Amazonomachie, sarcophage du Ier siècle av. J.-C., musée du Louvre.
Selon la légende, les Amazones habitent les rives du fleuve Thermodon, en Cappadoce dans
l'actuelle Turquie. Elles tuent leurs enfants mâles ou les rendent aveugles ou boiteux, pour
ensuite les utiliser comme serviteurs. Quant aux femmes, elles coupent leur sein droit pour
faciliter le tir à l'arc. Pour assurer la perpétuation de leur civilisation, elles s'unissent une fois
par an avec les hommes des peuplades voisines dont elles choisissent les plus beaux.
Les attributs des Amazones sont le πέλτη / péltê, un bouclier léger en forme de demi-lune, la
lance, l’arc et les flèches propres aux cavaliers des steppes, le cheval et la hache — σάγαρις /
ságaris d'abord, puis double hache à partir de l'époque hellénistique, par exemple chez
Quintus de Smyrne5. Le signal avant la bataille est donné par le sistre (sorte de grelot)
généralement de bronze.
De nombreux héros grecs — Bellérophon, Achille, Héraclès, Thésée ou encore Priam — ont
eu affaire à elles. Curieusement, chacun eut sa reine à aimer et, finalement, à tuer. Achille
affronte Penthésilée venue secourir les Troyens, s'en éprend et la tue dans le même temps6.
Priam, le vieux roi troyen, a lui-même repoussé une invasion amazone7. Héraclès doit
s'emparer de la ceinture d'Hippolyte et finit par massacrer cette dernière, ainsi que ses
compagnes.
Selon une tradition que Plutarque attribue à l'atthidographe Philochore, Thésée se joint à
l'expédition d'Héraclès après avoir mené à bien le synœcisme d'Athènes. Il reçoit Antiope
comme part du butin. Selon une autre tradition que Plutarque rapporte notamment à
Hellanicos, Thésée part seul et capture lui-même Antiope. Les Amazones répliquent en
envahissant l'Attique — après avoir passé le Bosphore pris dans les glaces, selon Hellanicos.
Le combat devant Athènes se déroule au mois de Boédromion, d'où la fête des Boédromies.
Thésée a un fils d'Antiope (également appelée Hippolyte par certains auteurs), Hippolyte8.
Bellérophon, enfin, après avoir tué la Chimère, affronte et vainc les Amazones. Ce mythe
misogyne (les Amazones sont de simples femmes domestiquées par Thésée qui rétablit la
juste frontière des sexes, ces dernières étant renvoyées dans leur rôle domestique) qui s'est
fixé à Athènes au Ve siècle av. J.-C. ne doit pas faire oublier qu'il existe d'autres versions de
ce mythe des Amazones : figures héroïques positives dans l’Iliade (où elles sont mentionnées
sous le terme d’Antianeirai), fondatrices ou protectrices de cités dans lesquelles on leur rend
des cultes funéraires9.
Les Amazones voient leur continuité au féminin ; la légende dit qu’elles tuent les enfants
mâles — garçons — et n’élèvent que les enfants femelles — filles —, ce qui paraît difficile
pour assurer leur perpétuation. Il est donc plus probable qu'après le sevrage, les garçons soient
confiés aux hommes avec lesquels elles ont enfanté. Cela présuppose davantage un type de
société matriarcale, ce dont les Grecs avaient horreur, raison pour laquelle ils blâment tant
cette population. La légende rapporte également que les Amazones ne gardent auprès d’elles
que des hommes mutilés, estropiés, prétendant que cela augmenterait leur capacité sexuelle,
supputant que l’infirmité empêcherait les hommes d'être violents et d’abuser du pouvoir. Il
paraîtrait à ce propos que la reine Antianeira ait répondu à une délégation d’hommes scythes
qui s’étaient proposés comme amants exempts de défauts physiques que « l’estropié est le
meilleur amant ».
Alexandre et les Amazones