EDUCATION A L’IMAGE à la croisée entre matière et virtuel Aujourd’hui, images et sons semblent accessibles sans barrières, illusion totale au regard des efforts nécessaires à un véritable accès. Au congrès du SNES en 2003, une contribution proposait une synthèse des réflexions menées à propos de l’éducation à l’image et des liens qu’elle entraînait entre les différentes disciplines de l’école primaire au lycée. Cette analyse restant d’actualité dégageait 4 grands types d’approches de l’image: - utilitaire : pour la communication, la compréhension d’un texte, d’un concept - référentielle, culturelle : comme document patrimonial, - scientifique : où la sémiotique la décortique pour en décoder le sens - artistique : où elle est créée, manipulée, décomposée, recomposée. Il convient de tenir compte de l’évolution rapide des technologies numériques entraînant un nouveau rapport à l’image dans la pédagogie. Manipulation, transmission et publication de qualité par des non-spécialistes deviennent possibles. Mais cette facilité n’est que d’ordre technique, tout ce qui est de la conception et de la création reste problématique. Les arts plastiques, discipline fondamentale pour un apprentissage solide de l’image et de son environnement est au centre des enjeux qui se dessinent ; si cette discipline doit sans conteste, tenir compte des nouvelles approches, elle ne peut uniquement s’axer sur le virtuel, oubliant ainsi que la sollicitation de tous nos sens et non pas seulement de la vue est ce qui structure une démarche artistique plastique. Bien évidemment, les arts plastiques ont à parler d’image animée comme d’image fixe, de publicité, de cinéma également mais aussi de pensée, de matière. Il y a à tisser avec les autres disciplines une complémentarité qui ne peut amener que richesse. Des questions restent à travailler : quels rapports de l’image et du son ? redondance ou transcendance quand la musique est là pour montrer ce qui n’est pas filmé, donner un autre sens à l’image ? Quel rapport entre déroulement musical et déroulement filmique ? Comme chaque discipline prend en charge sa « part de langage », chacune doit également pouvoir prendre en charge sa « part d’image » en se méfiant des évidences ; sachant que les différentes approches peuvent être tout autant complémentaires que contradictoires, que l’image se construit dans le temps et n’a rien de gratuit, qu’une véritable pratique régulière est indispensable. Faire comprendre les différences entre œuvre d’art unique et image de communication, ancrer les créations des élèves dans une culture artistique leur permettant de se situer et de situer les autres œuvres, de s’exprimer plastiquement avec aisance, sont des objectifs majeurs de l’éducation à l’image. Il s’agit là, sur tous ces aspects d’un énorme travail, de formation, de communication (quels enseignants savent exactement comment est abordée l’image dans l’ensemble des autres cours ?) sans parler des moyens à y mettre, en temps et en matériel ! Hélène DAVIT [email protected]