J.M. KEYNES (1883-1946)
Introduction : la révolution keynésienne
Biographie :
Il est né à Cambridge. Il est issu d’une famille aisée de la fin de l’époque victorienne, dont
les ancêtres ont été longtemps proches de la cour royale.
Il poursuit des études de mathématiques où il excelle en collectionnant les prix.
Elève d’Alfred Marshall à Cambridge, il s’éloigne de l’analyse néoclassique lorsqu’il refuse
d’analyser l’économie en dehors du temps historique.
Il devient professeur d’économie à 26 ans.
Il est conseiller auprès du Trésor britannique dont il devient le principal représentant à la
Conférence de la Paix qui aboutit à la signature du traité de Versailles. Mais, en désaccord
avec le projet de traité qui impose à l’Allemagne des conditions qu’il juge exorbitantes et
dangereuses pour l’avenir de la paix, il rentre en Angleterre.
Il rédige alors très rapidement
Les Conséquences économiques de la paix
, dans lequel il
dénonce la « paix carthaginoise » de Clemenceau et où il dresse de façon brillante un
portrait féroce des principaux participants à la Conférence.
Il participe en 1944 à la Conférence monétaire internationale de Bretton Woods.
Il est l’auteur d’un plan de réforme audacieux, proposant la création d’une banque de
compensation et d’une monnaie internationale. Ce plan se heurte aux propositions plus
conservatrices des Américains défendues par le secrétaire d’Etat au Trésor White. Ils
redoutent les conséquences inflationnistes de la création d’une monnaie internationale.
Il succombe d’une attaque cardiaque.
La rupture épistémologique :
La place de Keynes dans la science économique est considérable et reconnue, à la mesure
de la « révolution keynésienne » et de l’impulsion qu’elle a donnée à la macroéconomie
contemporaine.
En 1936, il publie
Théorie générale de l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie
. C’est un
ouvrage plutôt mal composé et confus.
Il opère une rupture épistémologique. En effet, il expose 2 grands principes qui vont
marquer une rupture essentielle avec le monde néoclassique :
- L’investissement entraîne toujours l’épargne après lui et au même rythme que lui.
- Le principe de la demande effective : la demande globale détermine l’offre globale.
Pourquoi y-a-t-il du chômage ?
Il ne croît pas en l’automaticité du plein-emploi. L’abandon de ce postulat classique n’est
pas une mince affaire. C’est l’amorce d’un changement de paradigme. Poser que le plein-
emploi n’est pas automatique, c’est introduire un grain de sable dans la belle mécanique
classique.
Tout n’est pas pour le mieux dans le meilleur des mondes, contrairement au courant
optimiste de l’école classique.
Les crises économiques de l’entre-deux guerres démontrent l’instabilité de la croissance
économique et le risque de stagnation.
Il a assisté au basculement de la puissance britannique : à la fin du XIXe siècle celle-ci atteint
son point d’orgue (la Grande-Bretagne est au centre d’un vaste empire), en 1945 elle est
réduite à solliciter des aides à Washington.
L’organisation du monde est bouleversée : celle-ci semble sombrer dans le chaos.
La critique du retour à l’équilibre :
Il critique le retour à l’équilibre en réfutant la loi de J.B. Say.
Son ouvrage est le fruit de la Grande Dépression qui s’est abattue sur le monde en 1929,
de la montée brutale du chômage et des privations extrêmes dans lesquelles ont été
plongées des millions de personnes.
La reprise ne se manifeste pas malgré la politique d’argent à bon marché menée après la
dépréciation de la livre sterling. L’économie n’est pas en auto-régulation.
Il récuse la loi de Say en montrant que la monnaie peut être désirée pour elle-même, et
qu’une partie du revenu des agents peut rester en dehors du circuit (thésaurisation).
Il critique la « loi des débouchés »qui dit que l’offre crée sa propre demande (augmentation
des revenus et diminution des prix).
Les comportements d’épargne peuvent être facteurs de crises. Pour les néoclassiques avec
leur analyse atemporelle, il n’y a pas ce problème : l’épargne sera toujours une dépense
future.
Mais Keynes fait une analyse temporelle : « A long terme nous serons tous morts ».
Pour Say, il n’existe que du chômage volontaire.
I. Inverser l’approche traditionnelle du
fonctionnement de l’économie : importance de la
demande effective
A. Le niveau de l’emploi est déterminé par le niveau de la demande
effective
1) La détermination de la demande effective
Rappelons que Keynes a brillamment réussi ses études de mathématiques et a écrit une
thèse sur les probabilités.
La demande effective correspond à une demande anticipée de biens d’équipement
(investissement) et de consommation.
Pour la définir il introduit 2 termes :
- offre globale : relation entre production et emploi par une fonction croissante
- demande globale d’un produit en fonction du nombre d’emplois
2) La détermination du niveau d’emploi
Nous abordons ici l’objet même de son ouvrage que Keynes traite en forgeant le principe
de la demande effective.
Dans le schéma keynésien, le niveau de l’emploi dépend du niveau de la production qui
dépend à son tour de la demande effective.
Le volume de l’emploi est déterminé par les entrepreneurs qui agissent en fonction de leurs
anticipations.
Si pour un volume de l’emploi, les recettes attendues sont supérieures au prix d’offre, les
entrepreneurs seront incités à accroître l’emploi.
B. Un renouvellement théorique majeur : l’équilibre de sous-emploi
1) Pour Keynes, le chômage est involontaire
Les classiques n’admettent que 2 sortes de chômage : le chômage frictionnel (dû aux délais
d’ajustement de l’offre et de la demande d’emploi), et le chômage volontaire dû au refus
de travail supplémentaire pour un salaire jugé insuffisant (préférence pour l’oisiveté
provoquée par une législation désincitante : allocations chômage….). De plus, il peut être le
fruit de coalitions (une position collective s’entend pour ne pas travailler).
Keynes admet le premier chômage mais refuse le second. Pour lui, le chômage est
involontaire.
«
Il existe des chômeurs involontaires si, en cas d’une légère hausse des prix des biens de
consommation ouvrière par rapport aux salaires nominaux, l’offre globale de main-d’œuvre
disposée à travailler aux conditions courantes de salaire et la demande globale de main-
d’œuvre aux mêmes conditions s’établissent toutes deux au-dessus du niveau antérieur de
l’emploi
».
Une hausse des prix des biens de consommation par rapport au salaire nominal
correspond à une baisse du salaire réel. Alors, on a une hausse de la demande de travail
car les entrepreneurs veulent embaucher. En effet, la baisse du salaire réel réduit le nombre
de bouches qu’une paire de bras peut nourrir. La baisse du salaire réel indique que la
hausse des prix est favorable aux profits.
En parallèle, on a aussi une hausse de l’offre globale de travail car les salariés veulent
travailler.
Donc, les entrepreneurs veulent embaucher et les salariés veulent travailler : il y a en effet
une grande misère qui sévit et les allocations chômage sont loin d’être systématiques.
Cependant, le plein-emploi n’est pas réalisé. Les salariés ne réunissent pas à faire employer
leurs bras. Les entrepreneurs ne réussissent pas à employer pleinement leurs capacités de
production. Pour cela il faudrait que la demande effective augmente.
On vérifie que l’analyse classique (l’emploi dépend du salaire réel) est un cas particulier de
la Théorie Générale.
C’est un double sous-emploi (de travail et de capacités de production). C’est un chômage
involontaire.
Néanmoins, le chômage volontaire peut exister chez les salariés qui font l’objet d’une
concurrence (grands ingénieurs…).
2) L’équilibre de sous-emploi et le chômage keynésien
Dans la logique de Keynes, c’est le volume de l’emploi qui détermine le salaire réel, et non
l’inverse.
Si l’offre globale égalise toujours la demande globale, la demande effective peut se révéler
insuffisante pour assurer le plein-emploi : il s’agit alors d’une situation d’équilibre de sous-
emploi.
Le niveau de l’emploi est déterminé par le niveau de la demande effective sur une période
donnée. Cette demande effective ne coïncide pas forcément avec le revenu global
distribué à l’occasion du processus de production. En effet, il est possible que ce revenu
global ne soit pas dépensé dans sa totalité, ce qui rend la demande effective insuffisante
pour maintenir un niveau d’emploi satisfaisant.
D’où la nécessité d’analyser les 2 déterminants de la demande globale : la consommation
et l’investissement.
La fonction de consommation est caractérisée par une « loi psychologique fondamentale »
qu’il définit en termes simples : lorsque le revenu croît, la consommation croît aussi mais
dans une moindre mesure. La propension marginale à consommer des agents dans nos
sociétés modernes est donc toujours inférieure à 1.
«
en moyenne et la plupart du temps les hommes tendent à accroître leur consommation à
mesure que le revenu croît, mais non d’une quantité aussi grande que l’accroissement du
revenu
». Cette loi joue un rôle important dans la détermination de l’emploi et dans la
détermination de l’effet multiplicateur de l’investissement.
(voir aussi les déterminants de l’investissement : taux d’intérêt du marché, efficacité
marginale du capital).
Les anticipations sont appréciées par les entrepreneurs par la méthode de l’actualisation :
elle consiste à ramener l’avenir (les recettes que l’on peut attendre d’un investissement) à sa
valeur actuelle (coût initial).
«
Il n’y a pas d’autre possibilité que de se laisser guider par ces prévisions
».
II. Comment agir contre le chômage ?
A. La baisse des salaires : un effet contre productif
Les néo-classiques expliquent le chômage par le niveau trop élevé des salariés et la rigidité
des salaires.
La baisse du salaire prônée par les libéraux est inefficace. Certes lesalaire est un coût pour
une entreprise, mais à l’échelle macroéconomique, le salaire est également un revenu pour
l’ensemble des entreprises qui détermine la demande. Une baisse des salaires nominaux, en
réduisant la demande, provoque en retour une baisse de l’offre et une chute des prix
néfastes pour l’économie.
B. La politique de relance de la demande effective
Le retour au plein emploi selon JMK va reposer sur la capacité de l’économie à relancer la
demande effective. JMK estime que pour cela l’intervention de l’Etat est nécessaire
Il existe différents types de relance :
- La relance monétaire qui vise à agir à la baisse sur le taux d’intérêt, sur le prix de
l’argent.
Socialisation de
l’investissement
Productivité du
travail = production
/ emploi
En effet sa théorie faisant dépendre l’investissement de l’intérêt, il estime qu’il convient de
lutter contre le chômage en pratiquant des politiques favorables à la baisse du taux de
l’intérêt.
Ceci pour provoquer «
l’euthanasie du rentier et du capitaliste oisif
» (c’est à dire dissuader
les comportements d’épargne)
La politique monétaire n’est pas préconisée par Keynes qui est assez sceptique sur la portée
de cette politique.
- La relance fiscale qui vise à baisser les impôts et donc à soutenir la consommation.
- C’est la politique budgétaire qui entre en jeu : elle comprend les recettes de l’Etat et
ses dépenses et les traitements versés.
Keynes préconise le déficit budgétaire, et pour lui l’Etat ne doit pas hésiter à investir et à
verser des traitements aux fonctionnaires. Ceci même si les recettes de l’Etat ne sont pas
suffisantes.
La demande augmentera et avec elle la production, les revenus et donc au final les recettes
budgétaires
L’Etat en investissant publiquement va créer un effet multiplicateur sur la production et
donc sur l’emploi
.
Il voit l’Etat comme le catalyseur des anticipations individuelles.
En adoptant cette politique budgétaire expansive, l’Etat montre que lui-même a confiance
en l’avenir : il montre l’exemple. Ainsi La meilleure manière de faire baisser les taux d’intérêt
est de rétablir la confiance dans l’avenir par un programme de réformes.
- Les inégalités de fortune sont vues comme un facteur favorable à l’accumulation
du capital productif car les plus riches sont les plus aptes à épargner une partie de
leurs revenus. Or, une propension à consommer faible, qui est liée à un niveau élevé
de revenus, a un effet déprimant sur la demande et par conséquent sur l’activité
économique et l’investissement. Pour stimuler l’activité économique, il propose que
les pouvoirs publics prennent des mesures visant à réduire l’inégalité des fortunes
(réforme des droits de succession, augmenter la progressivité de l’impôt sur le
revenu
ACTUALITE DE LA PENSEE DE KEYNES ET
PROLONGEMENTS
I. La théorie du déséquilibre à l’épreuve des faits
A. L’analyse de Malinvaud
1) Typologie des chômages
Malinvaud est un économiste français, directeur de l’INSEE qui a surtout étudié les
questions de la croissance.
On distingue 2 marchés : celui des biens et services et celui du travail. On va faire
l’hypothèse que les prix ne sont pas flexibles, qu’ils ne sont pas walrasiens. Quand un
déséquilibre a lieu sur l’un des marchés, c’est la variation de la quantité qui va servir
d’ajustement.
Par exemple, si l’on a un excès d’offre de travail, c’est le chômage qui augmente et non les
salaires qui diminuent. Pareillement, si l’on a un excès d’offre de biens et services des
entreprises vont fermer.
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