Secteur informel et formation :
En Afrique sub-saharienne : 9 jeunes sur 10 sortant d’école passent par l’économie informelle. Pour
les personnes possédant un diplôme supérieur, 70% des individus sont concernés.
Au Maroc, on sait qu’un diplômé de l’université met 3 à 4 fois plus de temps à trouver un emploi
que la moyenne nationale.
Le secteur informel favorise la déqualification.
Pour éviter cela, il faut que la formation prenne davantage en compte les besoins de l’économie
réelle, y compris informelle.
On observe généralement que le passage par des formations adaptées divise par 3 le temps de
recherche d’emploi)
Rôles du secteur informel
- Moyen de lutte contre la pauvreté : souvent même de lutte pour la survie
- Créateur d’entreprises : il concerne 90% des entreprises dans la plupart des pays étudiés
- Sous-traitant du secteur formel. Et donc moyen de dynamiser le secteur formel, ce qui
constitue un apport réel
Toutefois c’est un secteur d’emploi précaire :
Au Maroc : moins de 18% des employés du secteur informel sont salariés (avec contrat d’embauche
et déclaration au CNSS). Ce chiffre tombe même à 9% en Ethiopie.
L’informel s’oppose-t-il au formel ? Faudrait-il nécessairement le formaliser, comme l’impliquent la
plupart des politiques mises en œuvre à ce jour ? Pas nécessairement, mais il faut le faire migrer
vers l’entreprenariat en développant les capacités de création, d’innovation, d’évolution.
Partie 2 : Panorama du secteur informel au Maroc
Rajaa Mejjati Alami
Concepts, définitions et hétérogénéités du secteur informel
Le secteur informel se caractérise par différentes définitions et perceptions.
Parfois à partir de critères, comme ceux du BIT.
Parfois à partir de perceptions : certains en retiennent les poches de pauvreté et marginalité,
d’autres l’identifient à l’illégal
Pourtant, il n’y a pas de transgression systématique de la loi : les activités informelles se font au
grand jour. Elles sont tolérées et témoignent parfois d’une ignorance de la réglementation.
Attention : on exclut ici les activités illégales (trafics, exercices illégaux de professions
réglementées, etc.)
Hétérogénéité du secteur informel :
Du point de vue démographique, le secteur informel évolue : il est de plus en plus alimenté par les
jeunes, les femmes, les diplômés, les petits fonctionnaires et les migrants.
Structures et organisation sont très variables, alors du très rigides (lois dirigistes des puissantes
corporations d’artisans) au plus souples, telles que les petites activités de commerce de rue
(ferracha, etc.). On dénombre également des petites industries et des unités de services. Certaines
structures bénéficient d’investissements, de capital, d’autres n’y ont pas accès.
Contexte économique et social de consolidation :
- Montée du chômage : 22% en milieu urbain en 2000, 15% aujourd’hui
- « Désalarisation » et montée de l’emploi vulnérable : multi-activité, auto-emploi, travail
occasionnel
- Montée de la pauvreté, selon le rapport du PNUD (constat inverse constaté par le HCR), qui
touche particulièrement les ruraux, les femmes, les enfants.
- Effets de l’ouverture de l’économie : réduction des effectifs du secteur public, baisse des
salaires réels et développement de la pluriactivité, informalisation du secteur formel :
délocalisations, abaissement de la législation du travail, flexibilisation.