ECONOMIE ET
SECURITE
138 ESC 11 F
Original : anglais
Assemblée parlementaire de l'OTAN
COMPTE RENDU
de la réunion de la Commission de l’économie et de la sécurité
Salle de conrences, Hôtel Riviera Beach, Sables d’Or
Varna, Bulgarie
Samedi 28 mai 2011
Secrétariat international juin 2011
Les documents de l’Assemblée sont disponibles sur son site Internet, http://www.nato-pa.int
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LISTE DE PRESENCE
Président Hugh BAYLEY (Royaume-Uni)
Rapporteur général Simon van DRIEL (Pays-Bas)
Rapporteur de la Sous-commission sur
la coopération et la convergence
économiques Est-Ouest John SEWEL (Royaume-Uni)
Rapporteur de la Sous-commission sur
les relations économiques transatlantiques Jeppe KOFOD (Danemark)
Président de l’AP-OTAN Karl A. LAMERS (Allemagne)
Secrétaire général David HOBBS
Délégations membres
Belgique Philippe MAHOUX
Bulgarie Georgi PIRINSKI
Kostadin YAZOV
Canada Joseph A. DAY
Croatie Zeljka ANTUNOVIC
Marin JURJEVIC
République tchèque Václav KLUCKA
France Jean-Pierre DEMERLIAT
Francis HILLMEYER
Jean-Luc REITZER
Allemagne Angelica SCHWALL-DÜREN
Grèce Vassilios TOGIAS
Islande Ragnheidur E. ARNADOTTIR
Italie Elio LANNUTTI
Lamberto DINI
Lettonie Dzintars RASNACS
Lithuanie Petras AUSTREVICIUS
Luxembourg Claude ADAM
Nancy ARENDT KEMP
Norvège Tore NORDTUN
Hans Olav SYVERSEN
Roumanie Ion MOCIOALCA
Espagne Hilario CABALLERO
José Javier LASARTE
Alejandro MUÑOZ-ALONSO
Turquie Yahya DOGAN
Enis TUTUNCU
Royaume-Uni Harriet BALDWIN
Peter BOTTOMLEY
Stephen GILBERT
Etats-Unis Jeff MILLER
Michael TURNER
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Délégations associées
Azerbaïdjan Malahat IBRAHIMQIZI
Bosnie-Herzégovine Milorad ZIVKOVIC
Serbie Igor BECIC
Suède Clas-Göran CARLSSON
Ukraine Ihor ZVARYCH
Parlement européen Charles TANNOCK
Orateurs Bichara KHADER, Directeur du Centre
d’Etude et de Recherche sur le Monde
Arabe Contemporain (CERMAC), et
professeur à la Faculté des Sciences
politiques, économiques et sociales,
Université catholique de Louvain, Belgique
Avgustina TZVETKOVA, ministre adjointe de
la défense, Bulgarie
Secrétariat international Paul COOK, directeur
Reena PANCHAL, coordinatrice
Ted REINERT, assistant de recherche
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I. Remarques préliminaires
1. Le président, Hugh Bayley (UK), clare ouverte la union de la commission et accueille les
membres et les orateurs.
Le projet d’ordre du jour [081 ESC 11 F rév1] et le procès-verbal de la réunion de la
commission de l’économie et de la sécurité [284 ESC 10 F] qui s’est tenue à Varsovie, en
Pologne, le samedi 13 novembre 2010 sont adoptés sans commentaire.
II. Exposé de Bichara Khader, directeur du Centre d’études et de recherche sur le Monde
Arabe (CERMAC) et professeur à la Faculté de sciences politiques, économiques et
sociales, UCL, Belgique, sur Les origines sociales et économiques des soulèvements
dans la gion MENA.
2. Bichara Khader souligne que la gion MENA (Moyen-Orient / Afrique du Nord) se trouve au
croisement de l’Europe, de l’Afrique et de l’Asie, et que les événements qui s’y déroulent ont un impact
imdiat sur la stabilité du système international. Une part importante du commerce mondial transite
par le canal de Suez et sa fermeture aurait des conquences fastes pour l’économie mondiale. La
gion repsente également un marché important qui génère des emplois en Europe. Le pétrole
(d’Arabie saoudite en particulier) et le gaz (d’Algérie et du Qatar) sont également très importants tant
que les énergies alternatives ne seront pas utilisées à grande échelle.
3. Depuis une cinquantaine d’années, les gimes de la gion ont tendance à être fortement
corrompus, tandis que l’élite politique contrôle l’essentiel de l’exploitation des ressources naturelles, et
utilise les revenus quelles génèrent à son profit. La Guerre froide a en outre gelé le veloppement
social, politique et économique de ces sociétés, tout en divisant le monde arabe entre pays pro- et anti-
américains. Les Occidentaux font ainsi la distinction entre Etats voyous et Etats utiles. La Libye a
dabord été considérée comme un Etat voyou avant de devenir « utile » en 2004, lorsqu’elle a renon
aux armes nucléaires. Dans cette optique, l’Occident fendait les gimes sans tenir compte de leur
nature répressive. Il a ainsi fait preuve d’un manque de perspicaci, car une défense plus efficace des
ints nationaux des soctés mocratiques ouvertes telles celles des membres de l’OTAN doit
aussi bien tenir compte des ints curitaires et économiques essentiels que des questions
éthiques. En tout état de cause, le caracre statique du Moyen-Orient l’a rendu d’autant plus
vulrable à une explosion sociale et politique. Lorsque la jeunesse arabe a envahi les rues au but
de cette ane, le mythe d’un monde arabe échappant d’une certaine manière aux normes universelles
que l’Occident cherche à inculquer à la plus grande part du reste du monde, s’est écroulé.
4. La politique de l’Europe envers la région est en pleine évolution. Durant des décennies,
l’approche euroenne de la région MENA par l’Europe de la Politique méditerranéenne globale des
anes 70 à la proposition d’Union pour la Méditerranée a surtout porté sur des initiatives bilarales
entre l’Europe et les gouvernements locaux, initiatives qui ne sont jamais parvenues à impliquer la
société civile arabe. L’Europe a sormais l’obligation d’aider la région à se forger un avenir
mocratique. La jeunesse citadine et instruite est sans emploi et les nouvelles démocraties ne seront
pas en mesure de remédier rapidement à cette situation, car elles ne pourront générer un contexte de
croissance que sur le long terme. A l’heure actuelle, l’économie de lagion vacille en raison de graves
incertitudes. La situation pcaire entraîne une crise majeure du tourisme. Une sorte de Plan Marshall a
bien été conçu par le G8, mais la croissance et le développement sont essentiels. Si des emplois ne
sont pas créés, la jeunesse arabe pourrait se tourner vers des solutions radicales ou chercher à
immigrer. Nous avons pu constater ce printemps les ravages potentiels d’une migration de masse en
Europe, en particulier sur l’île de Lampedusa. Les jeunes Arabes possèdent un gigantesque potentiel,
mais ce serait une erreur de penser que l’Europe pourra tourner le dos à la région MENA, que celle-ci
pourra tourner le dos à lEurope ou que les Arabes pourront exploiter la totalide leur potentiel en
l’absence d’un engagement des Etats-Unis et de l’Europe.
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5. Des membres interrogent l’orateur sur les exdents commerciaux de l’Europe par rapport à la
gion MENA et sur l’économie de celle-ci. Le professeur Khader déclare que plusieurs facteurs
expliquent la médiocri du veloppement économique, dont un manque de diversification et
l’importance du « syndrome hollandais », un phénomène monétaire qui se traduit par une forte
appréciation de la monnaie nationale en raison de l’importance des exportations de matières
premières, ce qui nuit à la compétitivité sur le marché mondial des produits manufactus nationaux. Il
explique que la région est la moins ingrée au monde et qu’il est impossible de cer des emplois avec
des marchés fers. Il attire l’attention sur le coût de la fermeture de la frontière entre l’Alrie et le
Maroc. Les échanges commerciaux excessifs avec l’UE (c’est ainsi, par exemple, que 80 % du
commerce tunisien s’effectue avec celle-ci) ont contribué à propager la crise économique mondiale à la
gion.
6. M. Khader a publié un livre en 2010 pour expliquer le monde arabe aux Européens. Cet ouvrage
se penche, entre autres, sur la fiction de l’exceptionnalisme arabe et la notion de sa relative
imperméabilité à l’impulsion mocratique. Lors des soulèvements, la démocratie est la première
exigence du peuple et les emplois viennent en deuxième lieu ; la religion occupe la septme place sur
la liste. Les slogans ne sont pas religieux. Il existe des moyens de financer la transition et la
transformation dans lagion. L’importance des fonds souverains dans le Golfe pourrait rendre
possible la scolarisation de tous les Arabes et l’édification d’infrastructures. Dans ce contexte, l’Arabie
saoudite et le Qatar ont promis de l’argent à l’Egypte, ce qui pourrait contribuer à renforcer une identi
gionale.
7. Des membres constatent que l’Europe apportait un soutien financier à la gion avant les
soulèvements. Ils demandent ce qu’elle peut faire de plus et si les nouvelles autoris seront prêtes à
adopter des politiques économiques améliorées. Le docteur Khader pond que les nouveaux
gouvernements s’acquitteront probablement mieux de leur tâche que leurs précesseurs, mais que
leur réussite ne peut être garantie. Il note que l’Egypte était à une époque plus prospère que la Corée
du Sud, mais qu’elle a pris un énorme retard au fil des dernres décennies, tandis que la Turquie s’est
diversifiée d’une manre beaucoup plus complète que lEgypte et est ainsi devenue plus riche.
8. Des membres interrogent l’orateur sur la patience du peuple, le chômage des jeunes et la
participation des femmes aux révolutions. Le professeur Khader cite la croissance mographique
comme un moteur des révolutions : de plus en plus de gens doivent se satisfaire de la même quantité
de ressources, les emplois dans le secteur public sont sous pression et le secteur privé ne parvient pas
à suivre le rythme. Parallèlement, les dirigeants de la région sont de plus en plus vieux et sclérosés.
Quatre-vingt-deux pourcent des Libyens n’ont connu aucun autre dirigeant que Kadhafi. Les femmes
ont joué un rôle essentiel en Tunisie et en Egypte : quelques-unes portaient le voile, mais la plupart ne
le portaient pas. L’on ne peut plus crire l’Egypte comme une vieille soc patriarcale.
9. Des membres font remarquer qu’une gion fragmene implique des petits marchés pour les
investisseurs étrangers, me si le marc égyptien est d’une taille importante. Les seules grandes
sociétés présentes dans région sont les coms. Lorsque l’Europe investit cent euros à l’étranger,
deux seulement vont au Moyen-Orient, contre quarante aux Etats-Unis. Depuis quelques années,
l’influence de l’Egypte dans la région MENA décline. L’Iran, la Turquie et me le Qatar ont des les
plus influents. Selon M. Khader, la nouvelle Egypte sera moins accommodante envers Israël et, chose
importante, elle a rouvert sa frontière avec Gaza. M. Khader explique qu’Israël attend toujours "son
printemps", et que l’ovation debout accordée par le Congs aricain à Benyamin Netanyahu nuit à
l’image des Etats-Unis dans le monde arabe et affaiblit leur rôle dediateurs en faveur de la paix. Le
membre du Congrès Jeff Miller (Etats-Unis) répond que nombre de ses collègues soutiennent une
solution à deux Etats, mais également la position de M. Netanyahu de ne pas conditionner la paix au
tablissement des frontières de 1967.
10. Des membres mettent en doute le concept d’un "monde arabe " et demandent s’il existe des
alternatives aux relations bilarales et sous-régionales. Le professeur Khader clare que la notion
d’une absence de monde arabe est humiliante. Il y a 360 millions d’Arabes qui parlent une langue
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