Augmente
la concentration
cérébrale de GABA
Diminue
la concentration
de phénytoïne
Somnolence, ataxie,
prise de poids
Un autre aspect du traitement de l’épilepsie, un peu plus anecdotique, est la mise en route d’un régime
cétogène. Ce régime, qui a prouvé son efficacité chez l’enfant, est à base d’apports lipidiques importants et
de faibles apports glucidiques dans le but de produire des corps cétoniques, qui auraient un effet sur les
concentrations ioniques transmembranaires et altéreraient l’excitabilité membranaire. Lors de la prise en
charge anesthésique de ces enfants, un bilan biologique préopératoire, une surveillance périopératoire
attentive de la glycémie et la recherche de signes d’acidose métabolique (oligurie, nausées, tachypnée,
léthargie, corps cétoniques dans les urines) doivent être réalisés [19].
Prise en charge périopératoire
Interaction du traitement antiépileptique
Bien qu’il n’existe que peu d’études sur le sujet, il semble que les patients épileptiques traités au long cours,
surtout avec des médicaments inducteurs enzymatiques, présentent une résistance à l’action des
curares [18] [20] [21]. Cette résistance se caractérise par une augmentation des doses de curare
nécessaires pour obtenir un même relâchement musculaire que chez le sujet sain et par une diminution de
leur durée d’action. Elle pourrait s’expliquer à la fois par une induction enzymatique et par des modifications
pharmacocinétiques dues aux antiépileptiques au long cours, mais aussi par une augmentation de l’activité
anticholinestérasique, une altération de l’affinité du récepteur pour l’acétylcholine ou une augmentation du
nombre de ces récepteurs [20].
De même, ces patients nécessitent des doses plus élevées de fentanyl pour obtenir le même effet que chez
des patients non épileptiques lors d’une anesthésie balancée. Une étude semble même montrer qu’il existe
une relation entre le nombre de thérapeutiques antiépileptiques et la résistance au fentanyl [22]. Bien que la
physiopathologie de cette résistance aux opiacés ne soit pas clairement établie, on peut avancer l’idée que
les modifications pharmacocinétiques induites par les antiépileptiques au long cours (induction enzymatique)
puissent jouer un rôle en accélérant la biotransformation du fentanyl au niveau hépatique [18].
La plupart des antiépileptiques administrés au long cours ont un retentissement sur la fonction hépatique :
outre leur effet inducteur ou inhibiteur enzymatique (tableau III), il existe souvent une perturbation du bilan
biologique hépatique (élévation des GT, des phosphatases alcalines et/ou des transaminases) sans qu’il
existe de retentissement clinique [23]. C’est pourquoi un bilan hépatique préopératoire systématique n’est
pas nécessaire sauf si l’examen clinique ou l’interrogatoire révèle des signes de dysfonction hépatique [18].
Il faudra rechercher les différents effets secondaires de chaque antiépileptique (tableau III), mais une
attention particulière doit être portée lors de l’utilisation de l’acide valproïque qui peut entraîner des troubles
de la coagulation par diminution des facteurs intrinsèques, alors même que le taux de plaquettes et le taux
de prothrombine sont normaux. Certains auteurs recommandent de réaliser un temps de saignement à tout
patient traité par acide valproïque au long cours avant une craniotomie ou la mise en place d’électrodes
intracrâniennes [18].
Propriétés pro- et anticonvulsivantes des médicaments d’anesthésie
Il est important lors de la conduite d’une anesthésie de s’assurer que les substances administrées n’ont pas
d’action délétère sur la pathologie sous-jacente. C’est pourquoi, il est nécessaire d’apprécier les effets pro-
ou anticonvulsivants des différents anesthésiques. Paradoxalement, la plupart des produits de l’anesthésie
ont une action à la fois pro- et anticonvulsivante et ce, suivant les doses administrées ou les conditions
physiologiques. De plus, ces effets sont à distinguer suivant qu’il s’agit d’un patient épileptique connu ou
non.
Parmi les agents halogénés, qui ont pour la plupart une activité anticonvulsivante, le sévoflurane pose un
problème spécifique. En effet, des études ont montré une activité proconvulsivante principalement électrique
chez des patients épileptiques, mais aussi chez des sujets sains [24] [25]. Toutefois, aucune des
observations cliniques (mouvements convulsifs) n’a pu être mise en relation avec une activité EEG comitiale