CHAPITRE I : LA SOCIETE FEODALE
Section 1 : la seigneurie
§ 1 : définition de la seigneurie
C’est un territoire dont le titulaire exerce des droits de puissance publique (justice, armée,
administration). Elle est née du démembrement de la puissance publique centrale à la fin de la
période carolingienne. Ses titulaires, les seigneurs, sont souvent ceux qui détenaient des terres
concédées par le roi ou l’un des grands du royaume. Les seigneurs pouvaient concéder leur
droit de puissance publique à l’un de leurs subordonnés.
Ces seigneurs forment des unités politiques complètes. Mais leurs frontières ne sont pas
toujours bien précises. Elles varient au gré des guerres privées.
Cela explique qu’au Moyen Age le concept de frontière est inopérant parce qu’elles varient au
gré des alliances guerrières. Elles sont d’autant plus fluides qu’elles sont souvent à cheval sur
des frontières naturelles. C’est le cas du comté de Comminges installé de part et d’autre des
Pyrénées.
§ 2 : la puissance publique seigneuriale
On peut la décomposer en deux éléments :
A : les pouvoirs régaliens
Lorsque les seigneurs se sont emparés de la puissance publique, ils ont voulu l’exercer
coutumièrement.
Et dès le XIème siècle on voit apparaître les « mauvaises » coutumes, c'est-à-dire les pouvoirs
que s’est arrogé le nouveau seigneur et qu’il impose coutumièrement à ses sujets.
Ce sont des pouvoirs de puissance publique (régaliens). Ainsi, le seigneur détient le pouvoir
de ban (pouvoir de commandement). Il lui permet d’édicter seul des commandements dans le
cadre de sa seigneurie et lui permet d’investir ses subalternes de certaines fonctions publiques.
A coté de ce pouvoir de « ban », le seigneur administre la justice. Il se charge de la haute
justice ou justice de sang (mort d’homme, vol, incendie, rapt, homicide).
Il perçoit aussi l’impôt, comme la taille, mais peut exiger des contributions à la construction
et au renforcement de la forteresse, voire un service de garde. Dans le cadre de ces pouvoirs,
il peut exproprier, opérer des réquisitions, et imposer des corvées quoi exigent des prestations
en nature.
Il perçoit pour lui et ses hommes le droit de gîte ou alberge. C’est un prélèvement qui a lieu
lorsque le seigneur se déplace et qu’il a besoin d’être entretenu. Enfin, lorsqu’il est
suffisamment puissant, le seigneur peut frapper monnaie et va profiter de ce privilège en
jouant sur les mutations monétaires. Pour être complet, il faut souligner que les accords qu’il
signe avec d’autres seigneurs sont de véritables traités qui s’imposent à tous les habitants de
sa seigneurie.
B : les droits de nature économique
Il est vrai que jusqu’au XIIIèmesiècle, l’économie marchande a disparu.
Pourtant, le seigneur va percevoir des droits sur la production économique de l’époque. Il y a
d’abord des droits de péage, de transit, et d’entrepôt sur les marchandises qui circulent par
terre ou par eau sur sa seigneurie.