PD Hausses des salaires

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Service de presse de Travail.Suisse – No 11 – 25 août 2008 – Salaires
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Hausses des salaires réels : nécessaires et méritées
Le 4 août dernier, Travail.Suisse, Syna, transfair et Hotel & Gastro Union ont
ouvert ensemble la ronde des salaires 2008 par leurs revendications sur la
compensation intégrale du renchérissement et une substantielle hausse des
salaires réels. La légitimité de ces revendications s’est déjà pleinement
confirmée depuis.
Pour Travail.Suisse, il est clair qu’il faut écarter la perte menaçante du pouvoir d’achat
des travailleuses et des travailleurs au vu du fort renchérissement et combler le retard de
l’évolution des salaires réels par rapport à l’évolution de la productivité. La légitimité des
revendications formulées ensemble par Travail.Suisse, Syna, transfair et Hotel & Gastro
Union au début du mois d’août a sans cesse été confirmée par les nouvelles annonces du
côté de l’économie.
Le problème : le renchérissement ou la faiblesse économique ?
En juillet encore, les employeurs et la Banque nationale ont peint le diable sur la muraille
avec la soi-disant spirale des prix et des salaires – c’est-à-dire l’accélération du
renchérissement par une hausse des salaires. Les syndicats ont été „priés de rester
raisonnables dans leurs revendications“.
Entretemps, l’opinion dominante largement unanime considère que le problème en Suisse
et dans toute l’Europe n’est pas l’inflation mais la faiblesse de la conjoncture. Et
visiblement ce n’est pas seulement l’avis des faiseurs d’opinion mais aussi des marchés
(cf. NZZ du 13 août, p. 27 „Nachlassender Inflationsdruck“) et des économistes
indépendants (cf. Handelszeitung du 20-26 août, „Schatten der Teuerung schwindet“).

La menace de la prétendue spirale des prix et des salaires a donc servi de simple
prétexte pour ne pas entrer en matière sur les revendications syndicales
Les hausses de salaires déterminent l’évolution de l’économie en 2009
Ailleurs, on a déjà pris des mesures en prévision de l’affaiblissement de la conjoncture.
L’Espagne a décrété un programme conjoncturel d’un montant de 20 milliards d’euros.
D’autres pays vont suivre dans un avenir prévisible. En Suisse, de telles mesures sont
impensables et peut-être aussi moins judicieuses.
C’est pourquoi, la compensation du renchérissement et les hausses de salaires
revendiquées par Travail.Suisse sont d’autant plus importantes. Précisément, si en raison
d’un affaiblissement économique mondial les exportations ne stimulent plus l’économie
Service de presse de Travail.Suisse – No 11 – 25 août 2008 – Salaires
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suisse, les personnes qui travaillent en Suisse doivent alors endosser avec leurs dépenses
le rôle de locomotive économique. Et ce n’est possible que si elles gagnent autant ou plus
en 2009. Cette opinion est également partagée par le Centre de recherches conjoncturelles
de l’ETH de Zurich (KOF) (cf. Sonntagszeitung du 17 août).

Des accords salariaux comprenant la compensation intégrale du renchérissement et
une hausse des salaires réels sont nécessaires pour l’évolution positive de
l’économie en 2009.
Les revendications salariales sont-elles trop élevées ?
Mais les entreprises peuvent-elles encore vraiment accorder des augmentations de salaires
au vu du ralentissement de l’économie ? D’un point de vue d’économie générale, elles le
peuvent de toute façon. Car l’évolution de la productivité, considérée sur plusieurs
années, détermine la possibilité de rehausser fortement les salaires réels. Et c’est là qu’on
observe un net retard des salaires.
Selon l’Office fédéral de la statistique, la productivité du travail a crû d’environ 10
pourcent de 2000 à 2006. Cela signifie que depuis l’an 2000 les salaires réels auraient pu
augmenter de 10 pourcent environ. En réalité, la croissance des salaires réels ne s’est
élevée qu’à 4 pourcent. Au vu de la croissance rapide de la productivité du travail, nos
revendications ne sont pas trop hautes. Même si nous réussissons à les imposer, il reste
encore de la marge pour d’autres augmentations dans les années qui viennent.

En raison de l’accroissement de la productivité du travail, les revendications
salariales sont plus que justifiées et laissent encore de la marge pour d’autres
augmentations ces prochaines années.
La capacité concurrentielle internationale des entreprises suisses n’est pas en danger
Les employeurs avancent toujours l’argument selon lequel les hausses de salaires minent
la capacité concurrentielle des entreprises suisses. Mais lorsque nous considérons le
succès que les entreprises suisses ont eu au plan international ces dernières années et le
fait que la Suisse ait connu ses plus grandes années de boom économique depuis
longtemps, la capacité concurrentielle internationale de la Suisse ne peut pas être aussi
mauvaise que cela.
Bien plus que les salaires, ce sont des collaboratrices et des collaborateurs qualifiés et
motivés qui déterminent la capacité concurrentielle des entreprises suisses; ce sont eux
qui permettent une productivité extraordinairement élevée à la place économique suisse.
Et pour qu’il continue d’en aller ainsi, les salaires doivent suivre.

Les hausses de salaires ne mettent pas en danger la capacité concurrentielle des
entreprises suisses mais contribuent bien plus à la maintenir.
Service de presse de Travail.Suisse – No 11 – 25 août 2008 – Salaires
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Grande importance pour de nombreuses PME
Très souvent, on entend du côté des employeurs ou de l’Union des Arts et Métiers
l’argument selon lequel nos revendications salariales ne sont pas supportables „pour les
PME“ et qu’elles mettent en danger „l’épine dorsale de notre économie“. Cet argument ne
convainc pas. En effet, d’une part, de nombreuses PME travaillent aussi au plan
international et y rencontrent beaucoup de succès. Cela montre encore mieux qu’elles
travaillent d’une manière extrêmement productive et qu’elles peuvent aussi accorder des
hausses de salaires.
D’autre part, la plupart des PME ne sont actives qu’en Suisse ou même seulement au plan
régional. Toutes ces PME sont plus ou moins directement dépendantes de la
consommation des personnes qui travaillent en Suisse. Sans compensation intégrale du
pouvoir d’achat ni hausses des salaires réels, le chiffre d’affaires de ces PME baisse
fortement et elles peuvent fermer, quel que soit le niveau des salaires qu’elles versent.
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Le maintien du pouvoir d’achat et les hausses de salaires réels en faveur des
personnes qui travaillent en Suisse revêtent une importance décisive justement
pour le chiffre d’affaire des PME actives au plan régional ou national.
La compensation intégrale du renchérissement et une hausse des salaires réels de 1.5 à 2.5
pourcent ne sont donc pas une illusion des syndicats mais une revendication économique
fondée et pertinente dont la légitimité est sans cesse confirmée par les développements les
plus récents.
Martin Flügel, Président de Travail.Suisse dès le 1er septembre
Travail.Suisse, Hopfenweg 21, 3001 Berne, Tél. 031 370 21 11, [email protected],
www.travailsuisse.ch
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