CONSOMMATION ET INTEGRATION SOCIALE
La société de consommation est-elle une société dans laquelle les individus s'intègrent en consommant ? Peut-on
caractériser cette société par la segmentation entre des individus intégrés qui consomment et ceux exclus par le
faible niveau ou des choix déviants de consommation?
I) L'intégration sociale par la consommation est constitutive de la société de consommation.
A) La consommation : un facteur d'intégration propre aux sociétés contemporaines.
La genèse de la société de consommation est inséparable de la division du travail. La
division du travail a engendré les gains de productivité qui ont permis la croissance du pouvoir d'achat des
consommateurs.
Consommation et solidarité organique : la consommation donne lieu à l'expression
d'une autonomie individuelle, à la différenciation, ce qui apparaît de la façon la plus évidente dans un cas de
consommation "pure" comme le choix du prénom.
Consommation et solidarité mécanique : la consommation peut être un vecteur
d'affiliation à un groupe, un facteur de cohésion d'un groupe (ex : les échanges de cadeaux à l'intérieur d'une
famille, Sandrine Vincent).
En consommant, les individus affirment des appartenances sociales et activent des liens sociaux.
Cependant, l'intégration sociale n'est pas le produit de la seule intensité des relations entre individus, mais
aussi de l'adhésion à des normes et des valeurs communes. Or, la consommation en est un puissant vecteur.
B) La consommation comme archétype de la diffusion des normes dans les sociétés modernes.
Cet aspect de la consommation se manifeste particulièrement par les phénomènes de
mode. La mode est symptomatique d'une tension de la vie sociale entre tendance à l'universel et tendance à
la particularisation. (Cf. Simmel)
Le choix du prénom illustre le processus de diffusion d'une norme : les phases de la
"mode" d'un prénom et leur retour périodique, commet les prénoms "avant-gardistes" deviennent des
prénoms "conformistes" en se diffusant du haut vers le bas de la hiérarchie sociale. Cf. P. Besnard et G.
Desplanques.
La portée du cas du choix du prénom n'est pas seulement illustrative. En effet, le cycle de diffusion des
prénoms tend à se raccourcir, les prénoms "avant-gardistes" deviennent de plus en plus rapidement des prénoms
"conformistes", ce qui accrédite l'idée d'une tendance de long terme à l'uniformisation de la consommation.
C) La société de consommation : une société homogénéisée par la consommation ?
Comme les prénoms, les biens et services économiques nouveaux se diffusent de plus
en plus rapidement dans l'ensemble de la population. Cf. automobile vs. téléphone portable.
Le passage à la société de consommation est révolutionnaire en ce qu'il fait entrer les
classes populaires dans la sphère du paraître dont elles étaient auparavant exclues, et estompe les frontières
de classe. (cf. H. Mendras)
La mode n'émane pas forcément des groupes dominants (cf. le cas des jeux vidéo
mentionné par S. Vincent)
Nous avons donc montré que la consommation est une fonction sociale, qui joue un rôle d'intégration
particulièrement important dans les sociétés contemporaines. Elle apparaît comme complétant ou se substituant
aux instances d'intégration "traditionnelles" comme la religion, le village, la famille. Mais cette substitution
n'est pas neutre, et on peut alors repérer à travers la consommation les modalités propres de l'intégration dans
les sociétés modernes.
II) Une intégration en "trompe l'œil" ?
III) La consommation nous conduit à envisager l'intégration et l'exclusion comme deux
phénomènes mutuellement à l'œuvre.