Fabrice Flipo commence par évoquer le lendemain de la Seconde Guerre mondiale,
période durant laquelle l’essentiel était d’augmenter la production. Or, c’est peut-être là le
point de départ de la notion de développement durable. En effet, puisqu’il fallait produire en
abondance, le plus important était d’être le plus productif. C’est ainsi que le paysan devint peu
à peu un exploitant agricole et qu’il cessa de sélectionner ses variétés, qu’il utilisa des
produits chimiques dans le but de produire des fruits et légumes « lisses, gros et beaux ».
D’ailleurs, nous pouvons le constater aujourd’hui sur le marché : les paysans ont de plus en
plus de mal à survivre, car dès que leur fruits ou légumes présentent un défaut, le client refuse
de l’acheter, et ce, même si ce produit a plus de goût qu’un autre; nous avons donc sûrement
sacrifié la qualité à la quantité. Mais l’utilisation de pesticides a aussi entraîné une pollution
de l’eau, qui dans certaines régions est devenue impropre à la consommation. La logique de
consommation dans les sociétés occidentales a aussi entraîné une augmentation des déchets.
De même, au début du 20ème siècle la division du travail a été conceptualisée, puis la
production juste à temps qui a entraîné une augmentation des transports (qui ont pollué l’air),
des constructions bétonnées qui ont rendu par la suite les sols indisponibles pour l’agriculture.
Par exemple, le bâtiment en France engloutit aujourd’hui 42% de l’énergie consommée et
représente 19% des émissions nationales de gaz à effet de serre. Le problème est aussi de se
demander ce qu’il se passerait si la Chine et l’Inde devraient vivre de la même manière que
nous ; il est évident que ni les ressources, ni la planète ne pourraient tenir.
Ainsi, ces données nous permettent de nous demander si au cours du 20ème siècle,
l’augmentation de la productivité ne s’est pas transformée en « dumping » écologique. Car
nous ne pouvons pas nier que les ressources viennent à manquer (l’extraction des matières
premières non renouvelables devient de plus en plus difficile, les énergies renouvelables
deviennent marginales). Mais la principale question n’est pas seulement d’ordre économique :
elle est aussi d’ordre moral ; en effet, les pays en voie de développement pourraient se voir
contraints de limiter leur consommation d’énergie pour se développer alors qu’une minorité
aurait consommé en un siècle ce que la nature a mis des millions d’années à produire.
L’auteur veut donc montrer que l’enjeu du développement durable est énorme.
Pendant la période industrielle, l’homme pensait qu’il pourrait résoudre les problèmes
naturels grâce aux progrès ; or, les nombreuses catastrophes (Tchernobyl, marées noires...) ont
montré des difficultés à maîtriser collectivement l’énormité des puissances dégagées. Il est
donc important de revoir modifier nos comportements car si nous continuons à agir comme
nous le faisons, la température de la planète pourrait atteindre 6°C d’ici à 2100. Et nous
savons qu’un climat plus instable engendrerait baisse de la biodiversité, sécheresses,
inondations, amincissement de la couche d’ozone, augmentation des évènements climatiques
extrêmes.
Dans un second temps, l’auteur cherche à expliquer pourquoi le concept de
« développement » pose un problème de durabilité. Car dans les années 50, l’optimisme était
grand et l’on pensait que dix ans suffiraient pour que les pays « retardataires » rattrapent les
autres. Or, cela ne s’est pas vérifié ; c’est pourquoi les directions à suivre pour continuer à
améliorer notre monde ne sont plus évidentes. Cependant, les pays développés voient dans la
protection de l’environnement une menace pour la croissance économique. Ainsi, pour
montrer que ceux-ci ne sont pas totalement indifférents aux problèmes écologiques, ils signent
des accords multilatéraux, des traités et protocoles (qui ne sont d’ailleurs pas tous cohérents
entre eux), se réunissent à des sommets (par exemple à celui sur le développement durable
organisé à Johannesburg en 2002) dans lesquels ils s’engagent par exemple à conserver la
biodiversité, à diminuer leurs émissions de gaz à effet de serre ...Mais il ne s’agit que
d’engagements qui sont plus ou moins respectés.