sus-
ceptibles d’être donneurs d’organes ou de tissus tant aux Urgences
qu’aux Soins intensifs. Nous sommes les interfaces entre le Centre de
Transplantation et les Soins intensifs/Urgences.
CT : Cette activité de détection consiste en un passage régulier aux
Soins intensifs an de déterminer si certains patients évoluant vers un
décès peuvent être considérés comme donneurs d’organes et/ou de
tissus. Il existe également un logiciel (Donor Action) dans lequel nous
encodons pour le SPF tous les décès survenus aux Soins intensifs et
aux Urgences.
Xavier Merny (XM) : Cet encodage rétrospectif des décès nous permet
de déceler des donneurs potentiels qui auraient pu être manqués.
Cette analyse devrait nous aider à améliorer les procédures.
PEUTON CONSIDÉRER CELA COMME UN CHANGEMENT DE MENTALITÉS ?
RM : Effectivement. Avant, le don d’organes n’était envisagé qu’à partir
de la mort du patient ou quand il commençait à aller très mal.
XM : Et le prélèvement de tissus, très mal connu, n’était réalisé qu’après
le prélèvement des organes. Mais les choses ont évolué : actuellement,
nous avons une activité de prélèvement chez des donneurs de tissus
même quand ils ne peuvent être considérés comme donneurs d’or-
ganes.
CT : A Saint-Luc, la majorité des donneurs d’organes sont identiés par
les équipes médicales et inrmières. Ce n’était pas encore totalement
le cas pour les donneurs de tissus, et c’est surtout sur cet aspect que
nous travaillons.
QUE FAITESVOUS POUR FAIRE CONNAÎTRE LE DON DE TISSUS ?
CT : C’est justement via la formation des équipes médicales que nous
intervenons en apportant notre soutien pour l’identication d’un don-
neur potentiel, les procédures à suivre, l’approche des familles et aussi
le bénéce qu’une greffe pourra apporter au receveur.
XM : Dès que l’on montre les applications pratiques d’une greffe, le soi-
gnant est directement sensibilisé au travail de détection.
RM : Nous informons également le personnel sur le déroulement de
chaque prélèvement. Ensuite, Christian et moi restons proches des
équipes. Nous nous déplaçons régulièrement dans les différentes
unités an de nous faire connaître, d’expliquer notre fonction et de
répondre aux moindres questions. On peut dire que la collaboration
est totale.
AVEZVOUS DES CONTACTS AVEC LES FAMILLES DES PATIENTS ?
RM : Oui, nous sommes occupés à rédiger des brochures à leur atten-
tion an de les sensibiliser au don d’organes et de tissus. Finalement, ce
qui se vit sur le terrain est le reet de qui se passe dans la population :
la mort reste un sujet tabou et la plupart des familles interrogées igno-
rent les volontés de leur proche en matière de don d’organes ou de
tissus. Aussi, nous voulons tenter de susciter une réexion chez eux.
Chaque décès reste un drame. Mais dans la mort, il y a aussi de la vie :
les transplantations d’organes continueront à donner une nouvelle vie
aux receveurs tandis que les très nombreuses applications en matière
de greffes de tissus interviendront de manière certaine sur la qualité
de vie et le devenir des patients qui en bénécient.