Service de presse de Travail.Suisse No 6 20 avril 2009 Marché du travail
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Un Pacte mondial pour l’emploi dans l’intérêt de la Suisse aussi
Selon l’Organisation internationale du travail (OIT), un Pacte mondial pour
l’emploi doit être mis en œuvre pour contrecarrer la récession mondiale. De
plus fortes mesures pour la protection sociale et l’emploi au niveau mondial
amélioreront la situation économique générale. La Suisse doit soutenir ce pacte,
vu qu’elle gagne un franc sur deux à l’étranger.
A la veille du Sommet du G20 de début avril, l’OCDE avait publié ses dernières
prévisions économiques pour l’économie mondiale. Les économies de la zone OCDE se
contracteront de 4.3% du PIB en 2009, l’économie mondiale de 2.7%. Il est donc urgent
d’agir vite en faveur de l’emploi afin de stabiliser la situation en 2010. Faute de quoi,
l’explosion du nombre de chômeurs au niveau mondial (+ 40 millions en 2009) et
l’augmentation de la pauvreté risquent bien de se transformer en bombe sociale, avec
toutes les répercussions négatives que cela comporte pour la stabilité sociale. Or, un
monde qui devient plus instable n’est pas dans l’intérêt de la Suisse et a aussi des
répercussions négatives pour notre économie et les emplois en Suisse.
On peut, certes, regretter que l’issue du sommet du G20 n’a pas mis à disposition de
nouveaux moyens pour des paquets de relance. Toutefois, il est important de noter, qu’à
côté des questions de la nouvelle architecture financière internationale qui ont été
discutées, l’emploi a enfin eu sa part de reconnaissance. En effet, un mandat a été confié à
l’OIT afin que, travaillant avec les autres organisations compétentes en la matière, il suive
les mesures des plans de relance concernant l’emploi et fasse des recommandations à
l’intention des gouvernements dans le futur sur ce thème.
Des plans de relance insuffisants et pas assez axés sur l’emploi
Or, justement, dans une étude
1
toute récente de l’OIT, qui examine les plans de relance
menés dans 32 pays, on constate ceci :
1. Alors que le Fonds monétaire international (FMI) prône des efforts de relance à
hauteur de 2 pour cent du PIB, la plupart des plans se situent à 1,7 pour cent du PIB. Et
dans les économies développées, ce pourcentage atteint 1,3 pour cent. La Suisse fait
figure de cancre avec moins de 1% du PIB.
2. Les plans de relance actuels penchent largement en faveur du sauvetage des banques
et des réductions d’impôts, plutôt que la création d’emplois et la protection sociale. Les
plans de relance budgétaire pour l’économie réelle sont cinq fois plus faibles que les
plans de sauvetage financier.
1
The Financial and Economic Crisis: a Decent Work Response. Preprint Edition. Institut International
d’Etudes Sociales du BIT. 54p. 2009
Service de presse de Travail.Suisse No 6 20 avril 2009 Marché du travail
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3. Seule la moitié des pays ont annoncé des mesures d’aide à l’emploi. Les mesures de
politique sociale ne représentent en moyenne que 9,2% des dépenses des plans de
relance. Les mesures d’aide à l’emploi ne représentent que 1,8 pour cent.
L’étude constate aussi que les réductions d’impôts auront pour effet en partie d’alimenter
l’épargne au lieu d’accroître la demande, la production et le niveau de l’emploi. En outre,
bien peu est fait pour venir aux groupes vulnérables comme les jeunes, les femmes et les
migrant-e-s, ces derniers payant un très large tribut à la crise puisque ce sont les premiers,
le plus souvent, à perdre leur emploi et à être renvoyés dans leur pays d’origine.
Le contenu du Pacte mondial pour l’emploi
Il faut une approche globale et coordonnée mettant l’accent sur les emplois. On part du
constat qu’il ne sera pas possible de réactiver l’économie de façon durable si l’on ne met
pas au cœur des plans de relance les emplois décents et productifs garantissant un
minimum de protection sociale et le respect des droits fondamentaux du travail. La crise
actuelle doit aussi servir de réflexion pour réorienter la mondialisation économique vers
une voie juste (diminution des inégalités) et durable (respect de l’environnement).
Les soutiens à des secteurs industriels devraient être assortis de strictes conditions
sociales et environnementales.
Les crédits du FMI pour les pays en graves difficultés financières ne doivent pas prévoir
des coupes dans les dépenses sociales ou les salaires, au risque d’aggraver la crise. En
effet, une baisse de l’économie domestique affecte les pays voisins, exerçant une pression
supplémentaire sur la demande mondiale.
Les politiques salariales doivent respecter les salaires minimaux et ne pas entraîner une
spirale déflationniste, qui ne fait qu’aggraver la crise.
Il s’agit enfin de paver la voie à une économie verte qui s’avère être inéluctable de toute
façon. Les technologies propres ont aussi l’avantage de créer plus d’emplois que leurs
contre-parties plus riches en CO2 ; raison pour laquelle les investissements verts devraient
représenter une partie plus importante des différents plans de relance.
Le Pacte mondial pour l’emploi, tout en permettant de traiter les principaux facteurs
ayant contribué à la crise, jette les bases d’une économie plus durable. La prochaine
Conférence internationale du Travail (juin 2009 à Genève) traitera du Pacte mondial pour
l’emploi. Il faut espérer que la Suisse le soutiendra activement car il contribuera à plus de
cohésion sociale, plus de justice, moins d’inégalités. Un tel monde est aussi dans l’intérêt
de l’économie suisse qui a besoin de partenaires stables pour se développer et prospérer.
Denis Torche, responsable du dossier de politique extérieure, Travail.Suisse
Travail.Suisse, Hopfenweg 21, 3001 Bern, Tel. 031 370 21 11, [email protected],
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