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Personnellement j’ai fait mienne cette affirmation de la Règle de saint Benoît nous disant que
nous devons écouter les jeunes comme une des médiations fondamentales dans notre
recherche de la Volonté de Dieu, fin ultime de l’obéissance et de l’autorité. Je suis convaincu
que les jeunes Frères doivent nous aider à découvrir le Dieu toujours jeune dont nous parle
saint Augustin. Obéir est avant tout écouter ; et les jeunes, avec leur langage, nous aident à
découvrir notre chemin et à commencer de nouvelles aventures apostoliques. Leur permettre
de s’exprimer et écouter leur voix est aujourd’hui fondamental dans notre discernement de la
Volonté de Dieu. D’autre part aussi, ils ont le droit d’avoir un avis sur un avenir qui sera le
leur et qu’il leur reviendra de vivre ; et pas seulement d’assumer et de maintenir l’héritage que
nous leur laisserons.
Les pauvres
Notre Règle nous dit que les Frères : par la foi, apprennent à discerner en tout évènement et
en toute personne, spécialement dans les pauvres, un signe et un appel de l’Esprit (Règle 5).
Cela, je l’ai vécu avec ses risques et ses ambiguïtés au Guatémala, où nous les Frères, pour
notre service aux indigènes particulièrement dans la formation des maîtres d’écoles rurales,
sommes surveillés et menacés et subissons, comme beaucoup d’autres religieux et religieuses,
la persécution et jusqu’au martyre. Je dis « avec ambiguïté » parce que le mélange de
motivations sociales, politiques et religieuses n’est jamais facile. Il peut arriver qu’à un
certain moment nous ayons été manipulés, mais je crois que cela valait la peine, malgré tout,
d’être proches et de partager le sort des pauvres et des sans-défense, de nous soucier de les
protéger et de les accueillir. A partir de cette expérience, pour moi, l’obéissance sera toujours
une obéissance solidaire et compatissante, une obéissance d’amour et de tendresse, parce que,
comme nous l’a dit Jésus, notre Père du ciel ne veut pas qu’un seul de ces petits se perde
(Matthieu 18,14). Voilà sa Volonté, que pas un ne soit perdu (Jean 6,39) et c’est vers quoi
doivent converger aussi bien l’obéissance que l’autorité. A partir de cette expérience, j’ai
tâché que, dans ma vie et dans mon ministère d’animation, les pauvres soient les maîtres et
qu’ils m’inspirent des formes nouvelles de réponse à leurs besoins, et que je vive l’Evangile
avec plus d’authenticité.
2. Mon expérience romaine
Quelle lecture puis-je faire de l’obéissance et de l’autorité pendant ces années romaines ? Je
crois qu’en laissant de côté beaucoup de choses, je peux résumer en trois points :
La personne au-dessus de la structure
Si, comme le dit très bien le document Le Service de l’Autorité et l’Obéissance, la recherche
de la Volonté de Dieu se situe entre la Communion et la Mission, dans les deux il est essentiel
de vivre le principe évangélique selon lequel le sabbat est fait pour l’homme et non l’homme
pour le sabbat (Marc 2,27). En vivant durant ces dernières années une réalité internationale,
j’ai appris à valoriser l’unicité de chaque personne et à respecter son individualité. L’autorité
ne peut ni avoir ni appliquer des recettes toutes faites. Ce qui s’impose toujours, c’est un
discernement profond et évangélique qui prenne en compte ces particularités, et cela suppose
la connaissance, le dialogue, le respect, la prière et aussi quelquefois une bonne dose de
patience. Et ce n’est pas toujours facile parce que souvent nous donnons la priorité aux
structures, aux programmations, aux voyages… et au besoin de remplir les vides.
L’ouverture à la réalité