L’atelier artistique détourne la personne de son mal de manière douce en contournant les
résistances au changement. Il transforme la relation que le sujet a avec sa maladie et son
traitement pour lui permettre de retrouver son indépendance et ainsi conduire à une
transformation positive de lui-même.
Lorsque le sujet travaille une matière, il ne peut pas penser à autre chose dans la mesure où
l’activité lui demande de l’attention et de la concentration. Cet effort peut faire descendre les
tensions et agir sur le stress. Le temps dévolu à l’atelier le libère involontairement de pensées
obsédantes liées à sa pathologie ce qui lui permet de prendre du recul. Le geste qui accompagne
l’activité artistique font subtilement travailler des muscles qui ont pu être négligés et atrophiés
lors du traitement. Les objets créés permettent également de ramener à la conscience du sujet des
éléments qu’il avait enfouis. Ceux-ci lui seront sans doute utiles pour la compréhension de sa
maladie et des conséquences qu'elle engendre pour lui et son entourage, et seront donc utiles dans
la continuité du soin avec l’équipe soignante.
L’activité de groupe, centrée sur un objectif artistique, induit de nouveaux comportements
sociaux. La relation entre les patients est changée par le regard qu’ils portent sur l’autre et sur
eux-mêmes. Le groupe permet de recréer du lien et de retrouver leur identité : une identité qui
n’est pas uniquement celle d’un individu souffrant d’une maladie, mais l’identité de quelqu’un en
train de trouver de nouvelles ressources qui peuvent marquer le début d’un détachement vis-à-vis
de la structure de soin.
Au terme de la période de soin, le patient doit rompre avec l’équipe de soignants et son
environnement protecteur. Il doit retourner dans un contexte extérieur similaire à celui qu’il avait
quitté. Pour autant, lui aura changé et son entourage proche également. Cette période est sensible
car la possibilité de rechute est importante. Le patient est confronté à lui-même et aux autres dans
un contexte qu’il envisageait auparavant au travers du filtre de l’innocence et ensuite de la
maladie. Pour amoindrir la violence de ce changement d’état, il est nécessaire de proposer des
moyens de rattachement à la structure qui peuvent le rassurer. Le souvenir de la pratique
artistique, les objets qui en ont résulté et l’éventuelle poursuite de cette pratique, permettent de
prolonger un des aspects optimistes développés pendant la période de soin.
Un autre aspect positif à dégager d’un atelier d’art thérapie est qu’il offre aux sujets une nouvelle
voix d’accès à l’autre, une nouvelle possibilité de dialogue qui n’est pas en lien avec le récit
abrupt et douloureux de la maladie et de son traitement. En se basant sur la découverte d’une
pratique artistique, le sujet peut aborder un dialogue nouveau, constructif et valorisant.
L’objectif de cet atelier est également d’aider les sujets à reprendre leur autonomie. La pratique
artistique a donné naissance à de nouvelles possibilités. Elle propose des éléments tangibles, sur
lesquels les individus peuvent s’appuyer pour construire une nouvelle estime de soi, qui les
accompagne dans le réapprentissage à la vie sociale. Les individus sont capables de parler de
cette expérience sans qu’ils aient à la nier, sans que ce soit ni tabou ni douloureux. Ils peuvent en
parler comme de quelque chose qui fait partie de leur expérience et qui les a fait avancer comme
n’importe quelle épreuve.
L’art permet de développer les facultés d’expression, de communication et de relation, et peut
participer à la reconquête de l’identité et de la dignité de la personne. Rassurer la personne dans