La Foi et la Science (partie 1/2)
La religion s'oppose fermement à toute discrimination fondée sur la couleur, la race ou la
classe, car elle considère tous les êtres humains comme la création de Dieu et tout pays
comme Sa patrie. Elle distingue toutefois les croyants dont la foi doit être attestée par de
continuelles bonnes œuvres en vue de transformer la planète en Paradis, et les non-
croyants, sans foi ni loi, semant, sans vergogne et sous toutes ses formes, la corruption sur
terre. Car comme ils ne croient pas en l'au-delà, certains cherchent à tout prix à assouvir des
besoins égoïstes immédiats, sans prendre en compte l'avenir des générations futures ni
l'équilibre de la planète. L'être humain est doté de l'aptitude de manier la matière mais il ne
devrait en aucun cas lui vouer un culte quelconque qui le dégraderait de sa dignité. L'être
humain et la Création sont inféodés, volontairement ou involontairement, à l'Unique Créateur
de l'univers. La croyance de ceux qui s'égarent dans les contradictions de leurs propres
systèmes va vers le néant. Ils se consacrent à vénérer une doctrine qu'ils ont élaborée de
par leur intelligence, à l'instar des idolâtres qui n'adorent que leur propre œuvre :
Le champ de la foi demeure néanmoins ouvert : des croyants peuvent perdre leur foi
et passer de l'autre coté de la barrière ; inversement, des athées récalcitrants peuvent,
à la suite de circonstances exceptionnelles, devenir de fervents croyants. L'osmose
est dynamique entre les deux mondes. C'est la raison pour laquelle, Dieu Seul est en
mesure de juger véritablement les êtres humains, alors que le jugement humain
demeure partial, relatif et impropre. Ceux qui se posent en redresseurs de tort, il n'y a
qu'à leur rappeler ces recommandations de Jésus, prière et salut de Dieu sur lui, qui
méritent d'être médités :
« Ne vous posez pas en juge, avait dit Jésus, afin de ne pas être jugés, car c'est de la
façon dont vous jugez qu'on vous jugera, et c'est la mesure dont vous vous servez qui
servira contre vous. Qu'as-tu à regarder la paille qui est dans l'œil de ton frère ? Et la
poutre qui est dans ton œil, tu ne la vois pas ? Alors comment vas-tu dire à ton frère :
« Attend ! que j'ôte la paille de ton œil ? ». Mais voilà, la poutre est dans l'œil ! Homme
au jugement perverti, ôte d'abord la poutre de ton œil et alors tu verras clair pour ôter
la paille de l'œil de ton frère ».(Matthieu 7.1 à 15)
Par ailleurs, il n'y a pas de dualité entre la religion et les sciences. La contradiction
apparente, due à des erreurs historiques commises par l'Eglise, pourrait être
surmontée dans l'avenir en revenant au respect des lois universelles et en retrouvant
un espace supérieur où coexisterait la religion avec les autres champs de la
connaissance. Jamais la démonstration par la science ne peut être source de
sectarisme, mais une voie complémentaire par laquelle l'être humain peut découvrir
une autre image de la réalité et renforcer sa foi.
Normalement, si la religion demeurait authentique aux messages originaux des
prophètes, notamment le message de Sidna Ibrahim (Abraham, bénédiction et salut de
Dieu sur lui), ancêtre de tous les prophètes, il n'y aurait nulle incompatibilité entre la
foi et la raison, et donc avec les sciences et techniques. Cependant, quand la parole
des prophètes, transmise par plusieurs chaînes, est déformée de son sens initial, sa
consistance et son homogénéité se trouvent alors altérées. Les contradictions
s'introduisent progressivement. Elles constituent alors des sources de subversion
entre croyants. Diverses idéologies et sectes naissent et se multiplient. Elles érigent
alors des dogmes figés qui finissent par entraver la libre recherche pour maintenir les
façades d'un édifice originellement erroné.
Au Moyen Age, l'Eglise avait soumis l'être humain à un Dieu conçu sur la base de
quelques mythes religieux de l'ancienne Grèce. Or les dieux grecs avaient une relation
hostile avec l'être humain. Les grecs croyaient qu'ils s'opposaient fermement à
l'accession de l'homme au Feu Sacré, à l'acquisition des connaissances et à la force.
Ils voyaient en lui un rival qui devait être contrôlé par tous les moyens possibles. Ils
avaient peur qu'il ne maîtrise ces forces et qu'il ne soumette la nature à son profit.
Selon cette approche, l'histoire du Paradis d'Adam fut présentée comme une tentative
faite par Dieu pour maintenir l'homme dans l'ignorance. On représentait l'Arbre Interdit
dont l'homme était censé ne pas en manger les fruits, comme un arbre du Savoir, dont
il ne devait absolument pas s'approcher de crainte qu'il ne s'érige en Dieu.
Bien plus, on croyait que la désobéissance d'Adam était un péché éternel et le signe
de la perversité complète de la nature humaine. Finalement, pour sauver l'homme et le
délivrer de son péché originel, Dieu avait dû apparaître Lui-Même dans le corps de
Jésus-Christ à travers le Saint Esprit. La spiritualité devint donc la spécialité des
successeurs de Jésus et des hommes de l'Eglise.
De ce point de vue, l'homme est un pécheur méprisable. Et seuls les ecclésiastiques
méritent la bénédiction divine. La clé des trésors cachés étant entre leurs mains, on
doit s'approcher d'eux pour son salut.
La connaissance fut confinée aux doctrines chrétiennes et toutes les facultés
intellectuelles furent vouées à la discussion et à l'interprétation des textes religieux.
La vertu résidait donc dans l'attachement à l'organisation de l'Eglise établie.
Telle fut la position de l'homme dans l'Occident avant la Renaissance. Par ailleurs,
durant la période allant du XIIIe au XVe siècle, l'Eglise a entrepris une campagne contre
la science. Elle s'est efforcée d'écraser les mouvements scientifiques à travers
l'Inquisition. A la suite du décret papal condamnant la science, des savants comme
Galilée furent persécutés et forcés à renier la théorie du mouvement de la terre. Cette
campagne a continué jusqu'à la dernière partie du XVIIe siècle. Cela a provoqué la
réaction des scientifiques contre l'Eglise, lesquels œuvraient avec détermination en
vue de l'avancement des sciences. Une vague antireligieuse violente s'en est suivi et a
imprégné les pays occidentaux notamment depuis le XVIe siècle. Pour évoluer sans
entraves, la culture scientifique s'est finalement débarrassée de l'intrusion de l'Eglise
dans ses affaires. Cependant, elle a fini par généraliser la même perception négative à
toutes les autres religions. Ainsi une erreur d'analogie et une comparaison entre la
position spécifique de l'Eglise au Moyen-Age et l'attitude des autres religions a
conduit de nombreux scientifiques à entreprendre une campagne en règle contre
toutes les religions et à les rejeter en bloc. Ils sont allés jusqu'à inventer une doctrine
dénommée « discorde entre la religion et la science ».
D'un autre coté, la Parole Divine, transmise par le Coran, exhorte au contraire à l'exploration
de la Création, considérée comme un autre « Coran ouvert », dont d'autres types de
théologiens (scientifiques), sont invités à en lire les multiples pages et à en déchiffrer les
innombrables messages. La pensée, la réflexion et l'apprentissage sont encouragés. Sur la
base de toutes les sources de connaissance mises à sa disposition, l'être humain a pour
mission d'exercer pleinement ses facultés mentales et d'apprendre toujours plus afin de se
réformer continuellement et d'améliorer son environnement. De nombreux versets invitent
clairement à la recherche scientifique et à l'extension des connaissances :
Il a créé l'Homme à partir d'une adhérence.
Lis et ton Seigneur Le Très-généreux…
…qui a enseigné avec la plume (le Calame).
A enseigné à l'Homme ce qu'il ne savait pas. » Coran(96, 1 à 5)
C'est le premier verset révélé du Coran. Il est notoire de constater que la première
exhortation recommande de lire, car la lecture est le symbole de l'étude et de la recherche
scientifique. On lit aussi bien dans le Coran que dans le grand livre de la Création par
l'instrument des sciences.
Les êtres intelligents sont donc appelés à étudier et à percer les secrets du
merveilleux système de l'univers :
L'effort en vue d'acquérir le savoir et la connaissance est un devoir pour tout
musulman. Selon la parole du Prophète, paix et bénédiction sur lui :
« Celui qui abandonne son foyer pour se mettre en quête du savoir suit la voie de
Dieu…L'encre du savant est plus sacrée que le sang du martyr. ».
Le mouvement scientifique en Islam a commencé dès le VIIe siècle et a porté ses fruits
au VIIIe et IXe siècles. M. Jacques Attali, conseiller de l'ancien Président de la France,
M. François Mitterrand, a décrit, dans son ouvrage « Histoires du temps (Fayard) », un
procédé d'automatisme, fruit de nombreuses disciplines scientifiques et
techniques : « En 807, Charlemagne reçoit de Haroun Rachid en cadeau une clepsydre
de laiton avec des figures mobiles. Un texte du XVIIe siècle la décrit ainsi : « Une
machine qui, actionnée par la force motrice de l'eau, marque les heures par un
nombre approprié de petites boules en bronze qui retombent sur un timbre d'airain. A
midi, douze cavaliers sortent par douze fenêtres qui se referment sur eux. ». Le « livre
de la connaissance des dispositifs mécaniques ingénieux », de Badi al Zamanibal
Rezza al Tazan, établit que de telles clepsydres étaient connues dans tout le monde
musulman dés le IXe siècle ».
Dans le droit fil de la conquête du champ de la connaissance, le calife Haroun Rachid
(786-809) s'emparant d'Ankara, et le calife al-mamoun (814-833) remportant la victoire
sur l'empereur byzantin Michel III ne demandent comme dommage de guerre que la
livraison de manuscrits anciens. En 832, le calife Al Mamoun fonda la Maison de la
Sagesse (Baït al Hikma). Les savants musulmans de l'âge d'or inscrivirent dans leur
principe le premier des Aphorismes d'Hippocrate qui fut traduit avec prédilection en
vue de garder la persévérance et la rigueur dans le traitement de la vérité durant
toutes ses phases de transformation : « La vie est courte, l'art est long, l'occasion est
prompte à s'échapper, l'empirisme est dangereux, le raisonnement est difficile ».
Le savant Al-Kindi formula le principe fondamental du développement scientifique :
« Nous ne devons pas avoir honte d'admirer la vérité et de l'accueillir, d'où qu'elle
vienne, même si elle nous vient de générations antérieures et de peuples étrangers.
La vérité n'est jamais indigne ; elle ne diminue jamais qui la dit, ni qui la reçoit. Au
contraire, la vérité ennoblit ».
Les textes scientifiques (astronomie, mathématique, médecine, philosophie, …)
collectés au cours des conquêtes furent traduits et étudiés... Les savants musulmans
enrichirent le patrimoine universel hérité des Iraniens, des Chinois, des Indiens et des
Grecs. Le mouvement scientifique en Islam avait vite donné naissance à des
scientifiques de talent tels que Ibn Sina, Al Kawarizmi, al-Hassan Ibn Haytham, le
célèbre physicien Jâbir Ibn Hayyân que les Européens appellent « le Père de la
Chimie » et d'autres savants semblables. Leurs écrits ont laissé une grande influence
sur des scientifiques tels que Roger Bacon, Kepler et Leonard Di Vinci. Il convient de
noter que les progrès scientifiques réalisés dans le monde musulman ont eu lieu à
l'époque du Moyen-Age qui coïncide avec l'opposition violente de l'Eglise à la
Renaissance et aux pionniers du mouvement scientifique occidental naissant . L'Islam
avait stimulé les mouvements scientifiques dans le monde et pour cette même raison,
il était devenu la principale fontaine du vaste développement de la science et de la
connaissance. Ainsi, les facteurs qui ont conduit les intellectuels de l'Occident à
s'éloigner de la religion, n'existaient pas dans le monde musulman. Au contraire,
l'Islam a créé une atmosphère meilleure et plus favorable à l'avancement de
l'enseignement et à la promotion de la science.
Cependant, il est incontestable que des dissensions internes dans le monde
musulman se sont développées intensivement depuis le XIIe siècle. Les conflits
d'intérêt ont engendré la promotion des intérêts personnels au détriment de l'intérêt
général. Ils ont conduit à négliger les vrais enseignements de l'Islam, à freiner le
progrès et à devenir indifférent à l'esprit du temps. Ces états d'âme se sont reflétés au
niveau de plusieurs générations postérieures et dans plusieurs pays musulmans.
Pourtant, l'un des derniers phares de la pensée musulmane, Ibn Rochd, avait
clairement posé les équations du développement scientifique consistant à maintenir
en cohésion la religion et la science. Dans son « traité décisif sur l'accord de la
religion et de la philosophie (elle englobait les disciplines scientifiques)), Ibn Rochd
affirme qu'il y a obligation pour le croyant de s'adonner à la philosophie, parce qu'elle
est la sœur de la religion : ce sont deux aspects différents de la même vérité ; aucune
contradiction entre eux. C'est ce qu'Ibn Rochd affirme clairement, dés le début de son
livre : « Si l'œuvre de la philosophie (falsafa) n'est rien de plus que la spéculation sur
l'univers en tant qu'il fait connaître l'Artisan (je veux dire en tant qu'il est œuvre d'art,
car l'univers ne fait connaître l'Artisan que par la connaissance de l'art qu'il[révèle], et
plus la connaissance de l'art qu'il [révèle] est parfaite, plus est parfaite la
connaissance de l'Artisan), et [si] la Loi religieuse invite et incite à s'instruire par la
considération de l'univers, il est dés lors évident que l'[étude] désignée par ce nom
[de philosophie] est, de par la Loi religieuse, ou bien obligatoire ou bien méritoire.
Que la loi divine invite à une étude rationnelle et approfondie de l'univers, c'est ce qui
apparaît clairement dans plus d'un verset du Livre de Dieu (le Béni, le Très-Haut !).
Lorsqu'on dit par exemple : « Tirez enseignement[de cela], o vous qui êtes doués
d'intelligence ! » c'est là une énonciation formelle montrant qu'il est obligatoire de
faire usage du raisonnement rationnel et religieux à la fois. ».
Le mouvement scientifique de la Renaissance Européenne ne fut pas suivi par les
universités musulmanes de l'époque. Par la suite, faute de schémas appropriés de
développement et au fil des siècles, le mouvement scientifique déclina et accusa un
retard de phase, récurrent et croissant, par rapport à celui de l'Occident, de sorte qu'il
semble actuellement distant. L'influence culturelle de l'esprit scientifique à toutes les
composantes sociales ne s'est pas faite graduellement et naturellement, alors que le
savant Al Kindi a préconisé la recherche de la vérité d'où qu'elle vienne. La culture
scientifique ne se communique pas par miracle, mais par de longs efforts
d'apprentissage, par l'éducation et de génération en génération. Un autre facteur a
compliqué le problème, l'Islam n'ayant pas été présenté correctement aux générations
suivantes, son rôle constructif a décliné progressivement dans les différents
domaines.
Cependant, l'Islam a un avenir prometteur. En ravivant ses idéaux et en le présentant
d'une manière adéquate, il reprendra rapidement son caractère originel et son appel
universel.
En résumé, il n'y a pas de dualité entre la foi et les sciences. Elles doivent évoluer en
harmonie afin d'éviter les dérives éventuelles. Chaque livre des sciences naturelles :
la physique, la chimie, la biologie, l'anatomie, la médecine, la chirurgie, la zoologie, la
botanique, etc. - peut être utilisé comme un livre de théologie naturelle, car tous ces
livres traitent des secrets et des lois des merveilleux systèmes de la création dont
l'interprétation correcte et logique n'est pas possible sans la reconnaissance de
l'existence de Dieu. Comme l'a dit Kepler, le fondateur de l'astronomie moderne :
« Plus nous savons de choses sur la création et la grandeur des corps célestes, plus
notre foi (en Dieu) devient profonde. ». George Gemove dit qu'il existe une relation
étroite entre le progrès de la science et la solidité de la Foi en Dieu. Plus la
connaissance scientifique s'étend, plus la foi en Dieu s'affermira. Albert Winchester,
un biologiste qui a été Président de l'Académie des Sciences de Floride dit que
chaque nouvelle découverte dans le monde de la science renforce cent fois la fermeté
de notre Foi, dissipe les doutes cachés qui habitent plus ou moins le fond de nos
cœurs et les remplace par des idées plus nobles de la reconnaissance de Dieu et de
Son Unicité. Une foi qui ne s'appuie donc pas sur des structures objectives risque de
dévier et devenir semblable aux mythologies quel que soit les miracles qu'elle peut
manifester. Une foi erronée est d'ailleurs l'assise de nombreuses sectes. De même, si
les sciences ne respectent pas les limites divines ou si elles sont utilisées à des fins
de destruction, par effet boomerang, elles se retourneront tôt ou tard contre
l'humanité : « Science, sans conscience, n'est que ruine de l'âme » (Rabelais).
Le scientifique contemporain, Abernethy dit que la science doit, pour sa propre
perfection, regarder la foi en Dieu comme l'un de ses principes admis. Donc l'homme
religieux, selon les enseignements religieux authentiques peut plus que tout autre,
réaliser des recherches et découvrir les secrets de Dieu dans Sa Création !
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