L`ouest Chinois

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LE DEVELOPPEMENT DE
L’OUEST CHINOIS
PLAN
INTRODUCTION
I ) Les enjeux représentés par l’Ouest chinois
a) La stratégie de développement
b) Accélération du processus
c) Sur le plan géopolitique
II ) Les mesures politiques mises en place
a) Corriger les disparités
b) Dynamiser l’économie de la région
c) Améliorer l’environnement
CONCLUSION
INTRODUCTION
Lorsque l’on parle de la Chine de l’ouest, on se réfère généralement à neuf provinces et
régions autonomes : le Shaanxi, le Qinghai, le Gansu, le Sichuan, le Yunnan, le Guizhou, le
Ningxia, le Xinjiang et le Tibet, ainsi que la municipalité de Chongqing qui se trouve être
sous la direction administrative du gouvernement central. Cette zone représente 56% de la
superficie du pays (soit 5,4 millions de km² - territoire total : 9,6 millions de km²) mais
seulement 23% de la population (soit environ 285 millions de personnes).
L’Ouest chinois, malgré son immense richesse en ressources naturelles (pétrole, gaz naturels,
métaux, minerais…) est caractérisé par 3 problèmes susceptibles de freiner son
développement à l’heure où le pays, et plus particulièrement ses frontières occidentales,
devront subir la concurrence internationale suite à l’entrée de la Chine dans l’OMC :

Des conditions géographiques et climatiques difficiles : les provinces considérées comme
faisant partie de l’ouest chinois constituent un enchaînement de hauts massifs enneigés
(Tibet), de déserts rocailleux puis sableux (Xinjiang, Qinghai, Gansu, Shaanxi) et enfin de
forêts denses (Yunnan, Guizhou, Sichuan). Ces provinces connaissent également pour la
plupart d’entre elles des amplitudes thermiques ne permettant pas de produire certains
produits.
 Les problèmes d’infrastructures sont énormes et de toutes sortes. Les plus importants et
les plus récurrents sont le manque de routes bitumées, de ponts et de transports qui
constituent la base pour permettre l’implantation d’entreprises aussi bien chinoises
qu’internationales.
 La main-d’œuvre dans ces provinces est bien souvent non qualifiée, même si cela induit
qu’elle est très bon marché. Le taux de scolarisation de la population de l’Ouest est le plus
bas du pays, souvent dû au fait que la quasi-totalité des 55 minorités nationales est
regroupée dans l’ouest du pays et que ces minorités font l’objet de contrôles plus que
laxistes de la part des autorités locales en ce qui concerne le planning familial et la
scolarisation des enfants qui sont bien plus utiles dans les champs que sur les bancs de
l’école.
I) LES ENJEUX DU DEVELOPPEMENT DE
L’OUEST CHINOIS
a) Stratégie de développement
La décision de ce développement vers l’Ouest n’a rien de nouveau. En fait, elle fait partie du
plan stratégique de Deng Xiaoping qui avait été mis en avant dans les premières années de la
réforme (1978-1980). En effet, Deng pensait qu’un grand pays comme la Chine ne pouvait
obtenir une croissance économique rapide dans toutes les régions simultanément. Le
gouvernement chinois se devait, par conséquent, de développer en premier lieu quelques
centres régionaux au dynamisme avéré, en commençant par ceux qui possédaient des
avantages tels que leur situation géographique, leurs infrastructures, leurs ressources
naturelles et leur main-d’œuvre.
La stratégie de Deng Xiaoping spécifiait que les régions côtières dans le sud et l’est du pays
« doivent faire un usage complet de leurs avantages pour accélérer l’ouverture sur le reste du
monde et se développer rapidement avant les autres ».
C’est lorsque celles-ci auraient atteint un certain niveau de développement, que l’Etat dans un
deuxième temps concentrerait ses efforts pour aider les régions centrales et occidentales à
rattraper leur retard.
Par ailleurs, le président Jiang Zemin a rappelé que « le développement accéléré de l’Ouest
constitue une stratégie de développement national ». Il s’agit donc pour la Chine de stimuler
l’économie nationale dans un contexte de ralentissement intérieur et général.
A la session annuelle du Congrès National du Peuple tenue au printemps 2000, le
gouvernement chinois a pris pour décision de « mettre l’accent davantage sur la construction
économique des provinces occidentales plutôt que sur les provinces côtières »,
Les politiques préférentielles accordées aux zones économiques spéciales étant désormais
étendues à la Chine intérieure.
b) Accélération du processus : les raisons
Ce changement stratégique est basé sur certaines considérations importantes :
* D’abord et avant tout, rétablir l’équilibre est-ouest, la disparité régionale étant de plus en
plus importante entre les régions côtières et les régions de l’intérieur. Cet écart s’est creusé à
partir des années 80, (cf schéma 1) avec la réforme et l’ouverture vers l’extérieur, et
particulièrement depuis la célèbre Tournée du Sud de Deng Xiaoping de 1992 qui accorda aux
provinces côtières de plus amples politiques favorables aux initiatives non-étatiques.
De plus, les provinces côtières (et notamment les Zones Economiques Spéciales) bénéficiaient
d’un traitement préférentiel en matière de taxes et d’investissements. Par exemple, des taux
préférentiels de rétention de devises étrangères ont été accordées aux ZES et à certaines
provinces côtières, pour diriger les investissements étrangers vers ces régions (cf tableau 2).
En 2000, le PNB par personne dans la Chine de l’Ouest ne représentait qu’environ 60% de la
moyenne nationale. Selon une étude menée par le Bureau Chinois de la Statistique en 2000,
les 5% de la population la plus riche dans le pays détenaient presque 50% des comptes
rémunérés. Or, ces nouveaux riches sont implantés d’une façon très disproportionnée dans les
régions côtières. A cette même période, environ 90% de la population chinoise qui vit dans la
pauvreté absolue se trouvait dans les régions de l’Ouest. La différence entre le PNB par tête à
Shanghai et dans la province du Guizhou par exemple, a augmenté de 7.3 fois en 1990 à 12
fois en l’an 2000. Les disparités régionales grandissantes sont surtout visibles dans les
consommations des ménages (cf tableau 3).
* La consommation domestique stagnante à travers le pays est aussi une raison majeure dans
la décision de changement stratégique du gouvernement chinois. La demande a ralenti durant
ces dernières années. Les travailleurs urbains, qui constituent la plus grande partie des
consommateurs chinois à la fin des années 1980 et au début des années 1990, ont une
confiance plus mesurée dans la conjoncture actuelle et ne veulent plus dépenser autant en
raison de la hausse du coût des dépenses pour l’éducation des enfants, pour les dépenses de
santé et en raison d’un éventuel licenciement. La politique gouvernementale de baisse des
taux d’intérêt n’ a pas suffisamment eu d’incidence sur la consommation domestique que ce
qui était attendu.
Il y eut, toutefois, des signes encourageants pour l’économie chinoise en l’an 2000. Selon les
statistiques officielles, le PIB du pays a augmenté de 8% tandis que les importations et les
exportations ont crû de 25%. Cependant, les dirigeants chinois pensent que même si la
consommation repart dans les zones côtières et de l’intérieur, dans le monde paysan comme
dans le monde urbain, la Chine ne peut raisonnablement se considérer comme le plus grand
marché du monde. La croissance économique permise par de fortes exportations ne pourra se
maintenir si la consommation domestique ne devient pas un pilier de cette économie. Selon le
ministre de la Commission d’Etat du Développement au Plan, « la concurrence intensive dans
le marché international et l’insuffisance de la demande dans le marché domestique » appelle à
un développement de l’Ouest.
* Le challenge économique auquel vont être confrontées les régions de l’ouest, au moment où
la Chine entre dans l’OMC, est la troisième raison majeure de ce changement stratégique.
C’est conformément aux engagements pris lors des négociations pour son adhésion à l’OMC,
que la Chine doit accélérer l’ouverture sur l’extérieur de la région du Centre-ouest et des
secteurs tertiaire et commercial afin de permettre aux entreprises étrangères d’investir dans de
plus vastes domaines et de plus grands projets.
Cette ouverture implique un problème de taille. Selon une étude conduite par une banque
d’investissement américaine, environ 40 millions de personnes perdront leur emploi dans les
5 ans suivant l’entrée de la Chine dans l’OMC dû à une nécessaire restructuration
économique. La plupart d’entre eux seront des paysans et des salariés des entreprises d’Etat.
Cela signifie que les régions occidentales de la Chine seront très affectées puisqu’un grand
nombre d’entreprises d’Etat et une grande part du secteur agricole se situent dans le centre et
dans l’ouest du pays. Le gouvernement a récemment admis que le pays comptait 16 millions
de chômeurs dans les zones urbaines en l’an 2000 ; mais beaucoup d’experts pensent que ce
chiffre doit être revu à la hausse. La reconsidération de l’importance du développement
économique de l’Ouest doit constituer l’objectif numéro 1 pour le gouvernement chinois ; et
beaucoup d’économistes chinois préconisent la mise en chantier de projets d’infrastructures à
fort taux de main-d’œuvre pour réduire le problème du chômage dans cette zone.
* La quatrième raison majeure est le fait que les vastes régions de l’ouest ont subi une forte
dégradation de leur environnement écologique durant la dernière décennie. Les régions
occidentales de la Chine sont connues pour les richesses minières qu’elles renferment telles le
charbon, le pétrole, le gaz naturel et une douzaines d’autres minéraux. Plus de la moitié des
ressources naturelles du pays est recensée dans cette zone. Mais la région a récemment
souffert d’importants problèmes d’érosion, en raison de la rapide industrialisation et de
l’urbanisation galopante mais également en raison du manque de ressources financières.
Les deux plus grands fleuves de la Chine, le Fleuve Jaune et le Yangtze Kiang, ont subit
d’importantes érosions et la diminution de leur débit en amont. Selon les sources officielles,
80% du nombre des érosions qui ont eu lieu dans le pays se sont déroulées dans l’Ouest.
A l’automne 2000, Pékin a du affronté des tempêtes de sable qui ont duré environ six mois.
Des tempêtes de sable similaires ont également eu lieu dans tout le nord et le nord-est du pays
durant un mois et demi. La déforestation, la désertification, et les destructions végétales ont
augmenté à un niveau tellement alarmant que le gouvernement central a du prendre des
mesures immédiates pour remédier à ce désastre écologique.
d) Sur le plan géopolitique
* Le cas spécifique du Xinjiang et du Tibet.
Le besoin du gouvernement de prévenir de potentiels troubles sociaux dans les régions de
l’Ouest s’est intensifié par le fait que ces provinces sont constituées de nombreuses minorités
ethniques. Le mouvement pour l’indépendance du Tibet et les mouvements séparatistes au
Xinjiang ont toujours inquiété les dirigeants chinois. Le Xinjiang est considéré par les
autorités chinoises comme une zone dangereuse (cette province est désignée comme un
bastion du terrorisme islamique) pour avoir les mains libres d’exercer le « maintien de l’ordre
dont la Chine a besoin » qui s’apparente davantage à une répression sanglante de la
population ouïgour afin d’accélérer la sinisation d’une zone appelée à être le nouvel eldorado
de la Chine.
De plus, les différences salariales et l’absence de sécurité sociale ont engendré la
multiplication des crimes dans l’ensemble du pays mais particulièrement dans sa partie
occidentale. Selon les statistiques officielles, le nombre de meurtres s’est accrû de 40% depuis
1995 et les vols à main armées ont été multipliés par 5 depuis le début des années 1990.
D’ailleurs, aujourd’hui, certaines villes de l’ouest du pays sont désormais connues pour leur
taux de criminalité. Tous ces problèmes ont permis aux dirigeants chinois de prendre
conscience que la stabilité socio-politique dépend de l’amélioration des conditions
économiques à l’intérieur du pays.
* La Chine et la Russie constituent les deux poids lourds de l’Asie Centrale.
La Province Autonome du Xinjiang est la région clé de l’intégration économique de la Chine
en Asie Centrale. La chute de l’URSS et le développement économique de la Chine sont les
deux évènements majeurs qui ont marqué la zone à la fin des années 1980 et au début des
années 1990. Depuis, la Chine essaie d’exercer une influence et une pression à l’ouest de son
territoire, ce qui constitue une politique nouvelle pour elle.
Il faut savoir que les Etats d’Asie Centrale représentent la seconde réserve en ressources
naturelles dans le monde, ce qui aiguise les appétits de la Russie et de la Chine qui cherchent
à obtenir la maîtrise des pipelines de gaz naturel et de pétrole. La Chine souhaiterait à
nouveau exercer son influence historique sur l’Asie Centrale (qui avait été délaissée avant la
chute de l’empire au moment où les impérialismes occidentaux avaient imposé leurs traités
inégaux) depuis l’effondrement de l’ex-URSS et l’indépendance des 5 pays de la zone en
1992, à savoir : le Kazakhstan, le Kirghizistan, le Tadjikistan, le Turkménistan et
l’Ouzbékistan.
Les enjeux, en particulier au niveau des ressources naturelles sont énormes et l’affrontement
entre le « dragon » et l’« ours » n’est pas envisageable. Les deux nations se sont donc lancées
dans un « partenariat stratégique » de façade. Mais ce partenariat a failli se solder par une
rupture tant les intérêts de chacun sont divergents.
Lors de sa visite dans le Xinjiang en 1994, Li Peng (principal instigateur du massacre de Tian
An Men en 1989) a montré la volonté du gouvernement chinois de faire revivre la Route de la
Soie. Preuve de cet intérêt culturel : la prospection de nombreuses entreprises chinoises au
Kazakhstan principalement (et dans les autres pays d’Asie Centrale) qui a abouti à la future
création de 3000 km de pipeline ayant pour destination finale les côtes orientales et
méridionales de la Chine.
Les relations avec la Russie étant aujourd’hui encore très sensibles, un accord a été trouvé
pour que cet immense pipeline soit en partie dérivé jusqu’à Irkoutsk.
La seule façon d’éviter une rupture entre la Chine et la Russie est la réussite de ce partenariat
économique.
II) LES MESURES MISES EN PLACE
Il convient de voir quels types de mesures ont été prises et appliquées, dans quelle optique, et
pour quels résultats.
a) Corriger les disparités régionales
* Pour tenter d’égaliser les revenus, l’Etat propose une assistance financière sous forme
d’allocations budgétaires.
Néanmoins, avec la réforme amorcée au début des années 1980, le gouvernement central
rencontre des difficultés financières. En effet, en raison de l’expansion du secteur nonétatique, la part des revenus de l’Etat dans le PNB n’a cessé de baisser : de 30 % en 1978,
elle est passée à 22,3 % en 1985, 15,8 % en 1990, et 10,9 % en 1995. A cela s’ajoute une
hausse des dépenses : le gouvernement doit dégager des sommes importantes pour renflouer
le déficit des entreprises d’Etat, en plus des coûts de gestion des administrations et de la
défense nationale.
Il est donc devenu plus difficile pour Pékin de compter uniquement sur les allocations
budgétaires pour réduire les disparités régionales. De fait, les investissements dans la
construction de base, les fonds entrant dans le cadre de la « politique de réduction de la
pauvreté » de 1984, les subventions de « rééquilibrage » conçues dans le but de compenser le
manque de revenus au niveau local .. qui sont tout autant d’aides financières de la part de
l’Etat central, ont une faible portée. D’ailleurs, les subventions du centre vers les provinces
peuplées de minorités ethniques ont été réduites en 1988, puis finalement annulées en 1993.
Suite à une réforme fiscale en 1994, seuls les transferts fiscaux intergouvernementaux (avec
entre autres, remboursements d’impôts) restent significatifs. Mais la réforme demande encore
à être améliorée : certains questionnements subsistent en effet, tels que la capacité de l’Etat à
prélever et à mieux répartir les impôts.
Désormais, les prêts bancaires ont tendance à remplacer les allocations budgétaires comme
étant la source principale du capital consacré au développement. Dans les années 1980, ce
sont des prêts spécifiques qui ont été mis en place (réduction de la pauvreté, pour les régions
minoritaires, pour les entreprises gérées par le district dans les régions de l’intérieur…) ; puis
dans les années 1990, le gouvernement central a commencé à utiliser ses banques pour venir
en aide aux régions intérieures.
Par exemple, la Banque commerciale de Chine a été contrainte de mettre 70 % de ses prêts à
la disposition des régions du centre et de l’ouest, la Banque chinoise du développement a dû
offrir des prêts aux régions intérieures à des taux très favorables. En conséquence, en 1996,
les régions de l’ouest recevaient 63,1 % de la totalité de ces prêts, il est clair que ces régions
n’auraient pu avoir accès à ces ressources financières sans l’intervention de Pékin.
* Dans le contexte de la diminution des ressources de Pékin, l’Etat a choisi de promouvoir la
formation de réseaux de coopération. Il s’agit principalement de groupes de soutien collectifs
(un certain nombre de donateurs est désigné pour soutenir un ou deux bénéficiaires) ou de
système d’alliances (un arrangement selon lequel une province est alliée à une autre).
L’objectif restant toujours que les partenaires des régions côtières aident activement leurs
partenaires des régions intérieures à développer leur économie : investissements,
établissement de liens avec des entreprises étrangères, utilisation des excédents de maind’œuvre, formation de cadres, donation de fonds destinés à réduire la pauvreté …
On peut citer en exemple le cas du Tibet, dans lequel 29 gouvernements provinciaux ont
proposé en 1994, sur instruction de Pékin, de nombreux projets d’aide au développement de
l’économie du Tibet.
De même, en 1995, le Conseil des affaires d'Etat a demandé aux zones les plus développées
de l'est d’aider les zones de l'ouest. C'est ainsi que se sont formées des paires de partenaires :
Tianjin- Gansu, Shanghai-Yunnan, Jiangsu-Shaanxi, Zhejiang- Sichuan, Shandong-la région
autonome ouïgour du Xinjiang, Liaoning- Qinghai.
Certes, nombreux contrats de coopération économique ont été signés avec l’Est et les
créations d’entreprises dans la région ne sont pas négligeables, mais il ne faut pas oublier que
ces réseaux ont été imposés verticalement par le centre. Ces canaux de coopération souffrent
d’un manque de motivation. Souvent, les provinces de l’est n’apportent qu’une aide
symbolique, préférant préserver leurs ressources pour assurer leur propre développement,
plutôt à un partage de prospérité ou au développement de la nation. Sauf si elles y trouvent un
intérêt réel, comme l’exploitation des ressources naturelles, d’électricité hydraulique, ou de
certains secteurs de production, qui répondent à leurs besoins.
b) Dynamiser l’économie
La stratégie d’ouverture, par son côté discriminant, a creusé les inégalités régionales. Ce n’est
qu’au début des années 90 que le gouvernement central fut obligé de se pencher sur le
problème, à cause du mécontentement des gouvernements locaux des provinces intérieures.
En janvier 1991, Pékin autorisa toutes les unités au niveau provincial à conserver la même
proportion de leurs revenus en devises, éliminant les privilèges sélectifs dont bénéficiaient
plusieurs provinces. Les cinq ZES continuèrent cependant de conserver 100 % de leurs
revenus en devises. Mais plus généralement, la politique d’ouverture a été considérablement
étendue pour inclure beaucoup de régions intérieures, plusieurs villes des régions intérieures
furent déclarées villes « ouvertes », leur permettant ainsi d’entretenir des relations
économiques avec l’étranger dans des termes plus avantageux.
Les politiques d’incitation mises en œuvre par Pékin dans les année 1990 ont bel et bien eu
des impacts positifs, en réussissant à accroître les investissements étrangers dans les régions
de l’intérieur (cf schéma 4). Pour autant, le fait que les régions bénéficient de traitements
préférentiels en termes de fiscalité et d’investissement ne veut pas dire que les investisseurs
vont s’engager en l’absence d’infrastructures adéquates et de main-d’œuvre qualifiée. Il
faudrait que les incitations offertes dans ces régions soient tout aussi voire plus intéressantes
que celles accordées aux régions côtières. Les progrès se font progressivement, surtout depuis
l’an 2000, qui a vu naître de nouvelles mesures.
Et depuis l’adhésion à l’OMC, la Chine prend progressivement des mesures préférentielles
pour inciter les entreprises étrangères à investir davantage dans la construction
d’infrastructures dans l’ouest, en leur accordant notamment des faveurs en ce qui concerne les
impôts et la part des actions pouvant être détenues. Les projets de construction à haute
intensité de technologies et de capitaux, et les projets susceptibles de rapporter des devises
étrangères par l’exportation sont particulièrement encouragés. Dans l’ouest, les marchés de la
construction d’infrastructures, de l’extraction minière, du tourisme, de la protection de
l’environnement, du traitement des produits agricoles et d’élevage, de la refonte des moyens
de production existants, de l’exploitation et de la fabrication de nouveaux produits
électroniques seront désormais ouverts aux entreprises étrangères.
Un exemple : l’exploitation des ressources minérales. En tant que secteur pilier des régions
occidentales du pays, la valeur de production provenant de l'industrie minérale représenterait
18% du volume de production industrielle et agricole de l'ouest du pays. Selon le Ministère
chinois du Territoire et des Ressources naturelles (MTRN), la Chine s'apprête à promulguer
une série de politiques et mesures préférentielles pour réduire la perception de taxes et
améliorer l'environnement réservé aux investissements étrangers dans leur exploitation du
minerai dans les régions de l'Ouest. A ce titre, les entreprises à capitaux étrangers pourront,
pour la première fois, poser leur candidature pour obtenir le droit d'exploitation du minerai en
Chine.
Ces mesures favorables offrent aux régions de l'ouest de nouvelles opportunités pour attirer
les investisseurs étrangers. Rien qu'au cours des premiers six mois de l'année 2001, la région
de l'ouest a vu s'implanter environ 15 000 entreprises étrangères avec un montant
d'investissement global de 70 milliards de dollars US.
c) Améliorer l’environnement
* La stratégie du "développement durable"
Le développement de l'ouest actuel ne serait pas réalisable si le pays se contente de copier
l'expérience du développement de l'est menée depuis 20 ans. Ce n'est pas seulement parce que
ces deux régions ont des différences considérables dans les domaines tels que les ressources
naturelles et l'évolution historique, mais aussi et surtout parce que le point de départ et les
conditions de développement tant intérieures qu'extérieures ne sont plus les mêmes.
Selon Zeng Peiyan, directeur de la Commission nationale pour le Plan du Développement, la
protection de l'environnement et un aménagement écologique doivent s'intégrer dans la
stratégie à long terme du développement de la partie ouest de la Chine.
La Chine mise aussi sur la formation et l’éducation en investissant dans des universités. Il
s’agit d’avoir sur place une main-d’œuvre aux compétences techniques adaptées.
* Infrastructures
En attendant l’élaboration du plan à moyen et long terme du développement de l’Ouest, la
Commission d’Etat pour la Planification du Développement a proposé la mise en chantier de
grands ouvrages qui, pour la plupart, portent sur les transports et les infrastructures.
Actuellement, en ce qui concerne le développement routier dans l'Ouest, les problèmes
suivants se posent : faible envergure des réseaux routiers, faible accessibilité, faible niveau
technique et mauvaises conditions pour l'ouverture à la circulation. C’est une région très
enclavée. Parmi les projets les plus significatifs, on peut citer : la construction d’une nouvelle
ligne de chemin de fer entre Xi’an et Hefei, la construction de routes (au Qinghai surtout), y
compris des artères nationales et des routes menant à des districts pauvres, et la construction
d'aéroports.
D’autres projets, dont l’objectif est de contribuer à l’approvisionnement du pays en énergie,
sont également en cours. On estime en effet qu’au cours du XXIème siècle, 60 % des matières
premières et 50 % de l'énergie dont l'est aura besoin devront être fournies par l'ouest. Pour
cette raison, le potentiel de développement économique de la Chine réside dans l'exploitation
des ressources naturelles de l'ouest. On peut citer : construction d’un gazoduc Sebei-XiningLanzhou, de complexes hydrauliques au Sichuan (Zipingpu) et au Ningxia (Shapotou), d’une
pipeline de gaz naturel de 4200 km traversant huit provinces permettant de relier la Province
Autonome du Xinjiang à Shanghai, etc …
Par ailleurs, le gouvernement chinois va dépenser 110 milliards de yuans (13 milliards de $)
pour améliorer l'environnement de sa partie ouest sur les cinq prochaines années, selon le
ministre chinois des Finances, Xiang Huaicheng. Actuellement, de nombreuses mesures ont
été prises par le gouvernement chinois, telles qu'un plan de reconversion des terres en forêt ou
prairie et de reboisement. Ces ouvrages permettront d‘améliorer l’environnement écologique
de la région, en empêchant l’érosion du sol et l’assèchement des nappes d’eau.
Ces dernières années, la mise en valeur des régions de l’ouest a connu un déroulement
normal. Quel en est le bilan ? En l’an 2000, la réalisation de ces projets majeurs a enregistré
des progrès substantiels. En 2001, l’Etat a investi 300 milliards de yuans pour mettre en
chantier 12 nouveaux projets majeurs. La croissance économique de la région s’accélère et
dépasse la moyenne nationale, du moins c’est ce qu’affirment les autorités chinoises.
CONCLUSION
Le développement des régions occidentales, comme l’a indiqué le Premier Ministre Zhu
Rongji, « est un projet à long terme qui demandera l’effort de plusieurs générations ».
Avec cette nouvelle stratégie, l’année 2000 est considérée comme un tournant dans la
recherche d’un meilleur équilibre entre les diverses provinces du pays : plusieurs requêtes et
propositions faites au centre depuis dix ans ont enfin été suivies.
Un bureau pour le développement de l’ouest, placé sous l’égide du Conseil des affaires d’Etat,
fut mis en place en mars 2000.
Cette année-là, le gouvernement chinois a alloué 70 % de ses Bons du Trésor et 70 % des
fonds gouvernementaux aux initiatives locales.
Par ailleurs, annoncés par le Bureau national de l’administration fiscale, les taux d’imposition
pour les entreprises à capitaux étrangers ont été rabaissés à 15 % à partir de janvier 2000.
Il est indéniable qu’il existe des signes encourageants, mais suffiront-ils à combler le fossé
est-ouest ?
Pour le moment, les régions de l’est soutiennent cette stratégie, dans la mesure où le
développement de l’ouest peut permettre à la demande intérieure de redémarrer, et surtout les
régions de l’ouest peuvent leur fournir des ressources naturelles bon marché.
Mais, il est encore difficile de prévoir quelles seront les portées réelles de ces dispositifs, car
les entrepreneurs étrangers hésitent encore à investir dans la région, malgré les mesures
préférentielles qui leur sont accordées.
Il en va de la capacité d’intervention de l’Etat chinois dans cette stratégie.
Bibliographies
Perspectives Chinoises, n°60, Juillet-août 2000
Perspectives Chinoises, n°62, Novembre-décembre 2000
Asian Survey, vol XLI, n°1, Janvier-février 2001
Site internet : web.amb-chine.fr (ambassade de Chine)
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