hindou préféra, après une longue tergiversation, la rattacher à l’Inde qui envahit aussitôt la province. Ainsi était né ce
conflit qui oppose depuis 60 ans le Pakistan à l’Inde. 800 000 soldats indiens qui contrôlent douze millions de
musulmans qui aspirent à la paix. Marc fut frappé par les barrages militaires et par les histoires des musulmans
racontant certains débordements des soldats indiens. Mais dans ce pays où Marc fut sans arrêt confronté au
mensonge, il ne sut jamais faire la part entre le vrai et le faux.
L’histoire de l’Inde n’expliquait pas de manière satisfaisante pourquoi ce pays n’apportait plus grand-chose à
l’humanité car comme elle, l’Europe était une mosaïque de petits états qui se faisaient continuellement la guerre.
Cependant l’Europe avait permis au monde de connaître la démocratie, la révolution industrielle et beaucoup d’autres
progrès. En parlant avec les indous, Marc trouva une autre solution à son problème sur la marginalisation de l’Inde
dans l’histoire du monde. L’indouisme est une religion de la résignation faite pour justifier tous les malheurs en les
acceptants avec soumission. La réincarnation semble a première vue une bonne idée pour concurrencer le paradis
des religions monothéistes pourtant les indiens en ont fait une justification incroyable des inégalités. Une personne
naît pauvre non pas parce qu’elle n’a pas eu de chance mais car ses actions dans sa vie antérieure ont été
mauvaises. Sa pauvreté actuelle est le purgatoire de sa vie antérieure. En acceptant sa vie de miséreux, il se donne
une chance d’avoir une vie meilleure lors de sa prochaine réincarnation ! Avec une telle philosophie de la vie, les
indiens acceptent leur malheur sans broncher ce qui ne favorise pas l’innovation et la créativité !
Marc resta huit jours au Cachemire pendant lesquels il fut volé par son hôte pourtant grassement payé mais son
meilleur souvenir reste son trek dans les montagnes où il vécut quatre jours avec une famille sans eau courante et
dont le raccord à l’électricité ne servait qu’à alimenter un poste de radio. Jours intéressants car le jeune français
remonta le temps en étant confronté à un mode de vie vieux de mille ans. Son guide pour le trek avait vingt et un
ans, trois enfants et était marié depuis qu’il avait seize ans. Il savait tout faire puisqu’il aidait son père à agrandir la
maison, à ramasser le maïs, à tailler des jouets en bois pour son fils, à préparer à manger… Il connaissait tous les
gens de son village où l’ambiance semblait bonne. Marc profita des longues marches qu’il fit avec le guide pour en
savoir plus sur son mode de vie. Celui-ci lui raconta qu’il y avait une grande fête annuelle au village. Les mois
précédents ce moment, les parents arrangeaient les mariages de leurs enfants âgés de quinze à dix-huit ans pour
s’assurer qu’ils danseraient ensemble et se marieraient. Quand on n’a jamais connu un homme ou une femme, la
première fois est toujours excitante et ce, même quand le partenaire est repoussant ! Ainsi, les couples se formaient
pour la vie puisque ces gens très pieux ne divorçaient pas. La fille allait habiter dans la maison de son époux où elle
devenait une bonne au service de sa belle mère qu’elle choyait. Dans la famille où Marc vécut, les femmes étaient
écoutées et respectées mais elles ne parlaient pas anglais et le jeune français ne put pas vraiment échanger avec
elles. Marc trouvait cette vie toute tracée assez inintéressante même si ces personnes semblaient heureuses de leur
sort. Quand il leur expliqua la vie occidentale où les gens ont plusieurs relations avant de se marier, peuvent faire la
fête tous les jours, vivent sans leurs parents, divorcent pour la moitié d’entre eux… il les intéressa et ils lui posèrent
mille questions. Marc leur demanda ensuite ce qu’il pensait de ce mode de vie et ils grimacèrent. Pour eux c’était aux
antipodes de leur conviction musulmane et ils ne pouvaient pas adhérer à cette vie de dépravé. Marc ne cherchait
pas à les convaincre mais il leur fit remarquer que cette « vie malsaine » avait permis à l’occident d’inventer le
téléphone portable et la radio, choses dont ils raffolaient. Certes mais c’était trop peu et cela n’allait pas sauver les
occidentaux de leur vie vécue dans le péché. Conversation sans fin, Marc préféra l’arrêter mais il regrettait que ces
gens aient reçu une éducation aussi dogmatique qui les empêchait aujourd’hui d’être de libres penseurs.
Après le Cachemire, Delhi donna une image de l’Inde plus dynamique. Les routes étaient en construction, les
personnes croisées par Marc faisaient un travail intéressant et un sikh se proposa même de l’aider à déambuler dans
la ville après une longue conversation pendant laquelle le français apprit l’origine de cette religion récente datant du
seizième siècle. L’Inde n’était pas seulement un pays de miséreux résignés ou de voleurs mais aussi un sous
continent en pleine effervescence.
Cette vision plus positive ne soulageait pas vraiment Marc car vus d’avion, les sols indiens s’érodaient très vite.
Comment allait-on nourrir la population qui croissait rapidement ? Le rythme était un doublement tous les cinquante
ans et les femmes continuaient d’avoir énormément d’enfants très jeunes. Cette jeunesse en surnombre expliquait
d’ailleurs le sentiment négatif de Marc vis-à-vis du peuple Indien. Il se rappelait le livre « Freakeconomics » dont le
titre faisait référence à une nouvelle discipline de l’économie qui avait mis notamment en évidence que la baisse de
la criminalité aux Etats Unis au milieu des années 1990 était due aux lois sur l’avortement votées en 1973. Ces lois
avaient évité la naissance de criminels en puissance car on sait depuis longtemps que les enfants non-désirés
évoluant dans un milieu pauvre ont plus de chance de finir criminels que les autres. L’Inde pullulait d’enfants pauvres,
sans éducation et Marc avait vu le comportement des mères de vingt ans qui avec trois enfants, sont complètement
dépassées par les événements. Leurs enfants ne deviendraient pas tous criminels mais assurément ils n’avaient pas
reçu les cartes qui leur permettraient de réussir dans la vie.
Pour Marc, l’Inde démocratique était une bombe car son peuple ne savait pas se gérer. Par exemple, que faisaient
les dirigeants élus démocratiquement pour réduire le nombre de naissances ? Problème épineux en Inde où la
croissance économique de cinq pourcents par an est presque entièrement diluée par une croissance annuelle de la
population de trois pourcents et comme l’annonce l’état des sols, ce peuple déjà en surpopulation ne pourra bientôt