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→ Le modèle de l'école des annales : Marc Bloch et Lucien Febvre. En réaction à une conception
de l'histoire au service de la politique, l'école des Annales souligne l'idée qu'une « histoire qui sert
est une histoire serve ». Cette servitude de l'histoire serait en réalité une aliénation de l'écriture de
l'histoire à des orientations politiques. En effet, l'historien orienterait alors ses écrits en fonction de
son engagement existentiel dans la politique. L'écriture de l'histoire, loin d'être objective, serait
plutôt contaminée par des jugements axiologiques subjectifs qui viendraient inhiber une véritable
explication des événements étudiés.
Ex : l'analyse que fait Marc Bloch de la figure de Robespierre dans l'Apologie pour l'histoire ou le
métier d'historien. Dans ce cas, il n'y aurait plus une écriture de l'histoire mais des écritures de
l'histoire à cause des jugements de valeur qui déforment l'explication.
→ Pourtant, selon l'école des Annales, ce refus de la soumission à la politique ne doit pas empêcher
l'écriture de l'histoire d'être engagée. Au contraire, le récit de l'historien serait alors épuré et
l'écriture de l'histoire permettrait d'ouvrir à la compréhension du présent. Loin d'être un
asservissement déformant à la politique, l'écriture de l'histoire serait plutôt le reflet d'une neutralité
axiologique de l'auteur permettant une véritable action politique éclairée par la connaissance des
déterminations présentes.
→ pas de jugements de valeur mais la recherche d'une explication neutre d'un point de vue
axiologique. Marrou De la connaissance historique : épochè nécessaire à l'écriture de l'histoire.
L'écriture de l'histoire est une écriture vertueuse qui suppose que l'historien ait mis entre parenthèse
son engagement existentiel et ses valeurs pour permettre une compréhension authentique.
2- Une écriture rigoureuse : la méthode.
→ le refus du jugement de valeur est une première étape nécessaire dans la purification d'une
écriture de l'histoire toujours menacée d'être malencontreusement soumise à la subjectivité
distordante de l'historien. Mais pour devenir objective, l'écriture de l'histoire ne doit-elle pas se
rapprocher au maximum des explications scientifiques telles que celles qui sont par exemple
établies en physique ?
→ [petit développement non vu en cours mais qui est intéressant dans la mesure où l'écriture de
l'histoire obéirait aux mêmes principes que toute science] Pour le positiviste qu'était Carl Hempel,
l'écriture de l'histoire obéirait en fait aux mêmes principes d'explication que toutes théories
physiques. Cela impliquerait par conséquent la nécessité de réformer l'écriture actuelle de l'histoire
pour viser une écriture plus rigoureuse. Pour Hempel, dans son article intitulé The function of
general laws in history, l'explication historique fonctionnerait exactement comme une explication
scientifique quelconque en associant deux faits grâce à une loi générale implicite. Par exemple, en
expliquant la révolution française par un soulèvement de la population affamée et en colère,
l'historien supposerait en fait la loi générale selon laquelle la cause « faim et accumulation de
mécontentement » conduit à l'effet « révolution ». La révolution française ne serait qu'un cas
particulier subsumé sous cette loi générale et l'explication historique serait donc la subsomption
d'un cas particulier sous une loi générale implicite.
La différence entre histoire et physique résiderait alors, selon Hempel, dans le constat suivant : la
validité et le caractère explicite des lois générales de la physique s'opposeraient aux caractères
implicite, fortement discutables et difficilement vérifiables des lois générales mobilisées en histoire.
L'écriture de l'histoire reste vague car les lois générales ne sont que rarement explicitées. L'écriture
de l'histoire reste fragile dans ses résultats car la validité de ses lois est largement contestable. Chez
Hempel, l'identification de principe entre sciences et histoire le conduit à une conception assez
pessimiste du statut de l'écriture de l'histoire. Dès lors, comment rendre plus rigoureuse l'écriture de
l'histoire pour répondre à ce défit positiviste ?
→ Une certaine purification de l'écriture de l'histoire passe alors par la compréhension de la réelle
spécificité de la discipline historique. Pour Seignobos, si l'histoire est spécifique c'est dans sa