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Tumeurs du foie (151) 55
QS151 Tumeurs du foie, primitives et secondaires
- Diagnostiquer une tumeur du foie primitive et secondaire
Voir aussi chapitre anapath du poly +++
Il faut distinguer les tumeurs malignes des tumeurs bénignes.
I - Les tumeurs malignes comprennent les tumeurs primitives et les métastases
II - Les tumeurs bénignes comprennent les kystes et les tumeurs solides
L'identification de la nature et du caractère malin ou bénin des tumeurs hépatiques est un problème fréquent
et parfois difficile. Le contexte clinique et les examens d'imagerie ont une grande valeur d'orientation. La
ponction dirigée sur laquelle repose le diagnostic histologique formel n'est pas toujours indispensable. La
collaboration entre cliniciens, radiologues et anatomo-pathologistes est capitale pour parvenir à un diagnostic
précis et rapide.
Chez un patient atteint d'une cirrhose, l'apparition d'un nodule dans le foie évoque en premier lieu un
hépatocarcinome. Chez un patient atteint d'une tumeur primitive extra-hépatique, la mise en évidence de
nodules hépatiques oriente vers des métastases. Chez une femme jeune et en bon état général, la
découverte d'une tumeur hépatique solide évoque avant tout une hyperplasie nodulaire focale ou un
adénome du foie. Les kystes biliaires du foie et les angiomes sont le plus souvent de découverte fortuite lors
d'un examen échographique et leurs caractéristiques d’imagerie sont habituellement suffisantes pour poser
le diagnostic. En l'absence de contexte clinique d'orientation ou en cas d'imagerie atypique, le diagnostic
étiologique des tumeurs solides repose principalement sur la ponction biopsie dirigée.
Carcinome hépatocellulaire
I - Epidémiologie et étiologie
Prolifération néoplasique d’origine hépatocytaire, le carcinome hépatocellulaire (CHC) est le plus fréquent
des cancers primitifs du foie. Les autres tumeurs primitives sont rares (cholangiocarcinome) ou très rares
(angiosarcome, carcinome fibro-lamellaire, hépatoblastome, hémangioendothéliome). Le CHC survient
presque toujours sur une maladie hépatique, une cirrhose dans plus de 90 % ou une hépatite chronique
virale préexistante, au terme d’une évolution de 2 ou 3 décennies. C’est la tumeur maligne la plus fréquente
dans le monde. Il existe toutefois une grande disparité géographique. Le CHC est le cancer le plus fréquent
en Afrique et en Asie du Sud-Est en raison de l’infection endémique par le virus B. Dans ces régions, un
grand nombre de sujets sont contaminés à la naissance et deviennent porteurs chroniques du virus. Le CHC
se développe habituellement chez l’adulte jeune au stade de cirrhose virale. Le CHC est beaucoup moins
fréquent dans les pays occidentaux. En France, le CHC se développe surtout sur cirrhose alcoolique après
l'âge de 50 ans. La cirrhose virale C est devenue la deuxième cause de CHC et sa fréquence devrait encore
augmentée au cours des deux prochaines décennies. La cirrhose est un “état précancéreux” mais le risque
de CHC est variable selon la cause (risque plus élevé dans cirrhose virale, alcoolique et hémochromatose
génétique) et selon le degré de la cirrhose. Globalement, l'incidence annuelle de dégénérescence est de 1 à
5 %. Certains agents étiologiques joueraient un rôle dans la carcinogénèse indépendamment de l'état de
cirrhose, notamment le virus de l’hépatite B. Le CHC est plus fréquent chez l’homme que chez la femme.
Différents facteurs ont été incriminés : hormonal, génétique, facteur carcinogène plus fréquent chez l’homme
(ex. : alcoolisme en France).
Le CHC se développe à partir d’un foyer initial localisé, envahit les vaisseaux portes et provoque des
métastases dans le foie lui-même par l’intermédiaire des branches portales. Cela explique le caractère
souvent multiloculaire du cancer et la tendance à la thrombose néoplasique des branches, puis du tronc de
la veine porte.
II - Clinique
1. Le CHC peut compliquer une cirrhose connue ou révéler une cirrhose jusqu'alors compensée et
méconnue:
- hémorragie digestive liée à l'aggravation d'une hypertension portale
- apparition ou aggravation d'une ascite
- ictère ou encéphalopathie secondaire à une insuffisance hépato-cellulaire