CHUV-CPM: A. Decollogny, T. Buclin, D. Renard / mars 2015 5
(demi-vie ~10 heures) entraînant d’autant plus de risque de chute. Une tolérance se développe également
et l’effet s’amenuise en cas d’utilisation régulière7.
La mélatonine est une hormone produite par la glande pinéale, dont la sécrétion est augmentée à
l’approche de la nuit et participe à l’induction du sommeil physiologique. Elle possède une indication en
monothérapie pour le traitement de l’insomnie primaire chez les patients dès 55 ans. La durée du
traitement est limitée à 3 semaines et dans des cas exceptionnels jusqu’à 13 semaines après réévaluation
médicale15. Le bénéfice de la mélatonine sur le sommeil a été étudié chez des personnes âgées et le
maintien du sommeil a été amélioré de façon significative avec des doses de 0,1 à 3 mg comparativement
à un placebo16. On ne craint guère de dépendance ni de problèmes de sevrage, mais l’efficacité subjective
est moins bonne que celle des hypnosédatifs et le prix plus élevé. Le Service Médical Rendu attribué par
la Haute Autorité de Santé française est faible17 et la mélatonine n’est pas remboursée par les caisses-
maladie en Suisse.
Phytothérapie : Il y a peu d’évaluations rigoureuses concernant l’efficacité des plantes à propriétés
sédatives (tilleul, verveine, mélisse, orange amère, aubépine, houblon et passiflore). La valériane est la
plante la plus fréquemment employée et quelques données d’évaluation clinique rapportent une efficacité
modérée sur la qualité du sommeil, cependant remise en question dans des études récentes7. Il est utile de
savoir que quelques préparations sont prises en charge par l’assurance de base : Dormiplant® (valériane et
mélisse), Hova® et Redormin® (valériane et houblon), Relaxane® (pétasite, valériane, passiflore, mélisse)
et Sedonium® (valériane).
4. Aider les patients à quitter leurs somnifères
L’usage de médicaments psychotropes augmente régulièrement avec l’âge et une étude suisse a montré
que les somnifères sont consommés 15 fois plus par les personnes de plus de 65 ans comparativement aux
personnes de 15 à 34 ans18. Face à un patient consommant quotidiennement un somnifère, il est du devoir
de tout professionnel de santé de redonner l’information selon laquelle les somnifères ne sont pas
forcément nécessaires. On rappellera qu’ils perdent progressivement toute efficacité réelle et que
l’insomnie ressentie par le patient qui omet de prendre son somnifère est essentiellement un symptôme de
sevrage, alors qu’une prise chronique engendre des risques non négligeables pour le fonctionnement
mental, la motricité et l’autonomie de la personne âgée. Comme pour d’autres dépendances, on ne doit
pas sevrer le patient sans son accord, mais bien plutôt l’accompagner jusqu’à ce qu’il entreprenne une
démarche personnelle visant à se libérer du recours quotidien à un somnifère.
Une admission à l’hôpital n’est souvent pas le moment le plus approprié dans l’histoire du patient pour commencer
un sevrage, et le médecin hospitalier sera le plus souvent confronté à prescrire initialement le somnifère que le
patient prend habituellement à domicile. Il faut toutefois éviter qu’une hospitalisation soit l’occasion d’introduire
intempestivement un traitement dont le patient aura toutes les peines à se débarrasser par la suite. Si cela est
toutefois inévitable, il est recommandé de ne pas poursuivre la prescription à la sortie de l’hôpital, ou à tout le moins
d’en informer explicitement le médecin de famille avec le conseil de réévaluer régulièrement ladite prescription.
L’arrêt brutal d’une benzodiazépine est déconseillé, tout particulièrement après un usage prolongé, car
il peut déclencher des problèmes graves tels que confusion, angoisse, agitation, troubles gastro-
intestinaux, augmentation de la pression systolique et convulsions19. Des symptômes de sevrage peuvent
apparaître tout de suite à l’arrêt d’une benzodiazépine de courte durée d’action et plus tardivement – dans
les 3 semaines – après l’arrêt d’une benzodiazépine de longue durée d’action. Les symptômes de sevrage
15 Pharmavista.ch – monographie de Circadin® comprimés retard 2 mg – consulté le 18 mars 2014.
16 Wade AG, Ford I, Crawford G, McConnachie A, Nir T, Laudon M, Zisapel. Nightly treatment of primary insomnia with prolonged release
melatonin for 6 months : a randomized placebo controlled trial on age and endogenous melatonin as predictors of efficacy and safety. BMC
Med 2010; 8:51.
17 HAS-Commission de la transparence, Avis 10 décembre 2008, Circadin 2mg.
18 Roth S, Moreau-Gruet F. Consommation et coût des médicaments en Suisse. Obsan Rapport 50 2011 ; pp 29-30.
19 Briesacher BA, Soumerai SB, Field TS, Fouayzi H, Gurwitz JH. Medicare Part D’s exclusion of benzodiazepines and fracture risk in nursing
homes. Arch Intern Med. 2010 ; 170(8) : 693-698.