LIONTI Pauline ECE 1
Fabrice Flipo
Le développement durable
Editeur : Bréal
Publié en février 2007
Nombre de pages : 123
Le développement durable est au coeur des débats et des discours. Pourtant, selon un
sondage IPSOS réalisé en 2005, seulement 11% des français déclarent savoir précisément ce
que signifie ce terme.
Cet ouvrage est divisé en plusieurs parties ; tout d’abord, l’auteur aborde les
conséquences environnementales causées par notre volonté excessive d’augmenter la
productivité, puis revient sur l’origine de « développement » et aborde les différentes théories
du développement durable. La majorité de ce livre est consacrée aux grands débats sur ce
concept. Enfin, l’auteur évoque l’attitude des différents acteurs institutionnels vis à vis du
problème de l’environnement.
Cet ouvrage est publié dans la collection « Thèmes et débats ». C’est pourquoi le
développement durable est plutôt présenté de manière simplifiée, puisque les ouvrages de
cette collection s’adressent avant tout aux étudiants.
Fabrice Flipo commence par évoquer le lendemain de la Seconde Guerre mondiale,
période durant laquelle l’essentiel était d’augmenter la production. Or, c’est peut-être le
point de départ de la notion de développement durable. En effet, puisqu’il fallait produire en
abondance, le plus important était d’être le plus productif. C’est ainsi que le paysan devint peu
à peu un exploitant agricole et qu’il cessa de sélectionner ses variétés, qu’il utilisa des
produits chimiques dans le but de produire des fruits et gumes « lisses, gros et beaux ».
D’ailleurs, nous pouvons le constater aujourd’hui sur le marché : les paysans ont de plus en
plus de mal à survivre, car dès que leur fruits ou légumes présentent un défaut, le client refuse
de l’acheter, et ce, même si ce produit a plus de goût qu’un autre; nous avons donc sûrement
sacrifié la qualité à la quantité. Mais l’utilisation de pesticides a aussi entraîné une pollution
de l’eau, qui dans certaines régions est devenue impropre à la consommation. La logique de
consommation dans les sociétés occidentales a aussi entraîné une augmentation des déchets.
De même, au début du 20ème siècle la division du travail a été conceptualisée, puis la
production juste à temps qui a entraîné une augmentation des transports (qui ont pollué l’air),
des constructions bétonnées qui ont rendu par la suite les sols indisponibles pour l’agriculture.
Par exemple, le bâtiment en France engloutit aujourd’hui 42% de l’énergie consommée et
représente 19% des émissions nationales de gaz à effet de serre. Le problème est aussi de se
demander ce qu’il se passerait si la Chine et l’Inde devraient vivre de la même manière que
nous ; il est évident que ni les ressources, ni la planète ne pourraient tenir.
Ainsi, ces données nous permettent de nous demander si au cours du 20ème siècle,
l’augmentation de la productivité ne s’est pas transformée en « dumping » écologique. Car
nous ne pouvons pas nier que les ressources viennent à manquer (l’extraction des matières
premières non renouvelables devient de plus en plus difficile, les énergies renouvelables
deviennent marginales). Mais la principale question n’est pas seulement d’ordre économique :
elle est aussi d’ordre moral ; en effet, les pays en voie de développement pourraient se voir
contraints de limiter leur consommation d’énergie pour se développer alors qu’une minorité
aurait consommé en un siècle ce que la nature a mis des millions d’années à produire.
L’auteur veut donc montrer que l’enjeu du développement durable est énorme.
Pendant la période industrielle, l’homme pensait qu’il pourrait résoudre les problèmes
naturels grâce aux progrès ; or, les nombreuses catastrophes (Tchernobyl, marées noires...) ont
montré des difficultés à maîtriser collectivement l’énormité des puissances dégagées. Il est
donc important de revoir modifier nos comportements car si nous continuons à agir comme
nous le faisons, la température de la planète pourrait atteindre 6°C d’ici à 2100. Et nous
savons qu’un climat plus instable engendrerait baisse de la biodiversité, cheresses,
inondations, amincissement de la couche d’ozone, augmentation des évènements climatiques
extrêmes.
Dans un second temps, l’auteur cherche à expliquer pourquoi le concept de
« développement » pose un problème de durabilité. Car dans les années 50, l’optimisme était
grand et l’on pensait que dix ans suffiraient pour que les pays « retardataires » rattrapent les
autres. Or, cela ne s’est pas vérifié ; c’est pourquoi les directions à suivre pour continuer à
améliorer notre monde ne sont plus évidentes. Cependant, les pays développés voient dans la
protection de l’environnement une menace pour la croissance économique. Ainsi, pour
montrer que ceux-ci ne sont pas totalement indifférents aux problèmes écologiques, ils signent
des accords multilatéraux, des traités et protocoles (qui ne sont d’ailleurs pas tous cohérents
entre eux), se réunissent à des sommets (par exemple à celui sur le développement durable
organisé à Johannesburg en 2002) dans lesquels ils s’engagent par exemple à conserver la
biodiversité, à diminuer leurs émissions de gaz à effet de serre ...Mais il ne s’agit que
d’engagements qui sont plus ou moins respectés.
La question du respect de l’environnement partage donc les pays et en particulier les
économistes. En effet, il existe de nombreuses théories du développement durable ; parmi
elles, il y a celles qui sont optimistes et d’autres qui le sont un peu moins, et Fabrice Flipo les
énumère. Il existe par exemple un premier courant partisan de la soutenabilité « faible »
auquel adhère Robert Solow, économiste américain ; selon lui, la détérioration de
l’environnement est le prix à payer pour s’industrialiser, donc nous serons amenés à ne
conserver que les sites remarquables. A l’inverse, les partisans de la durabilité forte pensent
que c’est à l’économie de s’adapter à l’écologie, et non l’inverse. Certains vont même jusqu’à
affirmer que la décroissance de l’économie est une conséquence logique de la protection de
l’environnement. Enfin, un deuxième courant s’intéresse plutôt à l’évolution de la réparation
spatiale des richesses qu’à leur niveau cumulé. Il incarne « l’environnementalisme des
pauvres », souvent revendiqué par les pays du tiers monde.
Mais d’autres approches scientifiques proposent désormais des pistes d’analyse du
développement durable, comme par exemple les théories anthropocentrées qui proposent la
protection de la nature en fonction de son intérêt pour l’espèce humaine.
Mais venons en maintenant à ce qui est sans doute l’essentiel : les débats du
développement durable. La première question qui se pose est celle que nous avons déjà
abordé : faut-il limiter la population ou la consommation ? Là encore, les opinions sont
partagées : les plus optimistes, à l’instar de Bjorn Lomborg, affirment que la situation n’a
jamais été aussi bonne : le PIB mondial est très élevé et 45% des écosystèmes sont encore en
bon état. De même, Lester Brown, analyste environnemental américain, prend les menaces au
sérieux mais affirme qu’il est possible de concilier niveau de vie élevé et réduction de
l’empreinte écologique ; l’idée est d’accroître très fortement la productivité des ressources.
Pour cela, nous devrions par exemple avoir massivement recours aux énergies renouvelables,
utiliser des appareils ménagers consommant moins, arrêter les subventions aux énergies
polluantes. En revanche, nous ne pouvons nier le fait que la population mondiale va
augmenter très fortement, donc ces politiques ne seront peut-être pas efficaces. En effet, les
plus pessimistes rappellent par exemple que si le monde entier vivait à la manière des
Etasuniens, il faudrait cinq planètes supplémentaires pour vivre durablement.
Diverses solutions sont donc envisagées comme par exemple celle de l’association
négaWatt qui montre que nous pouvons consommer deux fois moins d’énergie, émettre cinq
fois moins de CO2 en sortant du nucléaire sans rien changer à notre niveau de vie actuel. Elle
propose un scénario prévoyant d’atteindre 71% d’énergie primaire renouvelable d’ici à 2050,
qui parait réaliste et de bon sens. Un autre discours demande en revanche plus de
changements mais c’est aussi le plus cohérent avec nos engagements internationaux en
matière d’écologie : éliminer les produits toxiques et les remplacer par des matières
biodégradables.
Nous avons vu que l’important pour les sociétés modernes était da productivité. Or,
l’auteur se demande si nous devons parler de richesse ou de niveau de vie ; car ce qui revient
le plus souvent autour du développement durable est la critique de l’indicateur PIB. En effet,
le PIB ne tient pas compte de l’épuisement des ressources, de la destruction des
écosystèmes... ; il ne dit rien non plus sur les droits civils et politiques, l’égalité... D’autres
indicateurs proposent donc des visions de la richesse allant dans la direction « sociale » et
« environnementale » comme l’IPH (indicateur de pauvreté humaine), l’ISS (indicateur de
santé sociale)... mais ceux-ci sont aussi imparfaits.
On entend peut-être moins souvent parler d’un autre débat, non négligeable, qu’est
celui de la culture. Est-il plus avantageux de maintenir la diversité ou de parvenir à
l’universalisme ? L’auteur semble opter pour la première solution car selon lui, la diversité
des cultures présente un intérêt similaire à la diversité biologique : entretenir la richesse d’une
diversité de points de vue et de pratiques contribueraient à nous aider à mieux comprendre le
monde. Cependant, bien que cette remarque soit importante, nous pouvons remarquer qu’il
serait difficile de trouver des accords communs entre des civilisations différentes ; et, même si
ceci aurait pour but de mieux comprendre le monde, rien ne peut nous permettre de dire que
grâce à cette connaissance du monde, nous pourrions éviter des catastrophes naturelles.
Enfin, après avoir constaté les différents problèmes du développement durable,
l’auteur commente l’attitude des acteurs institutionnels.
En ce qui concerne la famille, des attitudes sont conseillées, comme par exemple se
demander la provenance d’un produit, ses conditions de production, ainsi que des gestes
quotidiens comme la consommation de produits de saison, la baisse du chauffage, le tri des
déchets... Pour les collectivités territoriales, l’enjeu est de « prendre leur part » des
responsabilités globales sans attendre l’intervention de l’état. Des villes comme Clermont-
Ferrand se sont par exemple dotées d’un toit solaire, la Banque populaire d’Alsace a mis au
point un outil particulier pour le financement des énergies renouvelables. L’écologie
industrielle et ses dérivés sont maintenant incontournables : de nombreuses directives
européennes cherchent déjà à encourager l’écodesign, démarche consistant à prendre en
compte la dimension environnementale lors de la conception d’un produit ou d’un service.
Au niveau de l’Etat français, la Commission française du développement durable a été
créé en 1993. Diverses mesures ont été prises ; parmi elles, les citoyens devront bénéficier de
60h d’éducation au développement durable. A l’étranger, le gouvernement chinois prévoit de
faire passer la production à partir des énergies renouvelables du 1% actuel à 10% d’ici à 2020,
la Suède a déclaré vouloir ne plus utiliser de pétrole d’ici à 2020, sans recourir au nucléaire. Il
est évident que tous ces engagements nécessitent de nombreux changements et qu’ils seront
difficiles à réaliser.
A l’échelle européenne, la stratégie de Lisbonne prévoit cinq objectifs : la réduction
des gaz à effet de serre, les transports soutenables, la santé publique, la gestion durable des
ressources et la « dimension globale » qui couvre plutôt les relations de l’UE avec ses
partenaires. Diverses directives mettent en place des filières de recyclage et d’élimination.
Enfin, à l’échelle mondiale, les ONG et les syndicats s’organisent de plus en plus
souvent en forums pour faire des propositions alternatives
Le développement durable reste donc une notion difficile à maîtriser. Ce principe
d’action ne recouvre pas un programme unifié mais un ensemble d’acteurs, munis de concepts
se présentant comme porteurs de la solution aux problèmes actuels ; or les solutions ne
tendent pas forcément au résultat. Or, même si certaines peuvent paraître alléchantes, l’ONU
vient de publier une étude qui estime que 60% des écosystèmes mondiaux sont dégradés ou
utilisés de manière non durable ; il n’est donc plus certain que les générations à venir puissent
subvenir à leurs besoins d’autant que la majeure partie des pays développés pensent surtout à
protéger les parts de marché des grandes entreprises et à s’épargner une remise en cause plutôt
qu’à relever les défis du temps. Il est cependant urgent aujourd’hui d’atteindre les objectifs du
millénaire pour le développement fixé par les Nations Unies en 2000 : élimination de
l’extrême pauvreté et de la faim, éducation primaire pour tous, réduction de la mortalité
infantile efforts en matière de santé (SIDA), mise en place d’un partenariat mondial.
Fabrice Flipo présente les concepts et problèmes principaux liés au développement
durable, mais d’une manière simplifiée ; nous ne pouvons donc pas rester naïf à propos de ce
que raconte l’auteur qui s’occupe d’ailleurs plutôt de constater que de réfléchir sur le
problème.
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