LE DEVELOPPEMENT DE
L’OUEST CHINOIS
PLAN
INTRODUCTION
I ) Les enjeux représentés par l’Ouest chinois
a) La stratégie de développement
b) Accélération du processus
c) Sur le plan géopolitique
II ) Les mesures politiques mises en place
a) Corriger les disparités
b) Dynamiser l’économie de la région
c) Améliorer l’environnement
CONCLUSION
INTRODUCTION
Lorsque l’on parle de la Chine de l’ouest, on se réfère généralement à neuf provinces et
régions autonomes : le Shaanxi, le Qinghai, le Gansu, le Sichuan, le Yunnan, le Guizhou, le
Ningxia, le Xinjiang et le Tibet, ainsi que la municipalité de Chongqing qui se trouve être
sous la direction administrative du gouvernement central. Cette zone représente 56% de la
superficie du pays (soit 5,4 millions de km² - territoire total : 9,6 millions de km²) mais
seulement 23% de la population (soit environ 285 millions de personnes).
L’Ouest chinois, malgré son immense richesse en ressources naturelles (pétrole, gaz naturels,
métaux, minerais…) est caractérisé par 3 problèmes susceptibles de freiner son
développement à l’heure où le pays, et plus particulièrement ses frontières occidentales,
devront subir la concurrence internationale suite à l’entrée de la Chine dans l’OMC :
Des conditions géographiques et climatiques difficiles : les provinces considérées comme
faisant partie de l’ouest chinois constituent un enchaînement de hauts massifs enneigés
(Tibet), de déserts rocailleux puis sableux (Xinjiang, Qinghai, Gansu, Shaanxi) et enfin de
forêts denses (Yunnan, Guizhou, Sichuan). Ces provinces connaissent également pour la
plupart d’entre elles des amplitudes thermiques ne permettant pas de produire certains
produits.
Les problèmes d’infrastructures sont énormes et de toutes sortes. Les plus importants et
les plus récurrents sont le manque de routes bitumées, de ponts et de transports qui
constituent la base pour permettre l’implantation d’entreprises aussi bien chinoises
qu’internationales.
La main-d’œuvre dans ces provinces est bien souvent non qualifiée, même si cela induit
qu’elle est très bon marché. Le taux de scolarisation de la population de l’Ouest est le plus
bas du pays, souvent dû au fait que la quasi-totalité des 55 minorités nationales est
regroupée dans l’ouest du pays et que ces minorités font l’objet de contrôles plus que
laxistes de la part des autorités locales en ce qui concerne le planning familial et la
scolarisation des enfants qui sont bien plus utiles dans les champs que sur les bancs de
l’école.
I) LES ENJEUX DU DEVELOPPEMENT DE
L’OUEST CHINOIS
a) Stratégie de développement
La décision de ce développement vers l’Ouest n’a rien de nouveau. En fait, elle fait partie du
plan stratégique de Deng Xiaoping qui avait été mis en avant dans les premières années de la
réforme (1978-1980). En effet, Deng pensait qu’un grand pays comme la Chine ne pouvait
obtenir une croissance économique rapide dans toutes les régions simultanément. Le
gouvernement chinois se devait, par conséquent, de développer en premier lieu quelques
centres régionaux au dynamisme avéré, en commençant par ceux qui possédaient des
avantages tels que leur situation géographique, leurs infrastructures, leurs ressources
naturelles et leur main-d’œuvre.
La stratégie de Deng Xiaoping spécifiait que les régions côtières dans le sud et l’est du pays
« doivent faire un usage complet de leurs avantages pour accélérer l’ouverture sur le reste du
monde et se développer rapidement avant les autres ».
C’est lorsque celles-ci auraient atteint un certain niveau de développement, que l’Etat dans un
deuxième temps concentrerait ses efforts pour aider les régions centrales et occidentales à
rattraper leur retard.
Par ailleurs, le président Jiang Zemin a rappelé que « le développement accéléré de l’Ouest
constitue une stratégie de développement national ». Il s’agit donc pour la Chine de stimuler
l’économie nationale dans un contexte de ralentissement intérieur et général.
A la session annuelle du Congrès National du Peuple tenue au printemps 2000, le
gouvernement chinois a pris pour décision de « mettre l’accent davantage sur la construction
économique des provinces occidentales plutôt que sur les provinces côtières »,
Les politiques préférentielles accordées aux zones économiques spéciales étant désormais
étendues à la Chine intérieure.
b) Accélération du processus : les raisons
Ce changement stratégique est basé sur certaines considérations importantes :
* D’abord et avant tout, rétablir l’équilibre est-ouest, la disparité régionale étant de plus en
plus importante entre les régions côtières et les régions de l’intérieur. Cet écart s’est creusé à
partir des années 80, (cf schéma 1) avec la réforme et l’ouverture vers l’extérieur, et
particulièrement depuis la célèbre Tournée du Sud de Deng Xiaoping de 1992 qui accorda aux
provinces côtières de plus amples politiques favorables aux initiatives non-étatiques.
De plus, les provinces côtières (et notamment les Zones Economiques Spéciales) bénéficiaient
d’un traitement préférentiel en matière de taxes et d’investissements. Par exemple, des taux
préférentiels de rétention de devises étrangères ont été accordées aux ZES et à certaines
provinces côtières, pour diriger les investissements étrangers vers ces régions (cf tableau 2).
En 2000, le PNB par personne dans la Chine de l’Ouest ne représentait qu’environ 60% de la
moyenne nationale. Selon une étude menée par le Bureau Chinois de la Statistique en 2000,
les 5% de la population la plus riche dans le pays détenaient presque 50% des comptes
rémunérés. Or, ces nouveaux riches sont implantés d’une façon très disproportionnée dans les
régions côtières. A cette même période, environ 90% de la population chinoise qui vit dans la
pauvreté absolue se trouvait dans les régions de l’Ouest. La différence entre le PNB par tête à
Shanghai et dans la province du Guizhou par exemple, a augmenté de 7.3 fois en 1990 à 12
fois en l’an 2000. Les disparités gionales grandissantes sont surtout visibles dans les
consommations des ménages (cf tableau 3).
* La consommation domestique stagnante à travers le pays est aussi une raison majeure dans
la décision de changement stratégique du gouvernement chinois. La demande a ralenti durant
ces dernières années. Les travailleurs urbains, qui constituent la plus grande partie des
consommateurs chinois à la fin des années 1980 et au début des années 1990, ont une
confiance plus mesurée dans la conjoncture actuelle et ne veulent plus dépenser autant en
raison de la hausse du coût des dépenses pour l’éducation des enfants, pour les dépenses de
santé et en raison d’un éventuel licenciement. La politique gouvernementale de baisse des
taux d’intérêt n’ a pas suffisamment eu d’incidence sur la consommation domestique que ce
qui était attendu.
Il y eut, toutefois, des signes encourageants pour l’économie chinoise en l’an 2000. Selon les
statistiques officielles, le PIB du pays a augmenté de 8% tandis que les importations et les
exportations ont crû de 25%. Cependant, les dirigeants chinois pensent que même si la
consommation repart dans les zones côtières et de l’intérieur, dans le monde paysan comme
dans le monde urbain, la Chine ne peut raisonnablement se considérer comme le plus grand
marché du monde. La croissance économique permise par de fortes exportations ne pourra se
maintenir si la consommation domestique ne devient pas un pilier de cette économie. Selon le
ministre de la Commission d’Etat du Développement au Plan, « la concurrence intensive dans
le marché international et l’insuffisance de la demande dans le marché domestique » appelle à
un développement de l’Ouest.
* Le challenge économique auquel vont être confrontées les régions de l’ouest, au moment où
la Chine entre dans l’OMC, est la troisième raison majeure de ce changement stratégique.
C’est conformément aux engagements pris lors des négociations pour son adhésion à l’OMC,
que la Chine doit accélérer l’ouverture sur l’extérieur de la région du Centre-ouest et des
secteurs tertiaire et commercial afin de permettre aux entreprises étrangères d’investir dans de
plus vastes domaines et de plus grands projets.
Cette ouverture implique un problème de taille. Selon une étude conduite par une banque
d’investissement américaine, environ 40 millions de personnes perdront leur emploi dans les
5 ans suivant l’entrée de la Chine dans l’OMC à une nécessaire restructuration
économique. La plupart d’entre eux seront des paysans et des salariés des entreprises d’Etat.
Cela signifie que les régions occidentales de la Chine seront très affectées puisqu’un grand
nombre d’entreprises d’Etat et une grande part du secteur agricole se situent dans le centre et
dans l’ouest du pays. Le gouvernement a récemment admis que le pays comptait 16 millions
de chômeurs dans les zones urbaines en l’an 2000 ; mais beaucoup d’experts pensent que ce
chiffre doit être revu à la hausse. La reconsidération de l’importance du développement
économique de l’Ouest doit constituer l’objectif numéro 1 pour le gouvernement chinois ; et
beaucoup d’économistes chinois préconisent la mise en chantier de projets d’infrastructures à
fort taux de main-d’œuvre pour réduire le problème du chômage dans cette zone.
* La quatrième raison majeure est le fait que les vastes régions de l’ouest ont subi une forte
dégradation de leur environnement écologique durant la dernière décennie. Les régions
occidentales de la Chine sont connues pour les richesses minières qu’elles renferment telles le
charbon, le pétrole, le gaz naturel et une douzaines d’autres minéraux. Plus de la moitié des
ressources naturelles du pays est recensée dans cette zone. Mais la région a récemment
souffert d’importants problèmes d’érosion, en raison de la rapide industrialisation et de
l’urbanisation galopante mais également en raison du manque de ressources financières.
Les deux plus grands fleuves de la Chine, le Fleuve Jaune et le Yangtze Kiang, ont subit
d’importantes érosions et la diminution de leur débit en amont. Selon les sources officielles,
80% du nombre des érosions qui ont eu lieu dans le pays se sont déroulées dans l’Ouest.
A l’automne 2000, Pékin a du affronté des tempêtes de sable qui ont duré environ six mois.
Des tempêtes de sable similaires ont également eu lieu dans tout le nord et le nord-est du pays
durant un mois et demi. La déforestation, la désertification, et les destructions végétales ont
augmenté à un niveau tellement alarmant que le gouvernement central a du prendre des
mesures immédiates pour remédier à ce désastre écologique.
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