Rémi Jeannin
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Thème du programme : Travail et emploi
Sujet : La croissance économique réduit-elle toujours le chômage ? (Antilles - Guyane, 2008)
Analyse du sujet
Que ?
Sujet de discussion : le plan attendu est du type Oui / Mais.
Quoi ?
Croissance économique : augmentation soutenue pendant une période longue d’un indicateur de production
en volume (le PIB). Chômage : personnes n’occupant pas un emploi, à la recherche d’un emploi et disponibles.
Où et
quand ?
Pas de délimitation explicite, mais implicitement, le sujet invite à ne parler que des pays développés depuis la
révolution industrielle (la croissance est un processus qui ne s’est accéléré véritablement que depuis cette
période).
Nota Bene :
Bien voir dès l’intro que la relation entre croissance et chômage est très indirecte … d’où le plan proposé.
Une proposition d’introduction :
Avec la crise financière, la croissance du PIB sera vraisemblablement presque nulle en 2008 et négative en 2009, d’où un
accroissement prévisible du chômage. Mais un retour de la croissance suite aux plans de relance annoncés dans la plupart des
pays développés suffira-t-il à réduire ce chômage ? [Accroche]
La croissance désigne l’augmentation soutenue pendant une période longue d’un indicateur de production en volume (le PIB).
Celle-ci nécessite des créations d’emplois plus ou moins importantes qui permettent de diminuer le chômage, c’est à dire le
nombre de personnes n’occupant pas un emploi, à la recherche d’un emploi et disponibles, en fonction de l’évolution de la
population active. La croissance économique permet-elle toujours une réduction du chômage ? Autrement dit, les créations
d’emploi générées par la croissance suffiront-elles à diminuer le chômage ? [Définition des termes du sujet, délimitation du
sujet et problématique]
La croissance permet des créations d’emploi et donc une baisse du chômage, mais ces créations d’emplois ne sont pas toujours
suffisantes pour réduire fortement le chômage. [Annonce du plan]
Une proposition de plan
Nota Bene :
- Adoptez la technique de votre choix, soit des phrases introductives pour le I/ et le II/, soit une phrase introductive pour le I/
et un « paragraphe de transition » entre le I/ et le II/. Je propose les deux ici !
- Une difficulté ici : équilibrer les deux parties. C’est la raison pour laquelle j’ai glissé dans la première partie les arguments
montrant que le « contenu en emplois » de la croissance est plus ou moins fort : la croissance crée un nombre plus ou moins grand
d’emplois qui font baisser le chômage (I/) ; mais ces créations d’emplois peuvent être insuffisantes (II/).
- Faites des paragraphes au sein de chaque sous-partie et prévoyez les à l’avance. Un « truc » très efficace : alterner des
paragraphes explicatifs et factuels, car faire ces allers-retours entre les explications théoriques et les faits est important pour un
devoir de Sciences Economiques et Sociales (j’insiste sur le terme « sciences » ici !). J’ai un peu systématisé ce procédé ici pour que
vous vous en inspiriez.
I / La croissance économique permet de créer des emplois et donc de diminuer le chômage.
A / A priori, la croissance de la production du pays est favorable aux créations d’emplois
1 / CONSTAT : Une corrélation positive entre rythme de croissance et des créations d’emplois ; citer les exemples « extrêmes »
du Japon et de l’Irlande, et le fait que si une droite d’ajustement est tracée dans le nuage de points, elle est croissante et les
points sont relativement proches de celle-ci [ Document 1].
2 / EXPLICATION : Pour produire plus, les unités de production vont employer davantage de travailleurs, ce qui diminuera le
chômage.
B / Le contenu en emplois de la croissance est plus ou moins fort selon l’évolution de la productivité du travail.
1 / EXPLICATION : Pour augmenter leurs capacité des production, les entreprises peuvent également choisir d’augmenter le
taux d’utilisation de leurs facteurs de production (en ce qui concerne le travail, en demandant aux salariés de faire des heures
supplémentaires) ou de substituer du capital au travail. Ceci entraîne une productivité du travail plus élevée pour les salariés,
mais donc également moins de nécessid’embaucher davantage. L’économie ne crée donc des emplois que si la croissance est
supérieure à l’augmentation de la productivité.
2 / ILLUSTRATION : Entre 1992 et 2002, avec un taux de croissance annuel proche (respectivement 2.7 et 2.9 %), l’emploi a
augmenté de 2 % par an aux Pays-Bas alors qu’il n’augmentait que de 0.9 % au Royaume-Uni. Le contenu plus riche en emplois
de la croissance aux Pays-Bas s’explique par des gains de productivité beaucoup plus faibles (+ 0.7 % par an au lieu de + 2 % au
Royaume-Uni). [ Document 3]
Dissertation appuyée sur un dossier documentaire
Croissance
Emploi
Chômage
Gains de productivité du
travail
Rémi Jeannin
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C / En baissant le coût du travail, la croissance permettrait de créer davantage d’emplois et de diminuer le
chômage
1 / EXPLICATION : Pour augmenter le contenu en emploi de la croissance, des politiques ont été menées pour dissuader les
entreprises de substituer du capital au travail et les inciter à embaucher, essentiellement en diminuant le coût du travail. C’est le
cas en France avec la baisse des cotisations patronales sur les bas salaires menées depuis 1993 afin de favoriser l’emploi peu
qualifié, l’encouragement au développement du secteur tertiaire (les « services à la personne » notamment) et le développement
du temps partiel qui favorise une flexibilité interne de l’emploi. [ Document 2]
2 / ILLUSTRATION : Les dispositifs d’aide à l’emploi mis en place en 2003 ont un impact d’autant plus fort sur le chômage que
la baisse du coût du travail provoquée par la mesure est plus forte. Ainsi, les CES font baisser le coût du travail de 90 % et 100
CES se traduisent par 72 chômeurs en moins, alors que 100 contrats de qualification ne coûtent que 30 % en moins et se
traduisent par seulement 12 chômeurs en moins. [ Document 5]
Paragraphe de transition :
Il semble donc que la croissance soit capable de générer plus ou moins d’emplois selon les gains de productivité du travail et
selon les anticipations des employeurs concernant ses effets durables sur la demande. Cependant, les créations d’emplois ne
sont pas toujours suffisantes pour faire baisser significativement le chômage et celui-ci peut se maintenir en dépit du retour de
la croissance.
II / Cependant, les créations d’emploi liées à la croissance ne sont pas toujours suffisantes pour résorber le
chômage.
A / Les créations d’emplois peuvent être insuffisantes face à l’augmentation de la population active.
1 / EXPLICATION : Le chômage est calculé en retranchant de la population active le nombre de personnes occupant un emploi
(la population active occupée). Si le nombre d’actifs augmente plus vite (pour des raisons démographiques par exemple) que le
nombre d’emplois, le chômage va augmenter malgré les créations d’emplois.
2 / ILLUSTRATION : Dans les années 70 et 80, la population active augmentait à un rythme élevé à cause de l’arrivée sur le
marché du travail de la génération du « baby-boom » (nés entre 1945 et 1965) mais, à partir de 1975, les créations d’emplois en
période de faible croissance étaient trop peu nombreuses pour empêcher la hausse du chômage. Inversement, depuis 2005, le
départ à la retraite de ces générations nombreuses permet, malgré une croissance et des créations d’emplois faibles, une
diminution du chômage. [ Document 6]
3 / APPROFONDISSEMENT : Quand des emplois sont créés, des personnes qui avaient arrêté de chercher du travail par
découragement se remettent à en chercher, d’où une augmentation de la population active qui diminue l’impact sur le chômage
(effet de flexion). Ceci peut expliquer partiellement pourquoi la création de cents emplois aidés ne se traduit toujours par une
baisse du chômage très inférieure [ Document 5].
B / Par ailleurs, les créations d’emplois atypiques liés à la croissance font baisser le chômage de manière
artificielle et temporaire
1 / CONSTAT : Pour augmenter le « contenu en emploi de la croissance », des politiques ont été menées qui favorisent
également la création d’emplois précaires (pour que les entreprises embauchent malg l’incertitude sur l’évolution de la
demande) et la création d’emplois à temps partiel (exemple : deux emplois à mi-temps qui remplacent un emploi à plein-
temps). [ Document 2].
2 / EXPLICATION : Beaucoup de personnes en temps partiel souhaiteraient travailler davantage à cause des salaires
insuffisants pour satisfaire leurs besoins (à travail partiel … salaire partiel) : si elles ne sont pas au chômage, elles sont dans une
situation de sous-emploi qui s’y apparente fortement. La baisse du chômage peut être dans ce cas qualifiée d’ « artificielle ». Et
en cas de retournement de la croissance à la baisse, les emplois précaires sont les premiers à être supprimés, tout comme ce sont
d’abord ces emplois qui sont créés en période de reprise. La baisse du chômage peut être dans ce cas qualifiée de
« temporaire ».
C / Enfin, faire baisser le chômage suppose que de faire correspondre besoins des employeurs et
caractéristiques des chômeurs
1 / CONSTAT : Selon Jean Pisani-Ferry, la France est une exception près) le pays européen le taux de perte d’emploi et le
taux de sortie du chômage est le plus faible. Autrement dit, les personnes qui occupent un emploi stable ont de fortes chances
de le conserver et il est difficile aux chômeurs de retrouver le chemin de l’emploi, en dépit des variations de la croissance.
2 / EXPLICATION : Les créations d’emploi sont le résultat d’un pari mutuel de l’employeur sur le salarié et du salarié sur son
entreprise qui suppose une mise en correspondance des personnes à la recherche d’un emploi et des besoins des employeurs.
Or, les différences entre les qualifications détenues et celles demandées par les employeurs, la faible mobilité des travailleurs,
les coûts de l’embauche et de la séparation font que les employeurs rechignent à faire ce pari. Un chômage structurel se crée,
indépendant des variations de la croissance : des salariés peu qualifiés souvent, qui sont d’autant moins « employables » que le
temps passé au chômage s’allonge. [ Documents 4]
Le petit « plus » valorisé : Ainsi une partie du chômage créé par une baisse de croissance se maintient lorsque la croissance
réapparaît. Les économistes (et les physiciens avant eux …) appellent ce phénomène un « effet d’hystérésis ».
Rémi Jeannin
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Une proposition de conclusion
En définitive, la croissance est favorable aux créations d’emplois et donc à la baisse du chômage, mais son impact sera
plus ou moins important selon l’évolution de la productivité du travail et du coût du travail. Cependant, ces créations
d’emplois pourront ne pas être suffisantes pour faire baisser le chômage face à l’augmentation de la population active.
Par ailleurs, cette baisse du chômage pourra apparaître comme artificielle si elle s’accompagne du développement de
situations de sous-emploi liées à des emplois à temps partiel contraint, temporaire si elle prend la forme d’emplois
précaires, et ne touchera pas certaines catégories de chômeurs dont les qualifications s’éloignent trop des demandes
des employeurs ou qui sont restés trop longtemps au chômage. La croissance semble donc bien une condition
nécessaire mais absolument pas suffisante pour rétablir le plein emploi. [Résumé du I/ puis du II/ et Réponse]
Deux exemples d’ « ouverture », c'est-à-dire de prolongements vers d’autres problématiques qui ont un lien indirect (mais un
lien quand même : attention !) avec celle du devoir :
La mise en place d’un contrat de travail unique, intermédiaire entre le CDI et le CDD, est-elle susceptible de favoriser
la résorption du chômage ? [Ouverture sur la problématique : Flexibilité et chômage]
La résorption du chômage doit-elle se faire au prix d’un accroissement de la pauvreté et de la précarité à l’intérieur
même du monde du travail, comme le montre l’exemple américain ? [Ouverture sur la problématique : Travail et
intégration sociale]
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