I. Les grandes lignes et les liens avec la réforme en Allemagne II

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L'histoire de l'église
La réforme IV -- La réforme en France (15)
Sven Birster
I. Les grandes lignes et les liens avec la réforme en Allemagne
Tandis qu'en Allemagne, les idées de réforme de Martin Luther se répandent très vite à partir de
1517 ("affichage" des 95 thèses) et entraînent rapidement un changement social, la réforme en
France reste pendant longtemps à ses débuts. Les idées luthériennes sont certes parvenues jusqu'en
France, mais il manque un dirigeant charismatique pour faire avancer la réforme.
La structure de la France par rapport au Saint Empire Romain Germanique est une cause
supplémentaire de cette lenteur. Tandis que l'Allemagne est composée d'une multitude de petites
principautés (le Grand-duché de Luxembourg est une des dernières qui subsiste encore aujourd'hui),
dans lesquelles la souveraineté appartenait au prince local et non à l'empereur, la France est à cette
époque un pays relativement centralisé. Et comme les rois français François Ier (1515-1547) et
Henri II (1547-1559)1 sont attachés à la religion catholique2, les luthériens, encore appelés bibliens
ne peuvent s'imposer. Il n'y a donc personne comme Frédéric de Saxe sous la protection duquel un
"Luther" aurait pu enfin faire aboutir les efforts de réforme. Les tenants de la réforme française
étaient donc à la merci des chasseurs d'hérétiques.
Henri II signe les édits de Châteaubriand et d'Écouen (1551 et 1559): "La liberté de culte n'existe
plus et la pratique de la religion protestante équivaut à une condamnation à mort"3: les "huguenots"
sont pourchassés dans tout le royaume.
Mais, tout comme en Allemagne, les idées des philosophes des Lumières préparent le chemin de la
réforme. Elles permirent la liberté intellectuelle de remettre en question les enseignements
traditionnels.
II. Jean Calvin
C'est seulement avec Jean Calvin (né en France le 10 juillet 1509 sous le nom de Jean Cauvin, mort
en 1564) que la réforme en France trouve un dirigeant capable de faire bouger les choses. Il étudie,
comme Luther, tout d'abord le droit, puis se tourne vers les idées de la réforme vers 15334. En 1535,
il doit fuir la France. Il s'en suit pour lui un temps de fréquents changements de lieu, pendant lequel
il écrit entre autre son livre „institutio religionis christianae“ ("enseignement chrétien"). De plus, il
se consacre à l'organisation du mouvement réformateur appelé aussi "protestant".
Après un séjour de deux ans à Genève et la rencontre avec d'autres réformateurs, il publie en 1539
de nombreux commentaires bibliques.
Un autre moment décisif pour la réforme en France, après les thèses de Luther en 1517, est la
publication du manifeste de Calvin en 1536.
1Ce fut Henri II qui commença activement et officiellement à pourchasser les huguenots français, alors que François I
essaya longtemps de négocier. C'est seulement pour des raisons d'influence qu'ils s'allient avec des princes
allemands protestants pour lutter contre Charles Quint.
2Depuis le concordat signé en 1516 entre François Ier et le Pape Léo X, l'église catholique romaine était, pour le roi
français, un moyen qui accéléra la centralisation du pouvoir entre ses mains. A partir de cette date, ce fut le roi
français qui nomma ou révoqua les évêques.
3Medori, Henri. Histoire de France - Les Dirigeants de Vercingétorix à la V. République. p. 34
4http://www.protestants.org/faq/histoire/htm/reforme.htm, 23.02.2005
1
Beaucoup de nobles et de membres de la bourgeoisie adhèrent à la réforme, ce qui rendit son
influence importante en France. Ils remplacent l'autorité de l'église par celle de la Bible, ce qui
entraîne de nombreux conflits. Malgré les attaques, le premier synode national des chrétiens
réformés a lieu en 1559 à Paris. Calvin ne peut y prendre part personnellement, mais il est lié à ses
coreligionnaires par une correspondance abondante, ce qui peut également être observé dans ses
demandes fréquentes au roi et ainsi que dans ses essais d'influencer la politique française. Il est
considéré comme le père de la profession de foi et de la règle de l'église réformée publiée lors du
premier synode. Grâce à eux, l'église réformée obtint le fondement nécessaire pour se développer en
France.
Les réformés, c'est à dire les protestants de France, furent nommés "huguenots". Jusqu'à
aujourd'hui, on n'est pas sûr de l'origine de ce mot. On pense que cela peut venir du mot allemand
„Eidgenossen“ (qui signifie "citoyen suisse", littéralement ceux qui sont liés par un serment) étant
donné que la Suisse fut la source de nombreux encouragements pour la réforme française. Au début,
seuls les adversaires des huguenots utilisèrent ce nom.
Comme en Allemagne, la réforme prit très vite une tournure politique. Certes, les chrétiens
réformés acceptaient l'autorité du roi comme venant de Dieu, mais ils tenaient à leur liberté de
conscience. Cela n'était pas encore politique. Mais par la suite, les attaques contre les réformés
prirent une telle ampleur, que bientôt les princes protestants durent combattre avec leurs armées
contre le roi - ce qui à cette époque et avec la compréhension de la Bible de jadis n'était pas un
moyen illégal pour défendre le pouvoir politique, ainsi que la liberté de conscience.
III. Des guerres de religion jusqu'à l'édit de tolérance de Nantes (1598)
Les premières persécutions ont lieu en 1534. En 1560, ", malgré les persécutions et avec le soutien
du royaume de Navarre et d'une partie de la noblesse de moyen et de haut rang, les huguenots
français forment un parti politique."5 Après l'échec de Poissy, en 15616, catholiques et protestants
s'affrontent dans des combats meurtriers.
Pendant ce temps, les rois français se succèdent avec rapidité : Henri II meurt en 1559, son fils
François II lui succède (1559/60) ; ce dernier est remplacé par son frère Charles IX (15601574).Pendant le règne de Charles IX, la mère de celui-ci règne en tant qu' 'Eminence grise'. C'est
elle qui prenait en principe toutes les décisions.
En 1562, elle accorde même aux protestants la tolérance pour un peu de temps, mais après le "bain
de sang de Vassy", les tensions confessionnelles reprennent. Elles se transforment en la première
des huit guerres de religion, qui furent menées avec brutalité et dureté.
Les étapes suivantes en bref:
1563 Paix d'Amboise : on accorde aux huguenots la tolérance et des villes de refuge ; d'autres
accords de paix suivent.
1572 La nuit de la saint Barthélémy : pour apaiser le conflit, la soeur de Charles IX, Marguerite,
épouse le roi Henri de Navarre, qui était protestant. Les catholiques espagnols firent
assassiner l'amiral protestant Coligny avec l'aide des troupes commandées par le Duc de
Guise. Cela entraîna les parisiens à massacrer les protestants qui étaient venus à Paris à
l'occasion du mariage. A la suite de cela, la guerre de religion reprit de plus belle. Les
combats et les accords de paix se succèdent.
5www.hugenotten.de/htm_ger/geschi.html, 19.11.2004
6Lors du colloque qui était un essai de réconcilier les protestants avec l'église catholique.
2
1585 Henri III révoque tous les droits accordés aux protestants. Il s'en suit une autre guerre de
religion. Elle est gagnée par les huguenots, ce qui pousse Henri III à conclure la paix avec le
parti huguenot. A la suite de cela, il est assassiné par les tenants du parti catholique. Le
successeur au trône est Henri de Navarre, à présent Henri IV. Il combat les catholiques et les
espagnols, mais devient lui même catholique en 1593, ce qui lui assure la reconnaissance de
ceux-ci. Il est enfin officiellement couronné roi de France par les catholiques en 1594.
1598 Après 36 ans d'affrontements, Henri IV7 signe le 30 mars 1598 l'édit de Nantes, qui rétablit
la paix religieuse en France, et qui garantit aux protestants la "tolérance, la liberté de
conscience et de culte et 100 places fortes (villes)"8. Cet édit met fin aux guerres de religion.
Malgré tout, l'édit de Nantes est un compromis qui garantit à la minorité protestante des
droits politiques et militaires, mais qui les prive "de toute possibilité d'expansion
religieuse"9.
D'un côté, l'Edit de Nantes reconnaît l'existence de la "Religion Prétendue Réformée"10 [...]
avec une liberté de culte limitée mais assortie de garanties militaire et judiciaires. D'un autre
côté la suprématie du catholicisme est rétablie dans tous ses aspects : l'édit fige la situation
minoritaire du protestantisme, sanctionnant à jamais l'échec historique du passage de la
France à la réforme."11
IV. De l'édit de Nantes (1598) à l'édit de Fontainebleau (1685)
Alors que la situation de protestants était assurée sous le roi Henri IV (†1610), les rois Louis XIII et
Louis XIV "entameront les libertés protestantes, avant de déclencher de féroces persécutions ("Les
dragonnades"): les protestants abjurent en masse et Louis XIV en tire prétexte pour révoquer l'Edit
de Nantes par l'Edit de Fontainebleau"12 (1685).
Un extrait de "Le théâtre sacré des Cévennes"13:
7Qui, pour pouvoir être couronné, dut se "convertir" au catholicisme.
8MS-Encarta
9http://er.avignon.free.fr/histoire.htm, 23.02.2005
10"R.P.R", dans beaucoup de textes originaux
11http://www.protestants.org/faq/histoire/htm/eglise.htm, 23.02.2005
12http://er.avignon.free.fr/histoire.htm, 23.02.2005
13Mission, Maximilien. Le Théâtre sacré des Cévennes. Les éditions de Paris, 1978, pp. 21-22
3
Michelet décrit un dragon de la manière suivante: "Un soldat d'élite : vrai singe, aimant à
mal faire, [...] ravi d'être craint, criait cassait, battait"
"C'est lui qu'on installe chez les protestants. Les résultats ne se font pas attendre : devant la
violence, les protestants se 'convertissent".14 Les pasteurs de la "R.P.R" n'ont que quinze jours pour
sortir du royaume. Et des milliers des familles fuient la France.
14Mission, Maximilien. Le Théâtre sacré des Cevennes. Les éditions de Paris, 1978, p. 22
4
V. Après l'édit de Fontainebleau jusqu'à l'édit de Tolérance et la liberté religieuse
Après l'édit de Fontainebleau, la période la plus sombre du protestantisme en France commence :
"le culte est interdit, les temples rasés, les pasteurs emprisonnés ou exécutés. 200 000 protestants
choisissent l'exil dans les pays voisins ("Le refuge").
C'est surtout la couche moyenne, les artisans et commerçants qui s'en vont. Les fermiers et les
pauvres restent.
C'est dans les Cevennes, où beaucoup des chrétiens se cachent (dans "le désert"), que les hugenots,
après des années des répression, se soulèvent et libèrent leurs frères de la prison d'un prêtre à LePont-de-Montvert. Cela marque le début de la guerre des camisards (1701-1704) ou seulement deux
ou trois mille paysans tiennent tête aux troupes royales composées parfois de vingt mille soldats.
"Entre soumission apparente et clandestinité ('culte au désert'), une poignée de fidèles maintient la
flamme du protestantisme."15
Un mouvement de prophètes parmi les Cévenols est très remarquable. Ce sont, entre autre, des
enfants qui ne peuvent pas lire et qui ne parlent que la langue des paysans qui prophétisent en bon
français.
Après 1704, les persécutions continuent, mais les églises ont su résister, et la communauté
protestante, bien que durement éprouvée, a subsisté. Encore en 1762, un pasteur est pendu, et c'est
seulement en 1768 que les dernières prisonnières de la Tour de Constance sont libérées.
"En 1787 un texte royal destiné à ceux 'qui ne font pas profession de la religion catholique' accorde
un statut civil aux protestants, sans que la liberté de culte leur soit officiellement reconnue." 16
C'était l'influence des idées des Lumières qui a conduit à cette tolérance administrative, mais la
vraie liberté de culte leur est accordée seulement en 1789, l'année de la révolution française.
VI. Conclusion
Beaucoup des frères et sœurs ont payé cher pour leur liberté de conscience, pour pouvoir croire ce
que la Bible enseigne. Quelle est la valeur de notre foi et des vérités de la Bible pour nous?
15http://er.avignon.free.fr/histoire.htm, 23.02.2005
16http://www.protestants.org/faq/histoire/htm/edit.htm, 23.02.2005
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