limitée et l’égalité civile avec les catholiques. Des garanties judiciaires leur étaient
assurées par la constitution dans quatre villes (dont Paris) de «tribunaux mi-parties»
(composés à la fois de catholiques et de protestants). Enfin – précaution contre
un retour de violence catholique –, ils disposaient d’une centaine de places fortes
pour huit ans; en 1606, ce privilège fut renouvelé. La mesure de 1598 créa en
France, pour quatre-vingt-sept ans, une situation profondément originale. Le
royaume recevait une structure dualiste et devenait un État à la fois catholique et
protestant. Toutefois, dans cette France nouvelle, le protestantisme resta
défavorisé: de façon significative l’édit proclamait le rétablissement de la religion
romaine partout où elle avait cessé de s’exercer, avec retour des églises et biens
ecclésiastiques à leurs premiers possesseurs. Enfin, la «pratique» de l’édit, après la
mort d’Henri IV, fut de plus en plus défavorable aux réformés.
Les nouvelles rébellions protestantes, sous Louis XIII, s’expliquent en effet
par le réflexe de peur d’une minorité qui craignait la réalisation d’un grand «dessein
royal» à ses dépens. Plus limitées que celles du XVIe siècle, ces révoltes
touchèrent seulement l’Ouest et le Midi. Dauphiné, Normandie et région parisienne
restèrent soumis. En 1615, l’assemblée de Nîmes décide de soutenir les nobles qui
s’opposent au mariage de Louis XIII avec Anne d’Autriche. En 1620, le
principal chef protestant, Henri de Rohan, est du côté de la reine mère contre
Louis XIII au moment de la «drôlerie des Ponts-de-Cé». Beaucoup plus grave
est l’affaire du Béarn en 1620. Le roi y vient avec une armée et, dans ce pays
autonome en majorité réformé, il rétablit partout le catholicisme: d’où une nouvelle
guerre civile que décide, en mai 1621, une assemblée huguenote tenue à La
Rochelle. Elle est marquée par deux campagnes de Louis XIII dans le Midi, en
1621 et 1622. Les protestants perdent quatre-vingts places fortes. Par la paix de
Montpellier (oct. 1622), cette cité devient ville ouverte; Millau, Nîmes, Castres et
Uzès perdent la moitié de leurs fortifications. En fait, les troupes royales restent à
Montpellier tandis que le gouvernement renforce le Fort-Louis, près de La
Rochelle. En 1625, Soubise, frère de Rohan, prend l’initiative d’un nouveau
soulèvement, que le Languedoc suit avec réticence. Le traité de Paris (févr. 1626),
conclu sur les conseils du roi d’Angleterre, reconduit la paix de Montpellier.
Cependant, c’est Charles Ier qui pousse ensuite les huguenots à leur dernière
grande révolte (1627-1629), celle qu’illustrent tragiquement le siège de La Rochelle
(août 1627-oct. 1628), la descente des troupes royales et du souverain lui-
même en Languedoc, enfin la prise de Privas (mai 1629). L’édit de grâce d’Alès
(juin 1629) pardonne la révolte, laisse aux protestants les libertés religieuses prévues
par l’édit de Nantes, mais ordonne la destruction de toutes les fortifications
adverses. Les assemblées politiques huguenotes sont désormais interdites.