III La Tunisie sous le protectorat
1° Fonctionnement du protectorat
Le Résident général possède tous les pouvoirs : il contrôle la politique extérieure de la Tunisie,
l’armée de terre et de mer, et la gestion administrative et économique du pays. De plus, comme il
dépend du ministère des affaires étrangères, il échappe au contrôle du Parlement, mais aussi des
Français sur place puisqu’ils n’ont aucune représentativité élective.
Tout cela représente un PARADOXE : la France est censée représenter l’idéal du citoyen. Mais le
pouvoir absolu du résident général met en place un retour en arrière car :
- Même sous le bey il n’y avait pas vraiment de pouvoir absolu, car son pouvoir était modéré
par le soulèvement des tribus.
- le protectorat met en place une sorte de paternalisme qui perverti même les Français qui vont
accepter « d’échanger leur liberté contre un plat de lentille ». Tout cela marque une certaine
déchéance.
De plus, les autochtones instruits se sentaient écartés de la gestion du pays, ce qui commence à être
dénoncé à partir des années 1890. Ils veulent également bénéficier de la politique scolaire du
protectorat pour prétendre légitimement participer à la nouvelle administration de leur pays. Ce sera la
revendication essentielle des jeunes Tunisiens : la maîtrise de la langue et des mécanismes politiques
est indispensable pour sortir de leur situation de dominés.
2° Le développement économique
La nouvelle économie met en place la réorganisation du système agricole. Pour attirer les Français, la
régence va mettre en place une politique foncière qui facilite l’accès à la propriété et qui va régler ce
problème de démographie. Des textes vont ainsi mettre des terres à disposition des colons, et ce, au
détriment des populations autochtones.
Il y a certes une modernisation du secteur agricole, mais celle-ci nécessite le développement
d’infrastructures pour acheminer les productions. Un chemin-de-fer va être créé pour le transport des
marchandises et des extractions minières. De plus, un canal va être construit pour entrer dans Tunis et
en 1898 Bizerte, point stratégique entre la rive occidentale et orientale de la Méditerranée, est
transformé en port de guerre. Donc ces équipements sont seulement mis en œuvre pour faciliter les
changes commerciaux des produits de l’agriculture et de l’industrie minière.
Le problème est que les entreprises sont aux mains des Européens et les Tunisiens appartiennent à la
main-d’œuvre. Ils ont donc le sentiment d’être écarté de l’encadrement de leur pays.
3° Un mouvement revendicatif : les Jeunes Tunisiens
Ce mouvement est né de la frustration d’être écartés des postes de responsabilités. Les revendications
apparaissent dans des associations comme celle du collège Sadiki, ou encore dans la presse. Elles
apparaissent donc chez les intellectuels aisés.
En 1907, les Jeunes Tunisiens s’organisent autour d’un hebdo : « Le Tunisien ». Il a pour objectif
d’être le relais des aspirations du peuple tunisien, en insistant surtout sur la nécessité d’instruction et
d’accès à l’administration, et sur la protection des biens fonciers de la population. Donc on voit bien
que ça n’est pas l’indépendance qui est réclamée.