Introduction à la sémantique
Exercice – Relations Lexicales
Exercice 1
Pour chaque paire d’exemple ci-dessous, indiquez quelle relation lexicale relie les unités lexicales
soulignées.
1. (a) J’ai rallongé les rideaux.
(b) J’ai raccourci les rideaux.
2. (a) Ce que vous dites est faux.
(b) Ce que vous dites est vrai.
3. (a) J’ai reçu une lettre de la mairie.
(b) La mairie m’a envoune lettre.
4. (a) On a vu un beau coucher de soleil.
(b) On a vu un coucher de soleil magnifique.
5. (a) Il y a des tâches de café sur le clavier.
(b) Il y a des tâches de café sur les touches.
6. (a) La phonologie, c’est difficile.
(b) La phonologie, c’est facile.
1
Correction
Exercice 1
1. (a) J’ai rallongé les rideaux.
(b) J’ai raccourci les rideaux.
rallonger et raccourcir sont des inverses ou opposés réversifs. En effet rallon-
ger signifie « rendre plus long » et raccourcir signifie « rendre plus court ». Or long
et court sont des antonymes scalaires. On peut le montrer à l’aide des deux phrases
suivantes, qui sont sémantiquement équivalentes :
(1) a. Les doubles-rideaux sont plus longs que les rideaux.
=
b. Les rideaux sont plus courts que les doubles rideaux.
Donc rallonger et raccourcir expriment bien des évolutions qui se dirigent vers des
états contraires. Ce qui est propre des inverses.
2. (a) Ce que vous dites est faux.
(b) Ce que vous dites est vrai.
faux et vrai sont des complémentaires ou antonymes polaires (et même binaires).
En effet, ils sont d’abord incompatibles, comme le prouve la phrase (2), qui est séman-
tiquement bizarre, car, logiquement, une affirmation ne peut pas être à la fois vraie et
fausse 1.
(2) #Ce que vous dites est à la fois vrai et faux.
Et ils sont aussi complémentaires car ils font échouer le test en « ni... ni... » : la phrase
(3) est également sémantiquement bizarre : si une affirmation n’est ni vraie ni fausse, que
peut-elle être ? Il n’y a pas de niveau intermédiaire.
(3) #Ce que vous dites n’est ni vrai ni faux.
3. (a) J’ai reçu une lettre de la mairie.
(b) La mairie m’a envoyé une lettre.
recevoir et envoyer forment une paire converse. Cela est d’ailleurs démontré par
les deux phrases ci-dessus, car on remarquent 1) qu’elles disent la même chose 2) que
des arguments des verbes sont inversés d’une phrase à l’autre : la mairie est complément
indirect en (a) (il exprime la provenance) et devient sujet en (b) ; je est le sujet en (a) et
devient complément attributif (me) en (b).
4. (a) On a vu un beau coucher de soleil.
(b) On a vu un coucher de soleil magnifique.
Ici c’est un peu particulier : beau est hyperonyme de magnifique. C’est particulier car
l’hyperonymie concerne principalement les noms, mais ici nous avons exemple d’hyper-
onymie sur deux adjectifs. On peut le prouver en appliquant certains 2tests vus pour les
noms. Par exemple, on constate que la phrase (4) est vraie (exactement comme lorsqu’on
dit que tous les chiens sont des animaux) :
1. Bien sûr il y a des cas limites où on pourrait envisager qu’une partie d’une affirmation est vraie et une
autre partie est fausse, mais dans ce cas, cela revient au même, car on constatera que la partie qui est vraie ne
peut pas en même temps être fausse, et vice-versa pour l’autre partie.
2. Mais tous les tests vus pour les noms ne fonctionnent pas pour les adjectifs.
2
(4) Tout ce qui est magnifique est beau.
Ou bien en remarquent que (5-a) implique obligatoirement (5-b) :
(5) a. Ceci est magnifique.
b. Ceci est beau.
5. (a) Il y a des tâches de café sur le clavier.
(b) Il y a des tâches de café sur les touches.
touche est un méronyme de clavier. En effet il est correct de dire :
(6) Les touches sont des parties du clavier.
On peut aussi le prouver à l’aide d’un exemple d’anaphore associative :
(7) J’ai récupéré un vieux clavier d’ordinateur, mais les touches sont illisibles.
On comprend sans problème que les touches mentionnées sont celles du clavier évoqué
auparavant.
6. (a) La phonologie, c’est difficile.
(b) La phonologie, c’est facile.
difficile et facile sont des antonymes scalaires (ou des contraires). En effet, ils
sont incompatibles, car il est incohérent de dire :
(8) La phonologie, c’est difficile et facile.
(pour une même personne et un même point de vue).
Ils échouent au test du « ni... ni... », car on peut dire :
(9) La phonologie, ça n’est difficile ni facile.
Car cette phrase signifie que le niveau de la phonologie se situe entre les deux.
Et surtout 3cela est confirmé par le test de la comparaison : les deux phrases suivantes
veulent bien dire la même chose :
(10) a. La phonologie, c’est plus difficile que la syntaxe.
b. La syntaxe, c’est plus facile que la phonologie.
3. C’est ce dernier test qui est le plus important pour conclure à une antonymie scalaire ici.
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