XV. LES GUERRES DE RELIGION (1559 - 1610)
Mais, ce faisant, elle permet aux deux factions de se renforcer, grâce notamment à tous les
nobles réduits à l'inaction par la paix du Cateau-Cambrésis, et surtout elle amène François de
Guise à conclure que le parti catholique ne peut compter sur le pouvoir royal pour extirper
l'hérésie et qu'il doit donc s'en charger lui-même. Charles IX devient majeur en 1564, mais sa
mère n'en conserve pas moins la réalité du pouvoir. Coligny essaie de profiter de l'ascendant
qu'il a pris sur le roi pour faire triompher les huguenots, mais il est éliminé à l'instigation de la
reine mère. Après la mort de Charles IX en 1574, son frère Henri III monte sur le trône. Il est
intelligent, cultivé, conscient de ses devoirs. Mais la prolongation du conflit rend sa solution
de plus en plus difficile, dans la mesure où elle renforce les positions et les ambitions des
partis en présence. C'est ainsi qu'Henri de Guise, dit « le Balafré », fils de François et chef des
catholiques intransigeants, songe à substituer sa famille à celle des Valois sur le trône de
France. La religion sert de paravent à l'ambition politique.
De même, les événements favorisent le réveil des autonomies provinciales et locales,
tenues en bride au temps de François Ier et d'Henri II. Les gouverneurs de certaines provinces,
souvent soutenus par les états provinciaux, se conduisent en chefs quasi indépendants,
Montmorency en Languedoc, Lesdiguières en Dauphiné, Mayenne en Bourgogne, Mercœur
en Bretagne. Par ailleurs, la crise de l'autorité royale et les besoins financiers nés de la guerre
expliquent la fréquente réunion des états généraux (1560, 1561, 1576, 1588), sous la pression
de l'un ou l'autre des partis : les états font preuve d'une audace croissante, mais, n'ayant ni
périodicité régulière ni attributions définies, ils ne peuvent contribuer à la solution des
problèmes. Les interventions de l'étranger dans les affaires françaises témoignent, elles aussi,
de la gravité de la crise nationale que traverse le royaume. L'Angleterre d'Elisabeth et les
princes protestants allemands aident, à différentes reprises, les calvinistes, notamment par
l'envoi de troupes. De son côté, Philippe II, le très catholique roi d'Espagne, intervient
directement dans la dernière phase du conflit.
XV.a.iii. La crise économique.
La crise religieuse et politique se double d'une crise économique et sociale. En effet,
outre les effets d'une série de crises de subsistances, la guerre civile a, directement ou
indirectement, des conséquences désastreuses sur toute l'activité économique. Les gens de
guerre qui parcourent le royaume en tous sens laissent derrière eux la ruine, la peste et la
mort. Les impôts royaux et seigneuriaux ne cessent d'augmenter. La production agricole et