CICF/SNCE Commission "Intervenir en EPRP"
de façon exagérée (avec utilisation de nombreux indicateurs), les contraintes et ressources liées
aux capacités de l'opérateur à mener son activité à partir de la tâche qui lui est confiée, sont
souvent oubliées et, dans tous les cas très peu instrumentées. Il y a peu d'indicateurs de l'activité
humaine et, s'il y en a, ils ne sont pas utilisés du point de vue de la gestion de production, de
l'efficience productive, ou à des niveaux trop élevés d'agrégation. Par exemple, les taux de
fréquence et de gravité d'AT, le taux d'absentéisme, de turn-over, sont généralement utilisés au
niveau de l’ l'entreprise voire du groupe mais rarement au niveau des unités locales de production,
des ateliers, et encore moins au niveau des services : quand ces indicateurs sont pris en compte, il
apparaît des contradictions entre les objectifs généraux de l’entreprise, qui intègrent la diminution
des accidents, et les objectifs locaux fixés aux les directeurs d'unités de production ou de services
internes, et encore bien plus aux niveaux de l'encadrement intermédiaire, entre les ouvriers de
production ou les employés et le directeur d'unité. Le résultat est que, plus on descend vers la
base, plus les indicateurs pris en compte deviennent économiques ou techniques et plus la
pression pour tenir les objectifs s'exerce directement sur les opérateurs. D'autres indicateurs de
l'activité comme la réactivité et les délais sont plus utilisés comme éléments de mesure de
l'efficacité des services commerciaux que pour interroger la performance du système, c'est-à-dire
la qualité du couplage entre les différentes ressources et contraintes (Cf. schéma 2).
De même, les coûts correspondant aux 4 pôles de ressources/ contraintes de l’entreprise sont
considérés de façon différentielle : il est classique d'entendre que la réglementation n'est qu'un
coût, et inversement il est rare de rencontrer des responsables d’entreprises conscients des coûts
cachés engendrés par un mauvais ajustement entre le système technico-organisationnel, et les
hommes. Or l'importance de ces coûts cachés a été mise en lumière
: il peuvent atteindre des
moyennes de 6100 € par personne et par an dont on peut estimer que 50% sont liés au mauvais
fonctionnement de l'entreprise et 50% liés à l'effort constant que doit faire l'entreprise pour
s'adapter à son environnement.
Coûts cachés, performance globale et prévention
Dans sa théorie des coûts cachés Henri Savall
met en avant cinq symptômes majeurs de la non
performance d’une entreprise :
o
Des dysfonctionnements hypertrophiés
(en terme de condition de travail, d'organisation du
travail, de communication – coordination - concertation, de gestion du temps, de formation
intégrée, de mise en œuvre stratégique).
o
Des comportements atrophiés
(individuels, de groupe d'activité, catégoriels, de groupe de
pression, collectifs).
o
Des structures atrophiés
(physiques, technologiques, démographiques, mentales).
o
Des coûts cachés hypertrophiés
(absentéisme, accidents du travail, rotation du personnel,
qualité des produits, réactivité, productivité directe).
o
Un système d’information opérationnelle et fonctionnelle atrophié
(système de circulation
des informations non intégré, non stimulant, sclérosé, cloisonné, …)
Ces symptômes sont la résultante de l’inadéquation entre les objectifs, les moyens mis en œuvre
et les résultats attendus par l’entreprise, qui génère systématiquement des effets systèmes ayant
un impact sur la performance globale : des finalités floues ou décalées de la réalité ne permettent
pas de définir des objectifs en relation avec les moyens disponibles, et/ou de redéfinir les moyens
nécessaires (humains, organisationnels et matériels), ce qui concoure à l'atrophie des
Henri Savall et Véronique Zardet, ISEOR,
Pour cerner les coûts et performances réels du travail humain : la
méthode des coûts cachés
, dans Performances Humaines et Techniques, Mars-Avril 91 n°51.
Idib.