Benoît Schmitz ILFM - Fiche Modèle 2009-2010
Les guerres de religion (1559-1598).
FICHE MODELE
Les guerres de religion (1559-1598).
"La Réforme de l’Église que demande Luther à partir de 1517 aboutit à une division religieuse de
l’Europe."
Les protestants et les catholiques s’opposent sur ce qu’il faut croire et faire pour être sauvés.
Contrairement à l’Empire, le royaume de France ne connaît pas la guerre civile dans la première moitié du
XVI
e
siècle. Mais il est déchiré à partir de 1562 par des guerres de religion. Ces troubles posent aux
Français le problème de leur salut religieux et de leur salut politique : la monarchie est-elle encore capable
de les assurer l’un et l’autre ?
I. L’échec de la concorde religieuse (1559-1572)
De la division religieuse à la guerre civile (1559-1562).
À partir de 1555, les églises réformées se multiplient dans le royaume de France. Le protestantisme
compte un peu moins de deux millions de fidèles en 1562 (environ 10 % de la population du royaume). La
mort du roi Henri II le 10 juillet 1559 a permis aux Guises de s’imposer auprès du jeune roi François II.
Ils poursuivent la politique de répression du protestantisme. Lors de la conjuration d’Amboise en mars
1560, des protestants tentent de s’emparer la personne du roi. La monarchie fait alors le choix d’une
politique de concorde : elle essaie sans succès de réconcilier protestants et catholiques lors du colloque de
Poissy (septembre-octobre 1561), puis fait le choix risqué de la tolérance civile (édit dit de Janvier, en
janvier 1562) alors que le royaume connaît des violences religieuses. L’édit est rejeté par les catholiques
intransigeants. La première guerre civile débute avec le massacre perpétré à Wassy par des troupes du duc
de Guise contre des protestants réunis en dehors des lieux prévus par la loi.
L’affaiblissement de l’autorité royale (1562-1570).
Les trois premières guerres civiles se déroulent entre 1562 et 1570. Ni les protestants ni les catholiques ne
sont en mesure de l’emporter définitivement. Le roi Charles IX, la reine-mère Catherine de Médicis et le
chancelier Michel de L’Hospital s’efforcent de poursuivre leur politique de concorde, mais les édits de
pacification sont très mal acceptés par certains catholiques. L’autorité royale est menacée : huguenots et
catholiques zélés opposent l’obéissance due à Dieu à celle due au roi. Pour raffermir le pouvoir
monarchique, Catherine de Médicis fait avec Charles IX et la cour un tour de France entre 1564 et 1566.
La Saint-Barthélemy (août 1572).
En dépit des efforts de l’État royal, la paix établie par l’édit de Saint-Germain (8 août 1570) demeure très
fragile. Le contexte international marqué par la révolte des protestants des Pays-Bas contre le roi
d’Espagne Philippe II contribue à attiser les tensions. Pour réconcilier catholiques et protestants,
Catherine de Médicis marie le 18 août 1572 à Paris sa fille Marguerite de Valois à un prince huguenot,
Henri de Navarre. Dans un climat de peur et de méfiance réciproque, la monarchie prend la décision
d’éliminer les chefs protestants. Cette exécution limitée est perçue par les Parisiens comme un signal qui
autorise le massacre généralisé des huguenots. La tuerie dure du 24 au 29 août et se poursuit ensuite dans
les villes de Province : elle fait environ 10 000 victimes. De nombreux protestants abjurent leur foi. La
Réforme française est durablement affaiblie.
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Les guerres de religion (1559-1598).
II. Le débat sur la souveraineté du roi dans un royaume divisé (1572-1584).
Protestants et catholiques face à l’État monarchique (1572-1576).
La reprise des guerres civiles s’accompagne d’une réflexion nouvelle sur la légitimité politique. Pour les
huguenots, le roi s’est comporté comme un tyran, ce qui justifie une résistance armée et conduit à refuser
la puissance absolue du monarque. Certains nobles catholiques, les Malcontents, partagent une partie de
ces idées et choisissent de combattre avec les protestants en 1574-1576. Les catholiques intransigeants
montrent quant à eux leur puissance face au roi à travers des ligues défensives et à travers les états
généraux de l’hiver 1576-1577. Le roi Henri III ne parvient pas à se faire obéir.
Une tentative de restauration de la souveraineté monarchique (1577-1584).
Entre 1577 et 1584, Henri III peut profiter d’un temps d’accalmie dans les troubles civils pour tenter de
restaurer sa souveraineté. Il peut s’appuyer sur les idées des Politiques qui préconisent un pouvoir fort. Il
s’efforce de consolider l’appareil d’État et de tisser les liens personnels de fidélité et de dépendance qui lui
attachent certains de ses sujets. Il entreprend aussi une œuvre réformatrice et s’efforce de donner à la cour
un nouvel éclat. Mais de nombreux aspects de sa politique suscitent l’incompréhension : sa piété
sacrificielle et ostentatoire est mal perçue, de même que les faveurs qu’il octroie à ses mignons.
Réforme intérieure et renouveau spirituel.
Protestants et catholiques partagent un même souci de réforme et de purification. Les huguenots
s’attachent à discipliner les comportements pour les rendre plus conformes à l’idéal évangélique. Les
catholiques s’inspirent des décrets du Concile de Trente (1545-1563) pour réaffirmer la foi catholique et
revivifier la vie spirituelle. Chez les premiers comme chez les seconds, les croyances et les pratiques
religieuses sont désormais davantage intériorisées.
III. L’État et la religion : de la crise à la pacification (1584-1598).
Henri III face à la Ligue (1584-1589).
Le 10 juin 1584, la mort du frère d’Henri III, François d’Anjou, fait d’un protestant, Henri de Bourbon,
roi de Navarre, l’héritier présomptif de la couronne. La perspective de voir accéder au trône un hérétique
révulse de nombreux catholiques qui s’engagent dans la Ligue. Celle-ci parvient à imposer au roi sa
politique hostile aux protestants, ce qui provoque une nouvelle guerre civile. Henri III s’efforce de rétablir
son pouvoir, mais ne réussit finalement qu’à creuser un fossé entre lui et les catholiques ligueurs. Le 12
mai 1588, il tente de reprendre le contrôle militaire de Paris, ce qui provoque une insurrection des
Parisiens. Ils remplissent de terre des barriques, grand tonneaux à vin, et s’en servent pour bloquer les
rues. C’est la « Journée des Barricades ». Lors des états généraux de décembre 1588, il fait exécuter le duc
et le cardinal de Guise qui dominent la Ligue. Mais ce qui est aux yeux du roi un acte de justice est pour la
Ligue la preuve qu’Henri III est un tyran impie. La rupture entre le souverain et la Ligue est consommée.
C’est dans un climat de violente hostilité à Henri de Valois qu’un jeune moine dominicain, Jacques
Clément, décide d’aller tuer le roi à Saint-Cloud. Le régicide est perpétré le 1
er
août 1589.
Henri IV et le rétablissement de l’autorité monarchique (1589-1595).
Henri de Navarre est reconnu comme roi de France par les protestants et par les catholiques modérés. Il
entreprend la conquête de son royaume par les armes. Le siège de Paris (début mai 1590-fin août 1590)
échoue, mais fait environ 45 000 victimes, en grande partie à cause de la famine. Henri IV profite surtout
de l’impasse dans laquelle se trouve la Ligue. Les états généraux de 1593 ne parviennent pas à élire un
successeur à Henri III et le parlement de Paris refuse que la couronne soit dévolue à des princes ou des
princesses étrangers car cela violerait les lois fondamentales du royaume. La solution est apportée par la
conversion au catholicisme d’Henri IV (25 juillet 1593), puis par son sacre (27 février 1594). Le 22 mars
1594, le roi entre dans Paris et fait prévaloir l’oubli et l’amnistie sur les représailles. Certains ligueurs
partent en exil. L’absolution pontificale du 17 septembre 1595 consacre la réconciliation de la monarchie
française et de l’Église romaine.
Henri IV et la restauration de la paix (1595-1598).
Le roi parvient à rallier progressivement l’ensemble des villes et des nobles engagés dans la Ligue. Il doit
souvent offrir des faveurs et des compensations financières en échange de la soumission. Le dernier chef
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Les guerres de religion (1559-1598).
ligueur, le duc de Mercœur, établi en Bretagne, se rallie en mars 1598. La guerre avec l’Espagne déclenchée
par Henri IV en janvier 1595 se termine avec le traité de Vervins (2 juin 1598). Enfin, le roi établit la
tolérance civile par l’édit de Nantes signé le 30 avril 1598. Le catholicisme est rétabli partout, tandis que le
culte protestant est strictement limité. Mais les protestants peuvent accéder à toutes les charges et se
voient attribuer des villes qui leur servent de places de sûreté.
Beaucoup de Français ont dû faire le deuil de leurs espérances : les protestants ne sont pas parvenus à
convertir l’ensemble du Royaume à la Réforme ; les ligueurs n’ont pas réussi à implanter un régime
confondant le spirituel et le temporel ; les protestants monarchomaques et les catholiques ligueurs qui ont
rêvé d’une monarchie limitée ont également échoué au profit d'une monarchie qui a eu tendance à se
sacraliser elle-même.
Au terme de huit guerres civiles, les Français se retrouvent dans une aspiration commune à la paix et à
l’ordre, que seul Henri IV est en mesure de leur apporter. Les guerres de religion ont jeté les bases de la
monarchie absolue qui s’épanouit au siècle suivant. L’autre legs à la France du XVII
e
siècle est un
vigoureux élan spirituel qui en fait le « siècle des saints ». Dans ce contexte, l’édit de Nantes fournit un
cadre fécond, mais il est progressivement remis en cause, jusqu’à sa révocation par Louis XIV en 1685.
L’idéal traditionnel qui revendique « une foi, une loi, un roi » survit ainsi à l’épreuve des guerres civiles.
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