E – Le caractère buissonnant de la lignée humaine (les Homininés)
On appelle lignée humaine toute l’histoire évolutive des Homininés à partir du DAC à l’homme et aux 3 autres
Hominidés (chimpanzé, bonobo et gorille). On classera dans cette lignée toute espèce présentant au moins un des caractères
dérivés propres à l’Homme
Depuis 100.000 ans, cette lignée n’est représentée que par une seule espèce, l’homme moderne ou Homo Sapiens,
mais plusieurs espèces différentes ont vécu depuis le DAC et l’Homme actuel : les plus anciens fossiles (Orrorin ?p.48
Toumai ?) sont datés de 6 - 7 MA et ont été retrouvés en Afrique ce qui laisse supposer une origine africaine à la lignée
humaine. (cela peut aussi s’expliquer par les conditions de fossilisation exceptionnelle de la vallée du rift africain)
Ces espèces appartiennent principalement à 2 genres : le genre Australopithèque et le genre Homo.
NB : Beaucoup d’incertitudes persistent encore quant à l’identification et la classification des fossiles vu le peu de pièces
retrouvées (exception : Lucy mais …sans crâne)
1 – Les premiers Homininés : le peuple Australopithèque
Les Australopithèques ont vécu entre 4 et 1 MA avec coexistence de différentes espèces comme A.anamensis , A. robustus
ou A.afarensis dont Lucy est le plus célèbre représentant. Les caractères dérivés propres de la lignée humaine qu’ils
possèdent sont uniquement ceux permettant une bipédie mieux maîtrisée, mais la démarche reste chaloupée ! Par contre,
crâne et cerveau sont très proches de ceux d’un chimpanzé (ce sont des sortes d’homme « à tête de singe »).
Les Australopithèques formeraient un rameau de la lignée humaine détachée assez tôt de celui des Homo. Les espèces
fossiles actuellement retrouvées sont toutes africaines.
2 – Les représentants du genre Homo
Outre l’acquisition à la bipédie mais qui s’améliore encore, les représentants du genre Homo possèdent les caractères dérivés
propres suivants : une réduction de la face et surtout une capacité crânienne plus importante (cc sup.à 600 cm3) ayant pour
conséquences un comportement plus élaboré (acquisition du langage articulé pour Homo erectus, activité « industrielle » et
vie culturelle)
Ils sont apparus il y a 2.5 MA et plusieurs espèces différentes ont coexisté et coexisté avec le genre précédent :
Homo Habilis , très proche encore du genre Australopithèque mais avec une cc entre 600 et 700 cc, retrouvé en
Afrique uniquement il doit son nom à son utilisation d’outils de type « pierre choquée » ou « chopper ».
Connu de – 2.5 à - 1.5 MA.
Homo erectus, groupe très diversifié, dont l’évolution est marquée principalement par une augmentation graduelle
du volume crânien (≥ 800 cc). Il est d’abord connu en Afrique puis au Proche-Orient, en Asie et Europe : c’est
donc un migrateur qui se déplace facilement grâce à une bipédie parfaitement maîtrisée. Il domestique le feu et
domine mieux la fabrication d’outils (âge de la pierre taillée – bifaces de type Acheuléen). Il inaugure l’ère
quaterrnaire : connu de – 1,8 MA (= début de lère quaternaire) à 500.000 ans environ. ?
L’Homme de Néanderthal, apparu il y a 500.000 ans, trouvé uniquement en Europe, semble provenir de
l’évolution d’Homo erectus ayant colonisé l’Europe et ayant été isolé de par les glaciations du IVre : son cerveau
est volumineux et son corps est adapté au froid. Il disparaîtra il y a à peine 35.000 ans, supplanté par l’Homo
Sapiens (ex : homme de Cromagnon)
L’Homme moderne ou Homo Sapiens, espèce apparue très récemment il y a – 200.000 à 100.000 ans, issue
probablement d’une même population ancestrale très réduite (composée de quelques dizaines de milliers
d’individus ), africaine ou Proche-Orientale ; ils auraient ensuite colonisé tous les continents en supplantant
progressivement toutes les autres espèces
3 - Conclusion : les caractéristiques de l’évolution dans cette lignée
On dit que l’évolution dans cette lignée n’a pas été linéaire mais « buissonnante », ou encore « en mosaïques »: que veut-
on dire par là ? On utilise ces 2 qualificatifs pour caractériser les modalités réelles de l’évolution des caractères à partir des
traces fossiles qu’on en possède et qui sont suffisamment nombreuses dans cette la lignée, très récente à l’échelle des temps
géologiques (mais ce ne sont pas des caractéristiques tirées de l’analyse d’un arbre phylogénétique qui dit seulement les
parentés) : on constate que, même si on observe une chronologie évidente dans l’apparition des différentes innovations
propres à la lignée humaine (d’abord acquisition de la bipédie puis augmentation de la capacité cérébrale), dans la réalité,
les espèces ne se sont pas succédées au cours du temps, présentant chacune des états de caractères de plus en plus
évolués (L’idée selon laquelle une espèce du genre Australopithèque aurait évolué en Homo Habilis, évoluant à son tour en
Homo erectus et finalement en Homo Sapiens est donc beaucoup trop simpliste !). Au contraire, on a pu observer à une
même époque et ce à plusieurs reprises, la présence d’espèces différentes voire de genres différents qui ont coexisté - d’où le
qualificatif de « buissonnant » - et qui présentaient des associations différentes de caractères archaïques (état primitif) et
plus évolués - d’où le qualificatif d’évolution « en mosaïque » : l’évolution des caractères n’a pas été régulière et conjointe
dans toutes les lignées apparues, de nombreuses combinaisons apparaissent au cours du temps et seules certaines d’entre elles
vont subsister.
L’homme actuel se situe donc à l’extrémité d’une lignée « buissonnante » dont l’origine est probablement africaine, il y a
7 MA et dont il est la seule espèce survivante.
Ce n’est pas parce que l’Homme est au sommet de l’arbre que NOUS avons tracé qu’il est le plus évolué ! car on ne
s’est intéressé qu’aux innovations partagées par l’homme avec le reste du monde vivant MAIS les autres espèces
partagent entre elles des innovations que nous ne possédons pas ! Nous avons une vision anthropocentrique de
l’évolution !