anesthésie des grands animaux - Direction des services vétérinaires

Anne-Marie Catudal et Daphnée Veilleux-Lemieux
Direction des services vétérinaires
ANESTHÉSIE DES GRANDS ANIMAUX
Anne-Marie Catudal et Daphnée Veilleux-Lemieux
TABLE DES MATIÈRES
1. Introduction
2. Buts de l’anesthésie générale
3. Physiologie et effets de la douleur
4. Prémédication
5. Induction
6. Maintien
7. Anesthésiques locaux
8. Bloqueurs neuromusculaires
9. Suivi (monitoring)
a. Importance
b. Phases anesthésiques
c. Paramètres physiologiques suivis
d. Compilation des données physiologiques
10. Fluidothérapie
11. Réveil
12. Complications possibles et actions à prendre
Anne-Marie Catudal et Daphnée Veilleux-Lemieux
1. Introduction
« There are no safe anesthetics agents, there are no safe anesthetic proceedings, there are only
safe anesthesists » - Robert Smith
Aucun agent anesthésique n’est complètement sécuritaire, aucun protocole anesthésique n’est
parfait et applicable à toutes situations. En bref, toute anesthésie est risqe. Cependant,
lorsque l’on connait les effets des différentes drogues et que l’on sait détecter un problème, la
plupart des situations peuvent être contrôlées facilement.
Cette formation a pour but de vous remémorer les bases de l’anesthésie générale, de vous
permettre d’être à l’aise lorsque vous anesthésiez un animal « de grande taille » et peut-être de
vous apprendre quelques concepts nouveaux !
2. Buts de l’anesthésie générale
Ce que l’on veut atteindre lors d’une anesthésie générale est de déprimer le système nerveux
central, afin d’obtenir une perte de conscience de l’animal. Cette dépression est RÉVERSIBLE et
CONTRÔLÉE. Lors de chirurgie, le plan anesthésique se doit d’être plus profond pour fournir
immobilité, relaxation, inconscience et perte de perception de douleur, tout en maintenant les
fonctions vitales. Donc on cherche à avoir une contention chimique et une inconscience de
l’animal vis-à-vis des manipulations et de la douleur.
Le but de cette formation n’est pas de faire de vous des spécialistes en neuroanatomie et en
physiologie de la douleur. Nous n’allons donc que survoler les mécanismes nerveux impliqués
dans la douleur.
3. Physiologie et effets de la douleur
Lorsqu’un stimulus douloureux survient, une cascade d’événements nerveux s’en suit. Au niveau
de l’organe atteint, que ce soit la peau, les viscères ou une articulation par exemple, des
récepteurs spécifiques de la nociception s’activent. Certains organes en sont très concentrés,
comme la peau, d’autres dépourvus, comme le cerveau. Ces « nocicepteurs » perçoivent donc le
stimulus mécanique, chimique ou thermique et un signal nerveux est envoyé par le nerf
Anne-Marie Catudal et Daphnée Veilleux-Lemieux
périphérique jusqu’à la moelle épinière, puis voyage jusqu’au cortex, ou la douleur proprement
dite est alors perçue. Un influx nerveux de type rétrocontrôle est retourné à la moelle épinière
afin de modulée la douleur.
Durant l’anesthésie générale, la perception de la douleur au niveau du cerveau est bloquée,
mais la douleur est tout de même présente. Tout animal anesthésié n’est donc pas
nécessairement analgésié. C’est entre autres pour cette raison que l’on demande qu’un
analgésique soit administré AVANT la procédure chirurgicale.
La douleur amène un état de stress. Ce stress entraine des changements au niveau des
hormones sanguines ainsi qu’une diminution de l’immunité, une perte d’appétit, une fonte
musculaire… La douleur augmente aussi le risque de complications majeures en période
postopératoire (insuffisance cardiovasculaire, insuffisance respiratoire et même la mort). De
plus, les résultats des protocoles de recherche sont modulés par tout biais externe ou interne.
Ces biais incluent le stress, des changements au niveau du système immunitaire, de l’appétit,
etc. Il faut donc que l’anesthésie ET la douleur aient le moins d’impact possible sur les résultats
expérimentaux.
4. Prémédication
La prémédication n’est habituellement pas utilisée chez les rongeurs et autres petites espèces,
mais est souvent préférable, voire indispensable chez les espèces de plus grande taille.
Contention : il est important que les animaux soient faciles à manipuler. La kétamine est le plus
souvent utilisée pour obtenir une contention chimique sécuritaire pour l’animal et le
manipulateur. Elle nous permet entre autres de poser un cathéter IV plus facilement.
Sédation : le contrôle du stress et de l’appréhension est important avant l’induction de
l’anesthésie. On veut un animal calme, et éviter tout effet néfaste possible du stress lors de
l’anesthésie.
Analgésie : comme on veut administrer un analgésique en période préopératoire, la
prémédication est un excellent moment pour le faire. Les opioïdes sont de bons candidats pour
cela, puisqu’ils ont en plus un effet sédatif.
Anne-Marie Catudal et Daphnée Veilleux-Lemieux
Myorelaxation : pour certaines manipulation, il peut être utile de relaxer les muscles
(radiographies, procédures orthopédiques…)
Diminuer la quantité d’agents anesthésiques utilisés : les molécules utilisées ont un effet
synergique ou additif, permettant de diminuer la dose de chacun. La dose de l’agent utilisé en
maintien pourra aussi être diminuée, ce qui permet de réduire certains de ses effets
secondaires. Il est donc plus sécuritaire d’utiliser un cocktail de différentes drogues et d’utiliser
moins d’isoflurane pour le maintien, que d’être obligé de garder l’animal sous 3% d’isoflurane
pendant toute la procédure.
Exemple de molécules fréquemment utilisées en prémix : acépromazine (sédatif,
antidysrythmique, antiémétique), diazépam et midazolam (anxiolytiques et myorelaxants),
opioïdes de puissance différente : morphine < butorphanol < hydromorphone < buprénorphine
< fentanyl (analgésiques, sédatifs), xylazine (sédatif, analgésique de courte durée, myorelaxant),
AINS (analgésiques, carprofen et meloxicam ont peu d’effets sur l’hémostase), glycopyrrolate
ou atropine (antibradydysrythmiques, antisialagogues, bronchodilatateurs), kétamine
(analgésique, anesthésique dissociatif).
Plusieurs facteurs sont à considérer lors du choix de la ou des molécules utilisées en
prémédication : le risque anesthésique (âge de l’animal, état de chair, maladie), le type de
chirurgie ou de procédure effectuée, le niveau de douleur anticipée, le niveau de relaxation
musculaire requis, ainsi que l’espèce. Par exemple, la kétamine seule est très utilisée chez les
primates, car l’effet hypotenseur et cardiodépresseur est beaucoup moindre que lorsqu’elle est
utilisée en combinaison.
5. Induction
L’induction permet d’atteindre un niveau d’inconscience rapidement. Elle peut être faite à l’aide
de molécules injectables ou volatiles : thiopental, pentobarbital, propofol, kétamine, telazol ou
isoflurane. Le choix de la molécule va dépendre de l’état du patient (rarement instable dans nos
conditions) et de l’espèce. Avec la plupart de ces agents, une dépression respiratoire est à
prévoir : il est possible qu’une période d’apnée survienne. Afin de limiter les conséquences
d’une apnée, il est avantageux de préoxygéner le patient avant l’induction (environ 5 minutes).
Une intubation rapide nous permet également d’avoir accès aux voies respiratoires en cas
1 / 22 100%

anesthésie des grands animaux - Direction des services vétérinaires

La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !