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La réforme religieuse, la démocratie chrétienne et l’islam politique. Comparaisons,
débat et prospection.
Tunis, 18-19-20 Mai 2017
Appel à candidature
Dans le cadre de ses activités, le Centre Arabe des Recherches et de l’Etude des Politiques.
Tunis organise en partenariat avec l’Institut MagDe un colloque scientifique international
sur : « La réforme religieuse, la démocratie chrétienne et l’islam politique. Comparaisons,
débat et prospection »
L’Argumentaire
Cette année coïncide avec le cinquième centenaire du mouvement religieux réformateur
(octobre 1517-octobre 2017) initié en Europe par le théologien allemand Martin Luther et qui
avait eu progressivement un important impact en dehors de son pays d’origine. Pourtant,
quelques siècles après, ces reformes accompagnées par de multiples changements, restent
d’une grande actualité, inspirant les uns et les autres d’autant qu’elles se sont fondées sur la
réduction de la prédominance du droit canonique ainsi que sur la différenciation-dissociation
de la sphère du sacré de celle du profane et se sont attelées à mettre fin à l’intercession, à
l’instrumentalisation et à l’hégémonie. Autant de champs investis par l’Eglise des siècles
durant.
Nul doute ne persiste quant à considérer que ces réformes reposant sur une nouvelle
approche, celle de Sola fides, ou le salut par la foi seule, ont constitué une véritable révolution
religieuse qui a pu se soustraire de l’impasse théologique scolastique et de la logique
commerciale de l’église pour l’achat de l’absolution et du salut. Une révolution déclenchée
par Luther et tout un groupe de précurseurs théologiens réformistes tels Jean Calvin,
Huldreich Zwingli, qui au prix d‘un fort tribut de souffrances (la guerre de trente ans
1618/1648) a fait entrer, à des rythmes différents, les sociétés occidentales dans le siècle des
lumières et de la modernité politique.
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Ces réformes contribueront à la naissance d’une éthique sociale prônant la dignité
humaine, la tolérance, l’égalité, la responsabilité, la liberté de la conscience. Naissance
coïncidant avec les grandes transformations que connaitra l’Europe avec l’industrialisation et
l’urbanisation massive et qui poseront avec acuité la question sociale. C’est dans ce contexte,
qui s’est procuré difficilement sa légitimité croissante, que sont nés les partis de la démocratie
chrétienne parmi les cercles protestants et catholiques, (en Italie, en France, en Allemagne, en
Autriche, en Suisse…) et qui participeront activement dans la vie politique.
Malgré les différences contextuelles majeures entre les deux espaces européen et arabe, la
réforme religieuse demeure une revendication grandissante en « Terre d’Islam », quand bien
même quelques voix appellent à un post-réformisme et à relativiser cette reforme au vu de ses
entrées multiples surtout si l’on conjugue d’autres facteurs importants tels que le poids de
l’Etat national, l’impact du modèle developpement politico-économique et culturel, la
question de l’éducation, la loi...Etc.
Le monde arabo-musulman a connu lui aussi d’importantes expériences initiées par des
mouvements réformateurs (Khaireddine, Mouhamed Abda, Rachid Ridha, Chekib Arslan,
Jameleddine al-afghani…) et ce depuis la fin du 18ème siècle. Efforts, qui durant un peu plus
de deux siècles, se sont déployés à présenter des visons et des réformes proclamant le retour
aux sources et appelant, diversement, à sadapter à la modernité. Il y avait aussi d’autres
projets de réforme qui se ressourçaient eux essentiellement dans la culture et les valeurs
occidentales. Pourtant, deux siècles après, on peut affirmer que ce qui a été réalise sur ce plan
reste assez mince et très limité. Mieux encore, d’aucuns affirment que l’on assiste à une
régression par rapport à l’époque citée. Régression d’autant plus renforcée qu’elle
s’accompagne d’un confessionnalisme recroquevillé, d’un repli identitaire, d’un esprit
confessionnel jusqu’au-boutiste accusant l’« autre » d’apostasie et d’abjuration.
Dans le sillage de ces efforts réformistes, sont nés des mouvements (groupes) politiques
qui se considèrent comme étant un prolongement de cet héritage réformiste et qu’ils essaient,
dans un effort de se constituer une légitimité, de le mobiliser et de se l’approprier. Alors que
la question du religieux/politique dans la civilisation islamique ait toujours été victime d’un
épuisant imaginaire qui perturbait l’organisation politique des collectivités nationales; l’islam
politique dans ses diverses formes et expressions ne cesse de s’affirmer comme étant une
réalité indéniable. Réalité qui s’affirme encore plus suite aux soulèvements et révolutions
arabes, avec l’arrivée au pouvoir, par les urnes, de quelques partis islamistes tels les frères
musulmans en Egypte, le mouvement nahdha en Tunisie, ou d’autres en Turquie, au Maroc et
au sud-est asiatique. Autant d’événements majeurs qui remettent en question, encore une fois,
le rapport problématique et complexe entre le religieux et le politique alors que toute la région
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passe par des changements structurels et géopolitiques profonds. Complexité aggravée
d’autant plus que le dualisme religion-pouvoir, la réconciliation des partis islamistes avec la
démocratie, avec l’Etat civil et les droits de l’homme, restent de vraies sources de souci et de
tension.
Pour toutes ces raisons le besoin est vital de procéder à l’analyse et à l’étude comparée des
développements des partis de l’islam politique dans le monde arabo-musulman et ceux des
partis de la démocratie chrétienne dans le monde occidental, et ce dans leurs contextes
historiques tout en posant la question de développement-modernisation de l’action politique
sous deux angles. Le premier celui de la réforme religieuse et le second a trait à la saisie des
changements et évolutions des pratiques politiques des fideles croyants
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. Toutefois, ce
colloque ne se restreindra pas à une comparaison historique de la réforme menée dans les
deux religions. Il faut qu’il y ait un effort plus profond destiné à saisir l’évolution de la
réforme et d’en découvrir les impacts actuels sur l’action politique et sociale et surtout
connaitre son impact dynamique sur le processus démocratique en général.
À cette fin, seront soulevés les trois axes thématiques suivants:
Premier axe : la réforme religieuse
Quels étaient les principes de base des reformes religieuses que l’Europe a connues et quels
étaient les impacts sur les rapports entre le pouvoir politique et l’Eglise ? Quels en étaient les
facteurs favorables durant les différentes phases (nouveaux modes de production, Etat/nation,
processus de laïcité, etc.) ? Ces reformes, malgré leur importance, ne seraient-elles pas un
retour au fondamentalisme chrétien ? Quels échos et impacts auraient-elles au niveau des
projets de reforme religieuse dans le monde musulman? Comment ces conditions
contribueraient-elles à l’apparition de la démocratie chrétienne?
Deuxième axe : la démocratie chrétienne
Quelles étaient les conditions historiques, sociétales et théoriques qui ont contribué à
l’apparition et à la formation des partis de la démocratie chrétienne? Quelles sont les bases de
leur légitimité (référentiel, prestation, rapports actuels avec l’Eglise…)? Quelles attitudes
avaient ces partis concernant la question religieuse (sont-ils le bras laïque de l’Eglise ou de
purs partis politiques) ? Comment ces partis ont-ils participé à l’ancrage et à la consolidation
des valeurs de la démocratie et du libéralisme et réussir à nouer des pactes avec la gauche et
avec la droite ? Quelles étaient leurs contributions à l’enrichissement des idées et du paysage
politiques ? Mais aussi quelles étaient les crises et les désenchantements de leurs parcours ?
Créer de tels partis ne présuppose-t-il pas la mention de la laïcité dans la constitution ?
Comment ces partis ont-ils réussi leur adaptation à une réalité laïque? Quelles étaient leurs
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Olivier ROY (2005), la laïcité face à l’Islam, Stock.
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réponses face à la mondialisation et aux contraintes de l’Etat civil? Les partis islamistes
peuvent-ils s’en inspirer ?
Troisième axe : l’islam politique
Quels sont les niveaux de comparaison possibles entre les partis de la démocratie
chrétienne et ceux de l’islam politique (les valeurs, l’approche analytique et interprétative, le
référentiel et l’arrière-fond religieux) ? y-a-t-il contraste et opposition entre naissance de
partis islamistes et les valeurs de la modernité politique (l’Etat civil, la citoyenneté
responsable, le multipartisme, la libre adhésion aux idées et croyances…) ? Les partis de
l’islam politique peuvent-ils adopter une « laïcité croyante » et adhérer pleinement à l’action
politique dont les substrats solides sont l’Etat de citoyens et la démocratie ? Comment
comprendre l’appréhension, l’inquiétude et l’hésitation qu’éprouvent les « partis religieux »
dans le monde arabe, en face de la laïcité ? Quelles sont les chances que les partis islamistes
s’inscrivent dans une dynamique de réforme religieuse interagissant avec les sciences
religieuses-légales (les principes de la jurisprudence, de l’interprétation et de l’exégèse les
finalités sociales de la loi islamique) en vue de la création d’une plate forme intellectuelle à
même de créer une nouvelle pensée politique ? Si tel est le cas, quelles places et priorités
seraient accordées aux valeurs de la liberté, l’égalité, la responsabilité, la citoyenneté ? Peut-
on parler d’un islam démocrate ?...Etc.
Autant de questions et de problématiques que ce colloque va débattre, analyser et élucider en
faisant appel aux approches multidisciplinaires à même de découvrir l’étendue des
changements et la complexité de la question de la réforme religieuse.
Comité scientifique :
Anaya Ezzedine : Professeur à l’Université de Sapienza de Rome, et à l’Université
l’Orientale de Napoli, spécialiste des études islamiques et des religions comparées.
Ben Abdejjalil Moncef: Professeur de civilisation arabe, doyen de la Faculté des Lettres et
des Sciences Humaines de Sousse Université de Sousse.
Kchaou Mounir : Professeur d’enseignement supérieur et chercheur en philosophie à la
Faculté des Sciences Humaines et Sociales de Tunis Université de Tunis.
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Ennaifer Hmida : Professeur et chercheur à l’Université Zitouna, spécialiste de l’Islam et de
la pensée islamique.
Bouhlel Mohamed: Professeur de civilisation arabe à la Faculté des Lettres et des Sciences
Humaines de Sousse Université de Sousse.
Allani Habib : Professeur et chercheur en histoire islamique Directeur du Centre des
Etudes Islamiques du Kairouan, Université de Kairouan.
Maatoug Faraj : Maître de conférence et historien chercheur à la Faculté des Sciences
Humaines et Sociales de Tunis Université de Tunis.
Mabrouk Mehdi : Maître de conférence et sociologue chercheur à la Faculté des Sciences
Humaines et Sociales de Tunis Université de Tunis.
Ayari Adel : Maître assistant, sociologue et chercheur en sociologie des entreprises.
Drissi Mehrez : Docteur en sciences de l’éducation et expert en orientation universitaire.
Dates:
Date du colloque : 18-19-20 Mai 2017 à Tunis
Date limite de l’envoi des résumés : 28 Février 2017
Notification des résultats des évaluations : 07 Mars 2017
Date limite de soumission du texte final (full paper): 30 Avril 2017
Conditions de participation
Remplir la fiche d’inscription ci-jointe ou disponible sur www.carep.tn
Envoi des projets de communication:
- Remplir la fiche de participation (disponible sur www.carep.tn)
- Envoi des résumés :
Envoi des résumés : La soumission de résumé doit comporter : un titre, un résumé de 500 à
700 mots, incluant la problématique soulevée, la méthodologie de recherche et les principales
idées, 05 mots clés, une bibliographie sommaire. Tout en respectant les conditions
scientifiques de la rédaction, de la saisie des notes de bas de page et de la bibliographie,
(consulter : www.carep.tn ou www.dohainstitute.org)
- Le texte final (full paper) : de 5000 à 7000 au maximum Pour le résumé et le texte
final :
- Caractère de l’écriture : Times New Roman 12 pour le français et l’anglais, et Sakkal
Majalla 14 pour l’arabe.
- Langues du colloque : Arabe Français - Anglais.
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