CAT/C/28/Add.5
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6. La torture est interdite par la loi sur tout le territoire des États-Unis. Elle est
catégoriquement dénoncée pour des raisons de principe et comme instrument d'exercice de
l'autorité de l'État. Tout acte constituant une torture au sens de la Convention est une infraction
pénale au regard de la législation des États-Unis. Un fonctionnaire de l'administration,
qu'il relève du pouvoir fédéral, d'un État ou d'une collectivité locale, qu'il soit civil ou militaire,
ne peut être autorisé à commettre ou à charger quiconque de commettre un acte de torture.
Un fonctionnaire ne peut davantage admettre ou tolérer la torture sous quelque que forme que
ce soit. Aucune circonstance exceptionnelle ne peut être invoquée pour justifier la torture. Rien
dans la législation des États-Unis n'autorise à recourir, en raison de circonstances exceptionnelles
(par exemple dans une situation d'"état d'urgence") ou sur l'ordre d'un fonctionnaire ou d'une
autorité supérieure, à des actes par ailleurs prohibés de torture ou autres peines ou traitements
cruels, inhumains ou dégradants, et rien ne permet non plus de suspendre les mécanismes de
protection résultant d'un pouvoir judiciaire indépendant. Les États-Unis sont résolus à s'acquitter
pleinement et effectivement, sur tout leur territoire, de leurs obligations découlant de
la Convention.
7. Cependant, aucun État ne peut se targuer d'un bilan parfait dans tous les domaines et au
regard de toutes les obligations visées par la Convention. Des abus peuvent se produire malgré
les précautions les plus vigilantes et en dépit des plus strictes interdictions. Aux États-Unis
mêmes, comme il est indiqué dans le présent rapport, il continue d'y avoir des sujets de
préoccupation, des débats et des critiques. Il y a eu, notamment, de la part de la police, des cas
d'abus de pouvoir, d'emploi excessif de la force, voire de brutalités, et des prisonniers sont
décédés pendant leur détention. Le surpeuplement carcéral, les agressions physiques et sexuelles
à l'encontre de détenus, et l'absence d'un système adéquat de formation et de contrôle de la police
et du personnel pénitentiaire sont d'autres sources de préoccupation. La conscience nationale
a été fortement ébranlée en 1991 à la suite du spectacle, largement diffusé par les médias,
du passage à tabac de Rodney King par quatre fonctionnaires du département de la police
de Los Angeles, puis des poursuites engagées contre eux par les autorités de l'État et les autorités
fédérales. Plus récemment, un immigrant haïtien, Abner Louima, a été brutalisé par des policiers
de la ville de New York après avoir été placé en garde à vue. Des inquiétudes quant à l'emploi
excessif de la force par des agents fédéraux ont été exprimées à la suite des incidents,
abondamment traités par les médias, de Ruby Ridge (Idaho) en 1992 et de Waco (Texas)
en 1993; le département de la police de Philadelphie a fait l'objet d'accusations analogues
en mai 1985 après l'explosion d'une bombe au siège de l'organisation radicale
afro-américaine MOVE.
8. À la suite, en particulier, de ces incidents, la société américaine a redoublé d'efforts pour
faire en sorte que les directives pertinentes concernant l'emploi de la force soient respectées et
que les interdictions de la torture et du recours à d'autres formes de sévices physiques, mentaux
et psychologiques par les agents de la force publique et le personnel pénitentiaire soient
effectivement observées dans la pratique. C'est ainsi qu'en 1994, le Congrès des États-Unis
a adopté une importante disposition législative qui autorise l'Attorney General à engager une
action civile pour obtenir qu'il soit remédié aux comportements ou aux pratiques répréhensibles
des organismes chargés de l'application des lois et de la garde des mineurs détenus.
Le Département de la justice a activement recours à cette loi et à d'autres plus anciennes
permettant d'engager des poursuites pénales contre les agents de la force publique et de
l'administration pénitentiaire qui privent délibérément un individu de ses droits constitutionnels,