d'information concernant le développement normal du jeune enfant ( De Giacomo,
Fombonne, 1998 ). Le déni parental des bizarreries ou du retard développemental
contribue à retarder les premières évaluations effectuées par des professionnels.
De plus, il n'est pas rare que les premiers professionnels rencontrés aient une
attitude de réassurance et de dédramatisation inadéquate par son excès, face aux
premiers symptômes qui inquiètent les parents.
Dans ces rencontres avec les parents, nous ne pouvons faire fi des questions
évoquées quant à l'origine., l'évolution et la sévérité du trouble. Car plus les parents
se sentent dans un lien de confiance, plus ils vont oser formuler des questions,
enfouies depuis longtemps ou jamais exprimées par crainte d'en entendre les
réponses. Nous devons dès lors pouvoir répondre avec justesse et authenticité,
pour permettre aux parents d'affronter la réalité. « Répondre » doit être pris dans
une acceptation fondamentale : ne pas laisser dans le silence, ne pas faire croire
qu'une question est insignifiante ou aborde un champ tabou. Parfois, répondre
vraiment sera partager notre incertitude ou notre « non-savoir ».
Mais ce lieu de parole est aussi un espace où s'exprime l'histoire personnelle de
chaque parent, ainsi que la place de l'enfant dans cette histoire. Certains parents
évoqueront leur propre culpabilité face à un enfant différent, retrouvant dans leur
histoire des moments de faille de différentes natures, pouvant selon eux
« expliquer » , en tout ou en partie, les troubles de leur enfant. Comme disait cette
maman africaine de deux enfants autistes : « Dans ma culture, je suis celle qui ne
porte pas le bonheur. Je suis celle qu'on doit éviter. » A la différence du premier
axe, il ne s'agit plus uniquement de contenir mais d'aider le parent à mettre des
mots sur ce qu'il vit et sur ce qu'il a vécu. Ce travail psychique nécessite un tissage
plus solide de l'alliance thérapeutique.
Il s'agit également de reconnaître chez les parents leurs compétences, dans un but
de restauration narcissique, mais aussi dans le but de les « assurer », de les
conforter plus solidement dans la place qu'ils se donnent comme parents.
Fréquemment ... parfois mine de rien, nous les sentons en quête de cette
reconnaissance. Ils demandent des avis, des conseils et sont prêts à se soumettre
à tout type de méthode « pour bien faire ». Il nous faut donc être attentifs à
confirmer la qualité déjà opérante, voire à requalifier ces parents dans leur fonction
parentale, à les soutenir dans leur manière de « penser l'enfant » ( et leur famille !),
son passé et son avenir, ainsi que dans ce qu’ils mettent en place quotidiennement
pour le développement de leur enfant. Et cela n'est pas une stratégie : on procède
en effet à partir d'un vécu authentique. Que n'avons-nous pas appris des parents et
ne sommes-nous pas restés admiratifs devant leur créativité ...
Mais, comme le souligne Houzel (1991), « Il est aisé de tomber dans le piège de la
disqualification des parents, par une parole, par un geste. » En effet, touchés dans
leur sensibilité profonde, les parents pourront facilement interpréter un sourire, un
geste inadéquat ou une parole sortie de son contexte, comme des jugements
sévères de notre part sur leur manière d'agir, sur leur qualité de parent. C'est dès
lors à nous, lorsque nous nous en apercevons, de les interpeller sur leur retrait
subit, leur air absent, leur méfiance, leur colère, voire leur refus de reprendre
rendez-vous ... Et leur permettre alors d'exprimer ce qui les a dérangés, ce qui les a
fait souffrir dans nos paroles ou dans nos attitudes. La mise au point effectuée, il
redevient dès lors possible d'envisager la poursuite du travail.