Réponses suggérées
1. Non. Les hypothèses nécessaires sont (i) que les intensités factorielles diffèrent entre
les secteurs et (ii) que les abondances en facteurs diffèrent entre pays. Sous ces
hypothèses, chaque pays a un avantage comparé dans au moins un secteur et
l’exploitation de cet avantage comparé par la spécialisation génère des gains de bien-
être. La source de ces gains n’est pas le fait qu’en mettant plus de ressources dans la
production du bien dans lequel il a un avantage comparé, un pays produit plus de ce
bien par unité de travail ou de capital (économies d’échelle), mais que ce bien a un
prix international supérieur à son coût d’opportunité national.
2. Pour expliquer le commerce entre pays similaires dans leurs dotations factorielles, il
faut avoir recours aux modèles de commerce intra-industriel développés dans les
années quatre-vingt (dumping réciproque, concurrence monopolistique).
3. Dans le modèle de dumping réciproque (qui est un modèle d’oligopole à la Cournot
entre entreprises nationales et étrangères), les gains du commerce viennent du fait que
la concurrence entre producteurs nationaux et étrangers réduit les marges, les profits
et les prix à la consommation. La somme des coûts de transport et de la réduction des
profits est, sauf cas particulier, inférieur aux gains générés en termes de surplus du
consommateur, d’où accroissement du bien-être collectif. L’expérience des pays
ayant pratiqué le protectionnisme pendant une longue période, particulièrement les
plus petits dans lesquels la concurrence interne ne peut pas se substituer à la
concurrence étrangère, suggère que cet effet (la « concurrence importée ») est très
important, probablement beaucoup plus que celui de la spécialisation.
4. Ce type de commerce peut être ce qui a été décrit dans la question précédente, mais il
peut s’agir également de « commerce vertical » dans lequel un pays (typiquement un
pays riche) produit des composants intensifs en capital qui sont ensuite assemblés
dans un autre pays (typiquement plus pauvre). Ce commerce, bien qu’à l’intérieur
d’une même filière, se comprend mieux à l’aide du modèle HO que d’un modèle de
dumping réciproque ou de concurrence monopolistique. En effet, il est fondé sur
l’exploitation de différences en intensités et en dotations factorielles, l’assemblage
étant typiquement plus intensif en travail que la production de composants et les pays
relativement pauvres étant relativement plus abondants en travail que les pays riches.
Il est donc avantageux de « saucissonner » la chaîne de la valeur en fonction de
l’avantage comparé.
5. En présence de commerce intra-industriel, des politiques commerciales stratégiques
(promotion de champions nationaux par des subventions, etc.) peuvent affecter les
conditions de la concurrence d’une manière qui profite au pays les pratiquant aux
dépens des autres. L’exemple le plus largement cité est celui d’Airbus mais il en
existe bien d’autres. Dans la pratique, pour un succès (Airbus), il y a beaucoup
d’échecs (télévision haute définition, « plan calcul » en France, ordinateurs de