L’impérialisme et le colonialisme 1870 - 1914 Une colonie est un territoire qui se trouve sous la domination d’un autre pays (appelé la métropole) et qui en dépend totalement aux niveaux politique, économique et culturel. Depuis 1870, les grandes puissances mondiales entament une nouvelle expansion coloniale connue sous le nom d’impérialisme. Ce colonialisme se base sur la conquête et l’exploitation économique systématique d’un plus grand nombre possible de territoires d’Afrique, d’Asie et du Pacifique. Le phénomène concerne la plupart des États de l’Europe de l’Ouest (France, Angleterre, Portugal, Pays-Bas, Belgique, Allemagne, Italie), mais aussi les Etats-Unis et le Japon. L’expansion fut très rapide à cause de la supériorité militaire des colonisateurs. L’Empire colonial britannique est le plus important. À son apogée, il comprend l’Inde, la Birmanie, l’Australie, le Canada, l’Afrique du Sud, l’Égypte, le Soudan et le Kenya. Les colonies britanniques sont réparties sur les 5 continents. L’Empire colonial français est concentré en Indochine et en Afrique (du Nord, de l’Ouest et équatoriale). Le continent africain est un parfait exemple de l’ampleur de la colonisation : les principaux pays européens se le partagent au congrès de Berlin de 1885 ; en 1914, il se retrouve divisé entre 7 nations européennes. Les causes de l’impérialisme : Politiques et stratégiques : La possession de colonies se convertit en un critère pour mesurer la grandeur et le pouvoir des pays. A cela s’ajoutent des raisons stratégiques, comme le contrôle de la route commerciale, la protection d’un territoire pour qu’il ne soit pas occupé par des pays rivaux. Démographiques : pour envoyer dans les colonies les excédents démographiques nationaux et diminuer les tensions sociaux internes (chômage, entassement,…). Les populations indigènes constituent une main d’œuvre bon marché pour les mines et les plantations. De plus, pour la France, dont la population est moins nombreuse que celle de l’Allemagne, les colonies sont une réserve de soldats, dans laquelle elle puisera abondamment lors des deux guerres mondiales. Economiques : L’augmentation de production de la Deuxième Révolution Industrielle crée le besoin de chercher des matières premières bon marché pour l’industrie et de nouveaux marchés, sans barrières douanières, où liquider les produits industriels débouchés. En plus, le développement du capitalisme cherche de nouveaux espaces où investir le capital. ● Idéologiques : Certains courants idéologiques manipulent les idées de Darwin, l’appliquent à la Société et les utilisent pour proclamer la supériorité de la race blanche et sa mission de « civiliser » le reste du monde : ils ouvrent des écoles et des dispensaires, ils évangélisent les populations indigènes, ils tentent de diffuser la langue et la religion de la puissance colonisatrice. Mais ils ne perçoivent pas toujours qu’ils détruisent d’autres civilisations pour les remplacer par la leur. D’autre part, la curiosité scientifique stimule la création des sociétés géographiques aux Etats-Unis, au Royaume Uni et en France qui explorèrent toute la planète cherchant des matières premières et des nouvelles voies de communication et de nouveaux territoires libres pour conquérir. La organitation colonial : Les puissances colonisatrices établissent diverses formes dans le domaine colonial, comme des concessions, des protectorats et des colonies : Les concessions sont des avantages commerciaux obtenus des pays indépendants que les puissances se répartissent dans les « zones d’influence ». C’est le cas de la cession des ports pour commercer en Chine. Le protectorat maintient le gouvernement indigène du pays, mais, afin de le protéger, la puissance colonisatrice contrôle la politique extérieure, l’armée et l’exploitation de certaines ressources. Exemple : le protectorat britannique de l’Egypte. Les colonies sont des territoires soumis à la souveraineté de la puissance colonisatrice. Elles peuvent être de position, de peuplement ou d’exploitation. Les colonies de peuplement établissent une population étrangère nombreuse. Certaines s’autoadministrent, c’est ce que font les britanniques au Canada, En Australie, en Nouvelle Zélande et en Afrique du Sud. D’autres adoptent les mêmes lois et institutions que la métropole, comme la colonie française en Algérie. Les colonies d’exploitation ont une majorité indigène et sont soumis au contrôle administratif et militaire de la puissance étrangère qui exploite en exclusivité leurs ressources économiques en utilisant les indigènes comme main d’œuvre. C’est le cas du Congo, ancienne colonie Belge. L’expansion des empires coloniaux : 1. La répartition de l’Afrique En 1870, l’Afrique est un territoire presque inconnu où les européens occupent quelques enclaves côtières. A partir de cette date, les principales puissances coloniales commencent à y créer des empires continus : les britanniques, du nord au sud, entre le Caire et le Cap ; les français, de l’ouest à l’est, entre le Sénégal et la Somalie. D’autre part, la Belgique s’établit au Congo. L’Allemagne désire unir le Cameroun et la Tanzanie. Le Portugal veut unir Angola et le Mozambique, L’Italie s’empare de l’Erythrée, la Libye, et une partie de la Somalie et l’Espagne occupe le Sahara Occidentale, la Guinée Equatoriale et une partie du Maroc. Pour éviter les affrontements, les puissances colonisatrices se réunissent dans la Conférence de Berlin (1884-1885) où a lieu la « répartition de l’Afrique ». 2. L’expansion en Asie et en Océanie C’est en Asie que le système de concessions et la répartition des zones d’influence sont fréquents, même s’il y a des Etats bien organisés, comme la Chine. Certains pays sont passés dans les mains des britanniques, comme l’Inde et la Birmanie ; de la France, comme le reste de l’Indochine, sauf le règne de Siam, et des pays Bas qui dominent une grande partie de l’Indonésie. D’autres puissances se sont unies à l’expansion coloniale. Ainsi la Russie s’empare de la Sibérie et s’étend vers l’Inde et la Chine. Les Etats-Unis expulse l’Espagne des Philippines et de Porto Rico, contrôle Cuba et occupe le terrain où s’est construit le Canal de Panama ainsi que des archipels du Pacifique. Le Japon entame l’occupation de la Corée et de Mandchourie (Manchuria), où il s’affronte à la Chine et à la Russie. Les conséquences du colonialisme : Les conséquences du colonialisme sont énormes, tant pour les peuples indigènes que pour les métropoles coloniales. 1) L’impact sur les peuples indigènes : Pour les peuples colonisés, les conséquences de la colonisation sont en général, négatives : o Dans le domaine politique, les gouvernements locaux sont éliminés ou soumis au contrôle étranger. En plus, le tracé arbitraire des frontières par les colonisateurs est à l’origine des conflits ethniques car des peuples rivaux sont unis ou séparés dans le même territoire. o Dans le domaine démographique, la mortalité recule grâce aux progrès médicaux et hygiéniques. Cependant, dans certaines zones, la population indigène diminue à cause des maladies et de son exportation comme main d’œuvre. o Dans le domaine économique, les puissances colonisatrices obligent les indigènes à travailler pour elles, les exproprient et remplacent les cultures traditionnelles par des cultures d’exportation (café, thé, caoutchouc, sucre, cacao) ou explotent la richesse de leur sous-sol. Elles favorisent un commerce injuste, basé sur l’exportation de matières premières et l’achat de manufactures. Ils négligent l’industrialisation et créent des ports, des voies de chemin de fer et des infrastructures en fonction de leurs intérêts. o Dans le domaine social, une nouvelle société marquée par un grand contraste entre la minorité étrangère et la population indigène est créée. Où l‘une contrôle le gouvernement et la richesse, habite dans des quartiers luxueux, et elle est la propriétaire agricole de la terre, des usines,… l’autre est obligée de travailler et de vivre confinée dans des quartiers urbains insalubres. Pour les États colonisateurs, les populations locales sont une main-d'œuvre bon marché pour les mines ou les plantations. Certains pratiquent l'esclavage o Dans le domaine culturel, Les langues, les croyances religieuses et les cultures indigènes sont déplacées par les étrangers, disparues ou entrées en crise. 2) Les conséquences pour les métropoles : Pour les peuples colonisateurs, le colonialisme apporte une supériorité mondiale, un pouvoir politique, une richesse, et la connaissance directe d’autres civilisations. Par contre, il provoque des affrontements politiques et économiques internationaux et c’est l’une des causes de l’éclatement de la Première Guerre Mondiale. Activités : 1) Qu’est-ce qu’on entend par « répartition de l’Afrique » ?. 2) D’après l’exercice de la carte interactive et de la carte ci-dessus : Quelle est la puissance européenne qui a créé l’empire colonial le plus étendu ? Est-ce qu’il y avait des pays indépendantes dans ces continents ? Lesquels ?. 3) Quelles sont les puissances qui avaient des territoires en Asie et en Océanie ?. 4) Résumez les conséquences du colonialisme. 5) D’après Jules Ferry, qu’est-ce la colonisation peut apporter aux peuples des autres continents ? Quelles sont les raisons qui justifient la colonisation ?. La Première Guerre Mondiale 1914-1918 I- L’Europe et le monde en 1914 : 1. La suprématie de l’Europe Durant le XIXe siècle, le développement économique de l’Europe est spectaculaire grâce au développement de sa population, aux sciences, aux techniques et au système capitaliste. Au début du XXe siècle, l’Europe est devenue le centre du monde. Elle possède d’immenses empires coloniaux. Le monde s’européanise peu à peu avec l’arrivée d’hommes, de capitaux et de produits manufacturés venus d’Europe. Quatre pays se détachent nettement : - Le Royaume-Uni qui possède le plus vaste empire colonial et la première flotte du monde. - La France occupe le deuxième rang pour la taille de son empire et sa puissance financière. - L’Allemagne est le premier pays industriel d’Europe. - La Russie, très peuplée et rurale, commence la mise en valeur de son immense empire continental le long du Transsibérien. Cependant, la suprématie européenne est menacée par deux puissances extraeuropéennes : - Les Etats-Unis, qui possèdent la première économie mondiale, s’engagent dans une politique expansionniste en Amérique centrale et dans le Pacifique. - Le Japon s’industrialise et s’implante en Asie après avoir vaincu la Chine en 1895 et la Russie en 1905. 2. Les causes de la Première Guerre Mondiale ◆Les rivalités entre les puissances européennes se multiplient au début du XXe siècle. Dans le monde, l’impérialisme provoque des tensions. ◆En Europe, le nationalisme se renforce. La France réclame l’Alsace-Lorraine à l’Allemagne. ◆ La Russie et l’Autriche Hongrie veulent s’étendre dans les pays des Balkans. ◆A la fin du XIXe siècle, deux blocs antagonistes se sont formés : la Triple-Alliance et la Triple-Entente. Dans ce climat alourdi, les Etats se lancent dans la course aux armements. 3. Le déclenchement de la guerre Le 28 juin 1914, François-Ferdinand, héritier du trône austro-hongrois, est assassiné à Sarajevo par un nationaliste serbe : l’Autriche-Hongrie accuse la Serbie et lui déclare la guerre le 28 juillet. L’Allemagne déclare alors la guerre à la Russie pour l’empêcher de soutenir la Serbie, son alliée, puis à la France, alliée de la Russie. Enfin, le Royaume-Uni entre en guerre le 4 août, quand les armées allemandes entrent en Belgique, Etat neutre, pour envahir la France. II- Les caractéristiques de la 1ère Guerre Mondiale : Au début des déclarations de guerre, on s’attend à une guerre courte. Partout, des gouvernements d’Union sacrée se forment. 1. La guerre de mouvement. - Dès le début d’août 1914, l’Allemagne prend l’initiative. Après avoir envahi la Belgique, ses divisions débordent l’armée française par un vaste mouvement enveloppant. La bataille de la Marne fait reculer les Allemands. Après une course à la mer, le front se stabilise sur une ligne continue de 700 km de la mer du Nord à la Suisse. - Sur le Front Est, l’armée russe est écrasée à Tannenberg et subit de lourdes pertes. A la fin de l’année 1914, on sait que cette guerre ne sera pas courte. Aucun des deux blocs n’a emporté la décision : leurs forces s’équilibrent. 2. La guerre de position. A l’ouest, de part et d’autre de la ligne de front, les combats prennent une forme nouvelle. Les armées s’enterrent dans des tranchées. Les offensives de 1915 en Champagne et en Artois, de 1916 à Verdun et sur la Somme ne modifient pas la ligne et font plusieurs millions de morts. Les conditions de vie des « poilus » sont effroyables. Les armes employées : grenades, lance-flammes, gaz, mines, mitrailleuses et artillerie lourde, sont très meurtrières. 3. La guerre totale. Toutes les forces disponibles au front et à l’arrière sont mobilisées en vue de la victoire : c’est la guerre totale. Les empires coloniaux participent à l’effort de guerre. Les Etats financent la guerre par des déficits budgétaires et des emprunts. La production de matériel militaire quadruple entre 1914 et 1916. Les civils souffrent de la guerre. Les femmes remplacent les hommes aux champs comme à l’usine. Les conditions de vie s’aggravent, notamment dans les Empires centraux, victimes du blocus allié. Pour soutenir le moral des peuples, la propagande et la censure se renforcent. Mais les privations et l’inflation entraînent la multiplication des grèves dans tous les pays en guerre. Certains rejettent la guerre. Les Unions sacrées se disloquent. III- Les traités de paix : 1. La Paix de Paris (1919-1920) En 1918, avant la fin de la guerre, le président des Etats-Unis, Woodrow Wilson annonce quatorze points pour faire régner la paix. Au cours de la Conférence de Paix de Paris, où n’ont assisté que les Etats vainqueurs, on organise la paix en ne s’inspirant que d’une partie des propositions de Wilson : cinq traités sont signés par les pays vaincus, on trace une nouvelle carte de l’Europe et on crée la Société des Nations pour garantir la paix et l’avenir. Le traité de Versailles, signé avec l’Allemagne, la fait responsable de la guerre et lui impose le payement des réparations, la réduction de son armée à 100 000 hommes, la remise de l’Alsace Loraine à la France et la perte de ses colonies en faveur de la Grande Bretagne, la France, la Belgique et l’Afrique du Sud. L’Allemagne se sent humiliée par cette paix imposée. 2. La nouvelle carte de l’Europe Les traités signés ont abouti à la naissance d’une nouvelle carte de l’Europe : ● De nouveaux Etats surgissent. Ils sont formés à partir des territoires des empires allemand, austro-hongrois et russe. Ainsi, la Pologne surgit à partir des territoires de l’Autriche-Hongrie, la Russie et l’Allemagne. Des Etats comme l’Autriche, la Hongrie, la Yougoslavie et la Tchécoslovaquie sont créés à partir de la division de l’empire austrohongrois et les Etats de Finlande, Estonie, Lettonie et Lituanie de l’empire russe L’Allemagne cède l’Alsace Loraine à la France, l’Autriche-Hongrie cède l’Istrie et Trento à l’Italie et l’empire Turc reste limité à la Turquie en cédant ses possessions balkaniques à la Grèce et à la Roumanie et ses possessions en Mésopotamie-Palestine et en Syrie à la Grande Bretagne et à la France. L’Europe en 1923 3. La Société des Nations La Société des Nations, qui siège à Genève, est une organisation internationale pour développer la coopération, la paix et la sécurité. Cependant, elle est créée avec d’importantes limitations puisque les Etats-Unis n’y ont pas adhéré après avoir refusé le traité de Paris, ni l’URSS, ni les pays vaincus, même si certains d’entre eux y ont adhéré postérieurement. IV.-Les conséquences de la Première Guerre Mondiale : Sur le plan politique, les dynasties qui gouvernent les grands empires sont abolies. Le suffrage universel masculin se généralise et dans plusieurs pays, les femmes ont droit au vote. Sur le plan international, la guerre met fin à l’hégémonie européenne dans le monde. Elle est remplacée par la prédominance des Etats-Unis. Sur le plan économique, cette guerre a causé d’énormes pertes matérielles (champs cultivés, industries, transports et édifices). Les pays européens, endettés, sont devenus débiteurs des Etats-Unis. La hausse du chômage et de l’inflation marque la fin de la « belle Epoque ». Sur le plan démographique, c’est une véritable catastrophe dont les pertes humaines dépassent les 40 millions, dont 20 millions de morts et 21 millions de blessés, d’invalides, de veuves et d’orphelins. Le déficit des naissances s’est répercuté sur plusieurs générations. Sur le plan social, le traumatisme moral a bouleversé les sociétés européennes. Les femmes assument plus de responsabilités familiales et professionnelles. Les anciens combattants, déçus de leurs conditions de vie après la guerre, forment des groupes de pression. Un nouveau monde voit le jour avec les Etats-Unis comme leadership mondial dans tous les domaines. Les bouleversements provoqués par la révolution en Russie constituent la principale conséquence, à long terme, de la guerre. LEXIQUE : L’Union sacrée : entente des divers courants politiques pour défendre la patrie. Le Poilu : nom familier du soldat français. La guerre totale : mobilisation générale des forces militaires, économiques et des esprits. La Munitionnette : ouvrière qui travaille dans l’industrie d’armement. Le blocus : ensemble des mesures prises par les Alliés pour empêcher le commerce extérieur de l’Allemagne. Le débiteur : ici, pays qui a une dette. S.D.N : Société des Nations ; organisme international, créé en 1920 et établi à Genève, qui est destiné à garantir la paix du monde et développer la coopération entre les nations. Un leadership : mot anglais qui s’emploie pour définir une position dirigeante. Révolution : changement rapide de régime politique qui se traduit par des bouleversements de la société.