Ces réformes contribueront à la naissance d’une éthique sociale prônant la dignité
humaine, la tolérance, l’égalité, la responsabilité, la liberté de la conscience. Naissance
coïncidant avec les grandes transformations que connaitra l’Europe avec l’industrialisation et
l’urbanisation massive et qui poseront avec acuité la question sociale. C’est dans ce contexte,
qui s’est procuré difficilement sa légitimité croissante, que sont nés les partis de la démocratie
chrétienne parmi les cercles protestants et catholiques, (en Italie, en France, en Allemagne, en
Autriche, en Suisse…) et qui participeront activement dans la vie politique.
Malgré les différences contextuelles majeures entre les deux espaces européen et arabe, la
réforme religieuse demeure une revendication grandissante en « Terre d’Islam », quand bien
même quelques voix appellent à un post-réformisme et à relativiser cette reforme au vu de ses
entrées multiples surtout si l’on conjugue d’autres facteurs importants tels que le poids de
l’Etat national, l’impact du modèle de développement politico-économique et culturel, la
question de l’éducation, la loi...Etc.
Le monde arabo-musulman a connu lui aussi d’importantes expériences initiées par des
mouvements réformateurs (Khaireddine, Mouhamed Abda, Rachid Ridha, Chekib Arslan,
Jameleddine al-afghani…) et ce depuis la fin du 18ème siècle. Efforts, qui durant un peu plus
de deux siècles, se sont déployés à présenter des visons et des réformes proclamant le retour
aux sources et appelant, diversement, à s’adapter à la modernité. Il y avait aussi d’autres
projets de réforme qui se ressourçaient eux essentiellement dans la culture et les valeurs
occidentales. Pourtant, deux siècles après, on peut affirmer que ce qui a été réalise sur ce plan
reste assez mince et très limité. Mieux encore, d’aucuns affirment que l’on assiste à une
régression par rapport à l’époque citée. Régression d’autant plus renforcée qu’elle
s’accompagne d’un confessionnalisme recroquevillé, d’un repli identitaire, d’un esprit
confessionnel jusqu’au-boutiste accusant l’« autre » d’apostasie et d’abjuration.
Dans le sillage de ces efforts réformistes, sont nés des mouvements (groupes) politiques
qui se considèrent comme étant un prolongement de cet héritage réformiste et qu’ils essaient,
dans un effort de se constituer une légitimité, de le mobiliser et de se l’approprier. Alors que
la question du religieux/politique dans la civilisation islamique ait toujours été victime d’un
épuisant imaginaire qui perturbait l’organisation politique des collectivités nationales; l’islam
politique dans ses diverses formes et expressions ne cesse de s’affirmer comme étant une
réalité indéniable. Réalité qui s’affirme encore plus suite aux soulèvements et révolutions
arabes, avec l’arrivée au pouvoir, par les urnes, de quelques partis islamistes tels les frères
musulmans en Egypte, le mouvement nahdha en Tunisie, ou d’autres en Turquie, au Maroc et
au sud-est asiatique. Autant d’événements majeurs qui remettent en question, encore une fois,
le rapport problématique et complexe entre le religieux et le politique alors que toute la région