Saint Yves, un homme de justice
Saint Yves exerça la justice. Il le fit d’abord à la manière humaine, parfois avec
des propos sans appels sur l’un ou l’autre. Mais, selon les témoignages, il
changea. Saint Yves exerça la justice en étant prêtre. La charité du prêtre fut la
source de sa justice. Les témoins rapportent qu’avant de juger, il célébrait la
messe à l’Esprit Saint, comme s’il demandait la grâce du discernement. La
prière de Salomon (Sagesse 9). Il s’est senti appelé à exercer la justice à la
manière de Dieu. Or, Dieu ne juge pas ni ne condamne, mais il sauve et relève.
C’est ainsi que le témoignage rendu par saint Yves sur la justice est éloquent. Il
s’agit de juger les actes, sans juger la personne. Mieux, il s’agit de voir clair afin
de regarder la personne avec les yeux qui conviennent à son inaliénable dignité.
L’homme ou la femme de justice, quelle que soit sa place et son rôle dans
l’exercice de la justice, n’est pas simplement celui qui sanctionne des actes
conformément à la loi civile. Il sait qu’il a toujours en face de lui une personne.
Devant elle, il est face à un mystère, le mystère de la dignité humaine qui est
indélébile. Pour bien juger les actes commis, il a besoin de voir la personne telle
qu’elle est. Il doit discerner la vérité et la beauté de sa dignité. Celle-ci est
inaltérable, quels que soient les actes commis ! La justice met sa joie dans la
vérité et la beauté.
Ce n’est que par son regard perçant que l’homme ou la femme de justice pourra
contribuer à l’élaboration d’un jugement qui aide la personne jugée à prendre ou
à reprendre conscience de sa dignité. Selon sa mission, il doit faire en sorte que
le jugement posé accompagne la personne jugée pour qu’elle trouve ou retrouve
le désir de vivre conformément à sa dignité. Jugeant les actes, l’homme ou la
femme de justice ne juge jamais la personne en son mystère. Au contraire, il
pose sur elle un regard d’estime qui relève, un regard de confiance qui redonne