(Maritain est l`artisan et le défenseur d`une philosophie chrétienne

LE DIEU DE LA RAISON ET LE DIEU DE LA FOI
Le Père Dominique a voulu articuler son enseignement autour de 3 parties :
- Qu’est-ce que la raison peut nous dire de Dieu ?
- Qu’est-ce que la philosophie chrétienne dit à propos du mal (le manichéisme a
parfois été confondu à tort avec la doctrine chrétienne) ?
- La foi, c’est Dieu qui se révèle. Pour se révéler, Dieu va user de concepts
humains.
I – « La philosophie naturelle » de l’esprit humain.
Les évidences jouant de manière implicite dans l'exercice quotidien de notre raison,
la philosophie naturelle de l'esprit humain va expliciter ces évidences, les mettre en
lumière.
En effet, le scepticisme n’est pas le premier mouvement de notre intelligence.
Le point de départ qui est admis est donc le bon sens, fonctionnement naturel de
notre intelligence et qui contient plein d’évidences.
Si l’on approfondit ce mouvement de l’intelligence, nous allons porter un regard déjà
métaphysique sur les choses, sans même avoir la foi. Pour aborder ces questions, la
philosophie va utiliser des mots techniques aisément accessibles à chacun.
Ainsi l’intelligence va chercher une explication aux événements et la référence au
hasard ne va pas suffire. Le problème va se poser de chercher davantage
d’explications et le but de la philosophie va être de chercher une explication ultime.
Le Père Dominique nous renvoie à l’introduction à la philosophie de Jacques
MARITAIN.
(Maritain est l'artisan et le défenseur d'une philosophie chrétienne fondée sur
l'expérience et la raison, indépendante de la foi, mais en accord parfait avec la
Révélation)
Pour lui, l’ordre, l’harmonie supposent l’existence d’une intelligence qui est la cause
de cette harmonie.
Toutes les perfections sont des degrés « d’être » illimités : l’Amour, le Vrai, le Bien
sont des notions illimitées en elles-mêmes, même si nos expériences dans ces
domaines sont forcément limitées. La connaissance par analogie est vraie mais
forcément pauvre et imparfaite. La perfection de « l’être » est la perfection suprême.
Parménide était fasciné par cette notion de « l’être ». Il avait l’intuition que « l’être »
que nous avons est limité mais participe en soi d’un « être » qui serait illimité.
(Parménide d'Élée est un philosophe grec présocratique. Il a inlassablement répété
que l’Etre est, tandis que le Non-Être n'est pas. Parménide en fait niait l'existence du
monde que nous avons sous les yeux, car les êtres de ce monde sont multiples et
limités, l'Etre étant de soi infini et illimité.
Historiquement, les philosophes ont découvert que l’Etre-Dieu était transcendant,
mais ils n’ont pas découvert que Sa manière d'agir était également transcendante à
la nôtre : ils n'ont pas découvert la Création. . Pour eux, Dieu ordonnait un chaos
préexistant à lui. Ils ne pensaient pas qu’il était à l’origine de la matière. Avec la
Genèse, se révèlera la création à partir de rien. Nouveauté absolue dans la pensée
religieuse humaine).
La contemplation de l’univers nous conduit d’ailleurs à l’interrogation philosophique.
Comme le dit Pascal « un peu de science éloigne de Dieu mais beaucoup y
ramène ». La science moderne va nous confronter à la complexité vertigineuse de
l’univers.
En conclusion : la raison naturelle peut accéder à Dieu, et cela depuis Aristote et
Platon pour lesquels il y a des perfections qui ne disent pas leurs limites.
On peut aussi voir le chapitre 13 du livre de la Sagesse v. 5 : « la grandeur et la
beauté des créatures font, par analogie, contempler leur Auteur » et lire également
l’Epître de St Paul aux Romain (1. 19 – 20).
Finalement, la voie naturelle pour approcher la notion de l’existence de Dieu, c’est la
capacité de s’émerveiller ! (Danger de notre socié actuelle blasée qui peut
endormir notre recherche de l’explication ultime).
II – Le problème du Mal
Le choix du démon (dont le pourquoi et le comment restent à expliquer dans une
conférence ultérieure)...
Cette question est très présente dans le livre de Job+
Face au mal, la tentation de l’intelligence, c’est le manichéisme dans lequel Le Bien
serait le créateur du Bien et le Mal, le créateur du Mal.
(Le manichéisme est une religion fondée par le perse Mani au
III
e
siècle. Ce dualisme
religieux est une doctrine qui postule la coexistence de deux principes éternels et
inengendrés à l'origine de la création du bien (l'âme, le monde spirituel) et du mal (le
corps, le monde matériel). Un Être mauvais est coéternel au Dieu primordial.)
Or le Mal est toujours lié à la privation de quelque chose qui devrait être. Même si,
selon la doctrine chrétienne, le mal résulte de choix mauvais, nos propres défauts
vont à l’encontre de notre nature première.
Métaphysiquement, le mal absolu ne peut pas exister, le mal n’a pas besoin d’un
créateur pour expliquer son existence, car il est fondamentalement une privation, un
manque d'être.
D’ailleurs l’horreur ressentie devant le Mal repose sur la contemplation de la
splendeur du Bien.
Le Mal ne peut exister sans le bien alors que le Bien peut exister sans le Mal.
Pour l’Eglise, le démon a fait le choix du mal (dont le pourquoi et le comment restent
un mystère) mais l’Etre en lui, création de Dieu, est Bien.
Il existe une pensée manichéenne actuelle que l’on retrouve dans certaines
idéologies comme le communisme.
Le manichéisme est, dans son acception contemporaine une attitude consistant à
simplifier les rapports du monde, ramenés à une simple opposition entre des êtres
intrinsèquement et totalement bons et des êtres intrinsèquement et totalement
mauvais.
III - La Révélation :
La Foi sur cette terre est nécessairement imparfaite.
A l’issue de Vatican I l’Eglise proclame en 1870 un dogme selon lequel l’intelligence
naturelle peut avec ses seules forces arriver à la certitude que Dieu et l’âme sont
immortels.
Ce Dieu nous parle : la Révélation n’est pas une somme « d’informations » sur Dieu.
La Révélation est plutôt de l’ordre de la « confidence ».
La Foi est un don de Dieu qui va permettre à notre intelligence de pénétrer la pensée
de Dieu à travers les mots pourtant très humains contenus dans la Bible.
Le fait que la Foi soit un don ne doit pas nous décourager. La Foi sur cette terre est
nécessairement imparfaite car elle comporte une obscurifondamentale : on croit
ce que l'on ne voit pas. La Foi sur terre est appelée à disparaître remplacée par « la
vision de Dieu », selon St Paul.
Sur cette terre, il faut accepter la nuit de la Foi. Celle-ci peut se comparer aux étoiles
qui nous guident dans l’obscurité mais ne dissipent en rien la nuit. Il faut savoir tout
de même qu’avec le cœur, nous pourrons aller plus loin que la seule intelligence.
Quel est pour nous chrétiens le sens de cette révélation de l’amour de Dieu ?
St Thomas d’Aquin distingue deux niveaux dans le domaine de l’amour :
- La bienveillance qui suppose que la réciprocité n’existe pas
- L’amitié qui implique la réciprocité.
-
Pour St Thomas, la création révèle la bienveillance de Dieu, mais la Révélation nous
dit beaucoup plus sur la manière dont Dieu nous aime.
Pendant 2000 ans Dieu va préparer la venue du Christ et préparer le peuple élu à
comprendre qu’il a créé ce peuple par amour et qu’il lui voue un amour jaloux et
exclusif.
Puis le Christ arrive pour dire à tous les hommes qu’il aime chacun de cette manière
très exigeante.
L’intelligence humaine seule ne peut faire le tour d’une telle Révélation ; pour en
approcher il faut la Foi.
Le don de la Foi s’adresse à notre intelligence. Le don de la Grâce Sanctifiante
s'adresse à tout notre être.
Tous les autres mystères de la Foi sont liés à ce Don de L’Amour fou de Dieu.
La souffrance, au sens où elle contient une imperfection ne peut pas être en Dieu qui
est parfait. Mais Dieu peut néanmoins souffrir à cause de notre Non et « avoir mal à
notre âme ».
(On peut s’approcher de cette notion en pensant à l’empathie qui liait la Marquise de
Sévigné à sa fille très aimée et éloignée).
Dieu nous propose un amour totalement libre fait de réciprocité car lui-même par sa
nature trinitaire est relation d’Amour.
Notre OUI libre est extrêmement important aux yeux de Dieu : c’est pourquoi il
permet le NON du péché.
Pour en finir sur le rapport entre Raison et Foi, on peut dire que la Foi est supra-
rationnelle mais qu’elle n’est jamais contre la Raison.
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