L’Appel du 18 juin 1940 du général de Gaulle et son impact jusqu’en 1945
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première : l’Armistice. Cette discussion qui s’éternise est coupée par le second du général Weygand, qui
annonce la chute de Dijon, les difficultés de ravitaillement des soldats et des civils en fuite, et qui finit en
disant : “nécessité absolue prendre décision ” On ne sait pas ce qui se passe ensuite, mais à la fin du
Conseil, Reynaud démissionne.
Albert Lebrun, le Président de la République, dira “ Au sortir du Conseil, je m’entretiens avec
monsieur Paul Reynaud. Il me conseille d’appeler pour le remplacer le maréchal Pétain, placé au cœur de
la nouvelle majorité. ” A peine appelé par Lebrun, qui lui demande : “Voulez-vous constituer le
gouvernement ? ” le maréchal prend une liste dans son portefeuille et lui répond : “le voici ! ”
“ Voir le maréchal Pétain de juin 1940 avec les yeux de 1944 ou de 1992, constitue une lourde
erreur. Dans le drame que connaît la France, tous les hommes politiques étant dévalorisés, le vainqueur
de Verdun, le sauveur de l’armée lors des mutineries de 1917, le général en chef de 1918- tout cela n’est
pas alors si loin- apparaît malgré son âge ,ou à cause de son âge- un peu plus de 84 ans- comme une
image d’Epinal descendu de son cadre, comme l’homme providentiel qui pourra se faire entendre du
chancelier Hitler .”(Henri Amouroux).
Lorsque le nouveau conseil des ministres se réunit le 16 juin à 23h 30, le maréchal Pétain déclare
que “ sa tâche essentielle est de demander au gouvernement allemand à quelles conditions il arrêterait
les hostilités. ”
Le 17 juin, à 12h 30, pendant que la grêle s’abat sur Bordeaux, le maréchal Pétain lance son
discours radio. Ce discours est attendu tristement par les Français, mais pour la plupart, c’est une
nécessité douloureuse mais évidente.
En voici le texte :
"Français !
A l'appel de Monsieur le Président de la République, j'assume à partir d'aujourd'hui la
direction du gouvernement de la France. Sûr de l'affection de notre admirable armée
qui lutte, avec un héroïsme digne de ses longues traditions militaires, contre un ennemi
supérieur en nombre et en armes. Sûr que par sa magnifique résistance, elle a rempli
nos devoirs vis-à-vis de nos alliés. Sûr de l'appui des Anciens Combattants que j'ai eu la
fierté de commander, sûr de la confiance du peuple tout entier, je fais à la France le don
de ma personne pour atténuer son malheur.
En ces heures douloureuses, je pense aux malheureux réfugiés qui, dans un dénuement
extrême, sillonnent nos routes. Je leur exprime ma compassion et ma sollicitude. C’est le
coeur serré que je vous dis aujourd'hui qu'il faut cesser le combat. Je me suis adressé
cette nuit à l'adversaire pour lui demander s'il est prêt a re-chercher avec nous, entre
soldats, après la lutte et dans l'Honneur, les moyens de mettre un terme aux hostilités.
Que tous les Français se groupent autour du Gouvernement que je préside pendant ces
dures épreuves et fassent taire leur angoisse pour n'écouter que leur foi dans le destin
de la Patrie."
Ce discours casse le reste de pugnacité des soldats français. Les Allemands eux-mêmes l’utilisent
en le parachutant sous forme de tracts sur nos armées en retraite. Ils font ensuite des centaines de
prisonniers car si l’on se bat encore - et l’on se bat souvent -, ce n’est plus, pour la plupart, pour la
victoire que l’on croit perdue, mais seulement pour l’honneur.