GRADEL (Groupe d’Action de Développement Local) N°2003/0224/DEP-ATL-LITT/SG/SAG-ASSOC C/1365 Ste-Rita 072BP238 Cotonou-Bénin Tél: 0022997898504 Fax: 0022921302278 FORUM NATIONAL SUR L’EMPLOI DES JEUNES Palais des congres de Cotonou, 8 au 10 mars 2007 RAPPORT GENERAL Initié par le gouvernement du Bénin avec le soutient du programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) le Forum National sur L’Emploi Des Jeunes a réuni au palais des Congres de Cotonou, du 08 au 10 mars , les cadres de l’administration béninoise, les représentants des jeunes et des collectivités locales, les partenaires socio –économiques dont le patronat et les syndicats, des représentants des organisations civiles et les représentants des partenaires au Développement du Bénin. La cérémonie d’ouverture, placée sous la présidence de la République, Chef du gouvernement, son Excellence Thomas Boni YAYI, a été marquée par (04) allocutions officielles notamment : -Le mot de bienvenue de la Ministre Déléguée, Chargée de la Microfinance, de la Promotion des Petites et Moyennes entreprises et de l’Emploi des Jeunes et des Femmes -l’allocution du Ministre du Développement, de l’Economie et des Finances -l’allocution du Directeur Régional pour l’Afrique du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) -le discours d’ouverture du chef de l’Etat. En procédant à l’ouverture officielle des travaux, le Chef de l’Etat a tout d’abord rappelé les données statistiques préoccupantes qui démontrent d’une part, la faiblesse de l’économie nationale, de son appareil de production et de son administration, et d’autre part, le lourd tribu que paie, de ce faits, la jeunesse béninoise plus ou moins livrée à elle –même, contrainte à la précarité du secteur informel de plus en plus dominant et envahissant. Il a mis un accent particulier sur la situation des jeunes ruraux qui, poussés par les incertitudes du présent et de l’avenir, viennent grossir chaque jour le nombre des sans emplois, désertant nos villages et campagnes. Cette situation de l’emploi l’a conduit à interpeller sur le risque de fracture sociale, d’insécurité à tout égards et de criminalité. Il a insisté sur la nécessité d’une politique volontariste telle qu’exprimée dans sa vision de faire du Bénin, d’ici à 2011, un pays émergeant et à la lumière des Orientations Stratégiques de Développement retenues sur la même période. La nécessité de renforcer le capital humain se fait donc de plus en plus pertinente et constitue l’un des axes majeurs de l’action gouvernementale en vue de la réalisation du plein emploi au Bénin. Elle constitue une priorité au nombre de celles qui doivent soutenir et accompagner les efforts de relance de l’économie nationale, d’assainissement des finances publiques, dans une vision qui privilégie l’emploi indépendant et le secteur et le secteur privé comme moteur de la création d’emplois et de richesse. Le présent Forum répond à la préoccupation du Chef de l’Etat et vise à faire des propositions concrètes de stratégies et d’actions, réalistes, immédiatement applicables, à court et moyen terme et dont la prise en compte permettront d’élaborer très rapidement une politique et un plan d’actions national pour l’emploi, répondant aux exigence de l’environnement national et international, aux besoin de notre pays et aux attentes de la jeunesse. DEROULEMENT DU FORUM Le forum s’est déroulé sous la présidence d’un présidium composé comme suit : -Président : M. Théophile MONTCHO Ministre de la Culture, de la Jeunesse, des Loisirs et des Sports -Modérateur : M. Lambert GBOSSA Ancien Directeur adjoint au Bureau Régional pour l’Afrique de L’Organisation International du travail (OIT) -Rapporteur Général : M. Igor AGUEH Chef de la cellule du Développement Stratégique de l’Agence National Pour l’emploi (ANPE) -Rapporteur Général Adjoint : Mme Aurore GAYON Consultante en Ressource humaine, chargée de cours à L’Université d’Abomey –Calavi Trois temps forts ont marqué le déroulement des travaux : 1-La plénière introductive 2-Les travaux en atelier 3-La plénière de synthèse. La plénière introductive Elle a connu une communication, suivie de débat, présentée par M. Antonin DOSSOU, Directeur de Cabinet du Ministre du Développement, de l’Economie et des Finance sur le thème : « La problématique de l’emploi des jeunes au Bénin : enjeux et défis à la lumière des Orientations Stratégiques de développement du Bénin. » Le communicateur a articulé son exposé autour de trois axes essentiels que sont : -Les déterminants de l’emploi des jeunes au Bénin ; i des jeunes -Les perspectives au regard des Orientations Stratégique pour le Développement du Bénin De manière globale, il est à retenir que : 1. les jeunes constituent un potentiel et un atout pour le développement du Bénin ; 2. la question de l’emploi est une question transversale ; 3. l’amélioration des conditions de vie des populations dépend de la meilleure situation faite aux jeunes sur le marché du travail ; 4. les Orientations Stratégiques pour le Développement ouvrent de bonnes perspectives pour la promotion de l’emploi des jeunes. Les défis à relever, selon le communicateur, se situent au niveau : - du cadre institutionnel qui exige une meilleure organisation en vue d’une meilleure synergie entre les structures opérationnelles et l’accroissement de leur efficacité ; - du système d’information qu’il faut absolument structurer et rendre fiable, car l’information sur le marché du travail est un élément important pour la promotion de l’emploi des jeunes ; - de la qualification des jeunes dont le contingent sur le marché du travail comprend une importante proportion d’analphabètes et de déscolarisés ; le système éducatif doit être configuré pour renforcer la qualification des jeunes tant en ce qui concerne leur niveau de qualification, que du point de vue de l’adéquation aux besoins ; - de la nature du tissu économique, à reconstruire, à rendre dynamique et compétitive. - de la capacité d’entreprendre des jeunes, qui demeure faible et tributaire de déterminants socio-culturels souvent défavorables ; - et de l’accès des jeunes aux moyens de production et aux crédits. En effet, le diagnostic de la situation de l’emploi au Bénin fait apparaître, entre autres, que : -le chômage au Bénin est un fait social qui touche une importante frange de notre population et pose de nombreux problème dont la première insertion, la déqualification,… -la faiblesse de la croissance économique au Bénin est un frein important à la promotion de l’emploi. Notre économie est encore tributaire de nombreux -la structure économique de notre pays reste déséquilibrée : les secteurs, rural et tertiaire, demeurent dominants alors que le secteur industriel est toujours embryonnaire ; -le secteur informel continue d’avoir un poids considérable dans l’environnement économique de notre pays alors qu’il est le foyer de la précarité et du sous-emploi. Face à ces constats et à ces défis qui nous attendent, plusieurs perspectives favorables s’offrent au regard des Orientations Stratégiques pour le Développement du Bénin. La vision claire que le gouvernement a des questions de développement, la crédibilité internationale retrouvée, l’ambition du Chef de l’Etat de faire du Bénin un pays émergent à l’horizon 2011, la politique de développement des infrastructures et principalement celle des grands travaux engagés par le Gouvernement , constituent autant de signaux forts qui peuvent laisser espérer un avenir meilleur, à condition que les actions de reconstruction de l’administration pour en faire une administration de développement, celle de l’assainissement du cadre macro économique et de renforcement du capital humain,…bénéficie du soutien de tous les acteurs et aboutissent rapidement à des résultats probants. Les différentes interventions, qui ont suivi cette communication introductive, ont soit confirmé les constats faits, soit insisté sur les maux dont souffrent l’administration pour en faire béninoise, le système éducatif national, ou encore mis l’accent sur les faiblesses de nos réalités socio-culturelles et économiques souvent incompatible avec les exigences de performances sociales et économiques. Plusieurs questions, non moins importantes ont aussi tourné autour de : -la qualité et la décence des emplois offerts aux jeunes( aussi bien dans le secteur public :cas des contractuels PIP, que dans le secteur privé) ; -la question de la première insertion des jeunes, du cadre juridique des stages en entreprise et du volontariat national ; -la question du renouvellement de la fonction publique et de la diversification des postes d’emploi publics (remplacement des retraités par les jeunes, cumul des fonctions dans l’administration publique…) -l’ouverture de certains corps de métiers, surtout des professions libérales, au plus grands nombres ; -la sécurité foncière surtout en milieu rural ; -la situation des groupes spécifiques défavorisés (ex.les femmes, les personnes -la faiblesse du dispositif d’information sur le marché du travail au Bénin ; handicapés,….) -l’égalité des chances et la décentralisation du service public d’emploi ; laquelle décentralisation devra être soutenue nécessairement par le transfert effectif des compétences aux communes La promotion de l’emploi salarié a également été évoquée comme piste à ne pas négliger, à coté de l’accompagnement nécessaire pour le développement de l’entreprenariat privé dont le rôle essentiel dans la création de richesses et d’emplois n’est plus à démontrer. C’est pour quoi, les participant ont reconnu que le développement du capital humain devra revêtir le sceau d’un engagement volontariste de l’Etat car il constitue le socle sur lequel nous bâtirons un Bénin qui émerge véritablement de façon durable et sans exclusion parce que chaque jeune, quelque soit son genre et son handicap, aura été mis au travail, puisque bien formé en tenant compte des besoins de développement de sa communauté. Les travaux en atelier A la suite de la plénière introductive, cinq (05) ateliers ont été constitués par les participant. Ils ont été animés sous forme de panels, sous l’impulsion d’un conférencier principal et la direction d’un président d’atelier assisté d’un modérateur et de deux rapporteurs. Chaque atelier a bénéficier de l’expérience et des contributions des partenaires au développement invités tels la Banque Mondiale, la DANIDA, le PNUD , le BIT, le FIDA , les Pays-bas,…mais aussi de nombreuses compétences nationales, sollicitées en tant que panélistes. Les échanges ont tournés autour de cinq (05) thèmes principaux et ont permis d’approfondir les nombreuses questions préoccupantes des jeunes. Il s’agit notamment des thèmes suivants : 1. Les créneaux économiques porteurs d’emploi au Bénin 2. Entreprenariat et leadership des jeunes 3. L’accès des jeunes aux outils de production et de commercialisation des produits par le biais du crédit 4. La promotion des technologies à haute intensité de main d’œuvre (HIMO) : un moyen de développer l’emploi local 5. L’emploi en milieu rural : conditions et opportunités. Au sein des ateliers, plusieurs sujets ont aussi fait l’objet de préoccupation majeure. Il s’agit notamment : - des questions liées à la formation des jeunes et à leur employabilité ; - de l’amélioration de la lisibilité et de la visibilité du cadre institutionnel de promotion de l’emploi au Bénin - de l’accès des jeunes ruraux au marché du travail ; - de l’environnement de création et de financement de la jeune entreprise ; - de la politique de développement agricole au Bénin ; - des stratégies de positionnement du Bénin sur le marché économique sous-régional ; et régional ; - etc… La plénière de synthèse Elle a permis de valider les résultats des travaux en atelier et de retenir les axes pertinents de stratégies et d’action pour la promotion de l’emploi des jeunes au Bénin. PROPOSITION ET RECOMMANDATIONS Aux termes des échanges fructueux qui ont eu lieu, les participant ont formulé une cinquantaine de propositions et recommandations, regroupées en 18 points ; 1. la réalisation de synergie entre toutes les structures publiques et privées impliquées dans la stratégie de promotion de l’emploi au Bénin par la création d’une institution de concertation et de dialogue permanent entre différents acteurs ; 2. la mise en place d’un véritable service public d’emploi, doté de moyens suffisants et pluriels susceptible de garantir la transparence et la fluidité réelle du marché du travail, et qui apporte aussi un accompagnement de proximité aux demandeurs d’emplois et aux employeurs ; 3. l’amélioration de l’information sur le marché du travail par la mise en place d’un dispositif structuré, fonctionnel et efficace de collecte, d’analyse, de production et de diffusion à tous les niveaux d’informations pertinents sur ledit marché ; 4. le transfert effectif aux communes des compétences et ressources afférentes afin de leur permettre de jouer pleinement et effectivement leur part de responsabilité dans le processus de développement, voire promotion de l’emploi au Bénin. 5. le renforcement des capacités des élus locaux à élaborer et mettre en œuvre des programmes et projets de développement local, valorise l’économie locale induisant la création d’empois au plan local notamment en milieu rural ; 6. le renforcement des capacités du Bénin en formation professionnelle en réponse aux besoins de développement du pays ; 7. la mise en place d’un mécanisme et d’outils plus efficaces d’encadrement d’accompagnement et de conseils des jeunes porteurs de projets d’emplois indépendants. Ce mécanisme devra prendre en compte toutes les étapes de la création d’entreprise et même s’étendre au suivi post création et aux conditions de l’environnement de la création d’entreprise. Il devra aussi intégrer la vulgarisation, très tôt, de l’esprit d’entreprise au sein de la jeunesse ; 8. la vulgarisation de la liste exhaustive des créneaux porteurs prioritaires identifiés déjà par le gouvernement et contenues dans les Orientations Stratégiques pour le Développement du Bénin (OSD, 2006-2011) 9. le développement des technologies nouvelles d’information mais également de production comme moyen d’accélération du processus de développement de la productivité nationale et d’amélioration de la compétitivité des entreprises nationales. 10. la diversification des instruments ou produits de financement des jeunes entreprises,…) afin d’élargir les possibilités du jeune entrepreneur dans le choix des produits les mieux adaptés au financement de leur projet, 11. la facilitation de l’accès aux crédits s à des taux minima avec intérêt différer de 02 ans pour les jeunes entreprises et la félicitation de l’accès aux différents moyens de productions ; 12. la mise en place de divers fonds spécifiques, soit pour garantir les crédits auprès des institutions financières, soit pour accompagner les efforts d’insertion des jeunes dans la vie active, principalement ceux rencontrant des difficultés particuliers et les couches défavorisées ; 13. la mise en place d’un mécanisme d’exonération fiscale de la jeune entreprise pendant les deux premieres années d’exercice 14. l’accélération de la mise en œuvre d’une politique de développement régional afin de doter toutes les régions des équipement de base (électricité, téléphone, Internet, voies de déserte,..), véritable facteur de production ; 15. l’adaptation du code des marchés publics aux enjeux de la décentralisation et du développement local, de manière à favoriser l’accès plus souple des jeunes entreprises aux marchés publics dans la transparence et l’équité ; 16. la création d’un environnement incitatif et favorable à l’entreprenariat agricole (maîtrise de l’eau, aménagements hydro agricoles, prévoyance agricole, accès au foncier, régime fiscale fiscal encadrement agricole, capacité des OP, organisation des filières,…..) ; 17. la création d’une Cellule HIMO qui, entre autres attributions, réalisera la veille sur les technologies HIMO, assurera un service public de recherche développement et de la promotion desdites technologies ; 18. le renforcement de la capacité de recherche technologique et vulgarisation de l’ingénierie nationale pour soutenir le développement de l’industrie et l’agro-industrie. L’ensemble des propositions et recommandations, qui recoupent bien les propositions faites dans le document de travail commandité par le gouvernement dans le cadre de la préparation du Forum et ont tenu grand compte des informations apportées par les différentes expertises nationales et internationales sollicitées. Elles sont structurées en neuf thèmes qui serviront de base à l’élaboration des programmes d’action. Enfin à l’issue des travaux, les participants, tout en appréciant l’engagement réaffirmé du gouvernement de faire de la promotion de l’emploi des jeunes une priorité de développement souhaitent que les résultats du présent forum soit suivis d’actions immédiates qui redonnent l’espoir et restaure un climat de confiance entre l’Etat et sa jeunesse. Pour ce faire, le Forum suggère la mise en place par le Gouvernement, dans les meilleurs délais, d’un Comité de pilotage et de suivi de la mise en œuvre des présentes recommandations. Ledit Comité au sein duquel une place de choix devra être faite aux jeunes, devra être rattaché à la Haute Autorité pour prendre suffisamment en compte la dimension transversale de la question de l’emploi. Tous les rapports d’atelier ainsi que le détail de toutes les recommandations, sont joints en annexe au présent rapport général. Cotonou,le 10 Mars 2007 LE FORUM