EMERGENCE ET TRADITION DE LA FIDUCIALITE
révélation. Il faudra différencier cet amalgame, devenu
« blocage ». Ce que fera Jésus de Nazareth, de telle sorte qu’il
nous est devenu possible de voir dans l’amour humain et familial
l’image relationnelle de Dieu même, et la structure de son œuvre
divinisatrice et pas seulement l’analogie de l’attachement de
l’Éternel à « son » peuple, et l’objet même de cet attachement.
C’est dans l’ambiance et le vécu du Cantique des cantiques, lié
vitalement à l’enthousiasme de leur foi au Seigneur ressuscité,
que les Apôtres, lors de la fête du « cinquantième jour » après la
Pâque, « percevront » au-dessus de leur tête, comme une « Kipa
céleste » ce qu’ils comprendront comme la présence d’une autre
« flamme de Yhwh », celle de Dieu pour leur communauté et qui
peut aussi être comprise comme celle qui est au cœur du Père et
au cœur de sa Parole, éternelle en Dieu, humaine en Jésus,
flamme qui éternellement fait exister la Personne de l’Esprit et
qui préparera la divinisation de l’humanité, accueillie en Dieu
par ce même Esprit en personne.
On comprend dès lors que dans la tradition d’Israël l’histoire
d’Abraham ait été structurée quant à son idée de Dieu-qui-parle-
à-l’homme sur le modèle de l’engagement conjugal. On nous y
présente un Abraham qui donne comme contenu à l’engagement
de Dieu envers lui ce qu’il pouvait concevoir comme de plus
essentiel et de plus authentiquement don de l’» Éternel », à savoir
la promesse d’une descendance. Abraham, selon le récit biblique
— qui traduit le désir profond d’Israël —, se donne un Dieu qui
lui promet ce qu’il y a de plus profondément désiré par son cœur
d’homme et d’autant plus désiré que la femme élue pour épouse
avance en âge. La difficulté à enfanter met ainsi en évidence le
rôle de Dieu dans l’accomplissement du couple par l’enfant.
Abraham, et plus encore Israël dans le souvenir qu’il cultive
de son ancêtre, invente, dans l’Histoire, la plus grandiose idée de
Dieu et la plus noble compréhension de l’initiative de Dieu
envers l’homme : le don d’une descendance — à l’image de
l’engagement conjugal — par lequel l’homme, ainsi qu’il le
pensait, une fois dissous dans la mort, persiste encore en ses
enfants, quelque peu semblable en cela à l’Éternel. Si l’Éternel
demeure en lui-même, par le don de l’Éternel qu’est sa
descendance, l’homme demeure en ceux qui restent après lui.
A l’opposé des cultes polythéistes qui dispersent sur de
multiples divinités les diverses composantes de l’existence
humaine — divinités des forces de la nature, divinités de la