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Documents sur le contrôle ouvrier
et les pratiques autogestionnaires
de la classe ouvrière.
OPPOSITION OUVRIERE EN URSS n°1
L’organisation de l’économie
et les tâches des syndicats,
par A.Chliapnikov (1921)
Document de formation des CSR
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Principes directeurs
1. L’édification du communisme doit reposer sur un plan économique qui constitue le
fondement d’une utilisation organisée et de l’accroissement des forces productives du
pays. L’économie planifiée consiste autant dans l’exploitation rationnelle des forces du
travail, des outils et moyens techniques que dans la répartition organisée et finalisée de ces
forces et moyens de travail entre les différentes branches industrielles et les moyens de
communication, de même qu’entre les producteurs singuliers et les usagers.
2. Dans les circonstances actuelles, la réalisation d’un plan économique unique consiste
avant tout dans le rétablissement non seulement de l’industrie d’extraction des matières
premières et des combustibles de toutes sortes, mais aussi de toutes les branches de
l’industrie de transformation et dans le rétablissement des moyens de communication de
toutes sortes et de l’agriculture sous toutes ses formes. Le plan de redressement de la
capacité de production de la république doit se tenir dans certaines limites, aussi bien pour
l’immédiat qu’en ce qui concerne le programme général. Le but pratique général doit être
d’atteindre en quelques années le degré de productivité de 1913.
3. Un plan économique unique exclut tout emballement anarchique, ainsi que toute
extravagance. Les évaluations touchant la production des matières premières et des
combustibles et les programmes de production des entreprises doivent tenir compte des
moyens matériels existants et se développer de façon planifiée en fonction de
l’accumulation de ces moyens. Lors de la réalisation de ce plan, il faudra utiliser les
expériences capitalistes, mais aussi les expériences que nous avons acquises durant les
trois années de notre travail d’organisation d’une nouvelle économie.
4. Pour faciliter la réalisation d’un plan économique unique, il est indispensable d’unir les
entreprises selon des critères de production, de centraliser l’utilisation des techniques, de
concentrer la direction en un organisme unique. D’où la nécessité de mettre fin à la
politique actuelle déterminée par les intérêts de chaque entreprise politique qui disloque
l’unité d’organisation économique du pays.
5. La réalisation d’un plan économique unique nécessite que soit centralisée également la
direction de tous les organes qui sont en contact direct avec l’organisation et
l’administration de l’économie, comme par exemple le Conseil supérieur de l’économie, le
commissariat du peuple aux Finances, le commissariat du peuple aux Transports, le
commissariat du peuple à l’Agriculture et le commissariat du peuple au Commerce
extérieur. Cette centralisation a lieu dans le Comité exécutif panrusse des soviets.
6. La direction de l’ensemble de l’économie nationale de la R.S.F.S.R doit, conformément au
système des soviets, reposer sur les principes du centralisme ouvrier, c’est-à-dire de
l’éligibilité et de la responsabilité devant les organisations des producteurs organisés et des
ouvriers, de tous les organes chargés de la direction et de l’organisation de l’économie, des
plus bas jusqu’aux plus hauts.
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7. Les formes d’organisation de la direction de l’économie et le système de rapports
réciproques liant les différents organes économiques doivent permettre, sous leur forme
définitive, que la direction de l’ensemble de l’économie nationale, en tant que totalité
économique unique, soit concentrée dans les mains des organisations de producteurs de la
république existant actuellement en tant que syndicats de production.
8. Cette concentration de la direction de l’économie unifiée de la république sera obtenue par
l’introduction d’un règlement organisationnel selon lequel tous les organismes directeurs
de l’économie nationale, aussi bien centraux que locaux, seront élus par les représentants
des producteurs organisés. Ainsi se constitue l’unité de volonté nécessaire pour
l’organisation de l’économie ; simultanément est donnée aux larges masses d’ouvriers la
possibilité réelle d’influencer avec leurs propres initiatives l’organisation et le
développement de notre économie.
L’organisation de la direction de l’économie nationale
1. L’organisation de la direction de l’économie nationale revient au Congrès panrusse des
producteurs rassemblés dans les syndicats, qui élisent l’organe administratif central de la
direction de l’ensemble de l’économie de la république.
2. Les congrès panrusses des syndicats des différentes branches économiques élisent les
organes de direction des secteurs et branches de la production.
3. Les organes directeurs des régions, gouvernements, circonscriptions, rayons, etc., sont élus
par les congrès locaux des syndicats correspondants. Ainsi se constitue un lien entre le
centralisme de la production et les initiatives locales particulières.
4. Les sections des organes de direction économique des régions, gouvernements,
circonscriptions, rayons, etc., sont élues par les syndicats correspondants.
5. L’élimination du bureaucratisme économique actuel, qui ne tient pas compte des initiatives
propres des masses ouvrières, doit être conduite de manière organisée et commencer par le
renforcement des cellules de base des syndicats en partant des comités d’usine, afin de les
préparer à la direction immédiate de l’économie.
6. Pour garantir le succès, il est nécessaire de déterminer exactement la nature de la transition
progressive qui permettre aux syndicats, actuellement secours passif des organes
économiques, de participer activement et de façon autonome à la direction de l’ensemble
de l’économie du pays. Pour cela, les conditions suivantes sont nécessaires :
a. effectuer une délimitation entre les différents syndicats selon des critères de
production ;
b. commencer immédiatement le renforcement des syndicats en leur accordant des
cadres, des moyens techniques et autres moyens matériels, afin de les préparer aux
tâches nouvelles ;
c. choisir les cadres des syndicats et des comités ouvriers en fonction de leur capacité
pour les tâches que doivent remplir les syndicats. Ce choix doit venir de la base et
se faire sous le contrôle des syndicats ;
d. étendre pour la participation des syndicats à l’organisation de la direction de
l’économie tous les principes en vigueur entre le Conseil supérieur de l’économie et
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e.
f.
g.
h.
le Conseil central panrusse des syndicats au profit d’un élargissement des droits et
privilèges des organisations ouvrières ;
personne ne doit être chargé d’une place de direction dans l’économie sans l’accord
des syndicats ;
aucun candidat proposé par les syndicats ne doit être repoussé, et tous les candidats
doivent être acceptés sans condition par le Conseil supérieur de l’économie et ses
organes ;
tous les cadres présentés ou proposés par les syndicats sont responsables devant eux
et peuvent être révoqués à tout moment par eux ;
les syndicats auxquels le Conseil central panrusse des syndicats confie
l’organisation et la direction immédiate de branches industrielles entière doivent
exercer ce droit sans attendre que d’autres syndicats soient en mesure de le faire.
L’organisation des comités ouvriers pour la direction des entreprises
1. Les ouvriers et les employés de toutes les entreprises et administrations de la république
qui sont membres des syndicats doivent participer systématiquement et activement à la
direction de l’économie nationale afin de préparer aussi rapidement que possible une
organisation du travail et de la production conforme aux principes socialistes.
2. Tous les ouvriers et employés, sans considération de situation, qui travaillent dans les
diverses unités économiques, telles usines, mines, dans toutes les entreprises, les
administrations et les services de transports, postes et télécommunications comme dans
toutes les branches de l’économie agricole, disposent directement des valeurs qui leur sont
confiées et répondent devant tous les travailleurs de la république de leur intégrité et de
leur utilisation adéquate.
3. En tant que membres participant à l’organisation et à la direction des entreprises, les
ouvriers et les employés qui travaillent dans les usines, ateliers, administrations, services
des transports, des postes et des télécommunications, dans des entreprises agricoles et
autres formant une unité économique locale déterminée, élisent un organe de direction
pour l’entreprise en gestion, le comité ouvrier.
4. Le comité ouvrier est la cellule organisationnelle fondamentale du syndicat de la branche
de production concernée.
5. La direction de l’usine ou de l’entreprise concernée fait partie des tâches du comité
ouvrier. Cette direction comprend :
a) la direction de l’activité productive de tous les ouvriers et employés de l’unité
économique ;
b) la prise en charge de tous les besoins des producteurs.
Les membres du comité répartissent leurs tâches pour la direction de l’entreprise de
telle façon que, à côté de leur responsabilité collective, la responsabilité personnelle de
chacun est déterminée avec précision.
6. L’ensemble de l’activité, le programme de travail et le règlement intérieur d’une
entreprise sont élaborés par le comité ouvrier dans le cadre de la répartition des tâches et
des prescriptions légales en vigueur, et sont discutés et sanctionnés sous sa direction
comme sous le contrôle responsable du syndicat des ouvriers employés dans l’usine.
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L’organisation des conditions de vie des ouvriers
Comme condition essentielle de l’essor de notre économie, il est nécessaire de réaliser
systématiquement la naturalisation du salaire – mesure qui garantit l’accroissement de la
productivité du travail et l’amélioration des conditions de travail des producteurs. Toutes les
mesures que nous allons énumérer doivent être reliées par un régime tarifaire et constituer les
composantes de la somme totale du salaire naturel.
1. Supprimer le paiement des rations alimentaires, des articles ménagers et articles courants,
qui seront délivrés aux ouvriers contre des cartes et coupons de l’administration des
denrées.
2. Supprimer le paiement des repas que les ouvriers et leurs familles prennent à midi.
3. Supprimer le paiement des bains, des entrées de théâtre, des transports en tramways et
autres…
4. Supprimer les loyers et le paiement du chauffage et de l’électricité.
5. Dans les régions où la question du logement est grave, les autorités soviétiques et
militaires doivent se contenter de locaux plus étroits afin de laisser des locaux libres pour
les logements.
6. La mise en état des habitations ouvrières doit être organisée par les entreprises à condition
que soit déjà garantie par l’entreprise l’exécution des tâches les plus importantes de la
production.
7. La construction de cités ouvrières et d’immeubles doit être reconnue comme une affaire
d’importance prioritaire, et le programme du Komgosoor (comité pour la planification
étatique du logement) pour la prochaine période de construction doit comprendre un
programme maximum de construction d’habitations ouvrière.
8. Il est nécessaire d’organiser des trains et des tramways exprès pour les ouvriers, et dont les
horaires soient conçus en fonction du début et de la fin du temps de travail dans les
entreprises.
9. Des mesures doivent être prises pour favoriser l’approvisionnement des ouvriers en
articles de consommation courante.
10. Le processus de délivrance pour l’habillement des ouvriers et le fonds d’indemnités
naturelles doit être simplifié et accéléré.
11. Des ateliers de réparation de chaussures et de vêtements doivent être créés au profit des
ouvriers de l’usine ; ces ateliers sont rattachés aux usines ou organisés séparément. Les
entreprises doivent garantir aide et assistance à ces ateliers aussi bien pour leur procurer
l’équipement que, si possible, pour la fourniture des matériaux nécessaires.
12. Au cas où les entreprises disposent d’un terrain communal, par exemple pour entretenir les
jardins, potagers, etc., ces entreprises doivent équiper à leurs propres frais l’économie
communale en outils et moyens techniques.
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