HIMERIOS, Discours, 99-137 Grandeur des anciens Athéniens Peut-être est-il juste en premier lieu d’admirer l’amour de l’humanité de notre cité et comment elle s’est portée à la tête de tout le peuple grec, recueillant les malheureux qui avaient été chassés par les autres, et renvoyant hors de l’Attique ceux qui désormais tendaient à un sort meilleur. On est dans l’embarras ici à nouveau pour savoir ce qu’il faut rappeler en premier lieu : faut-il raconter dans le détail combien furent nombreux les premiers exploits de la cité, les heureux succès sur terre ou bien sur mer, par où commencer le discours ? Le peuple des Grecs était jadis enfermé dans d’étroites frontières : les pirates infestaient les Cyclades, on ne pouvait naviguer à l’Est du Péloponnèse, les Thraces surveillaient la mer, les Amazones menaçaient d’un autre côté. Avant eux, Les Ioniens fuyaient, les Héraclides, avant les Ioniens, fuyaient la violence d’Eurysthée, les Thébains, selon leur nature, faisaient violence à tous les hommes tout en le niant, les Doriens peu de temps après, se montraient hardis contre notre cité, en s’alliant aux peuples de l’Eubée et de la Béotie. Alors qu’un tel nuage de difficultés tombait sur la cité, différemment selon les temps différents, mais un peu chaque jour, il est juste de voir quels furent dans toutes ces circonstances les ancêtres de ces hommes. Ils civilisèrent les îles et les habitèrent, ils firent disparaître la piraterie. Ils envoyèrent des Ioniens sur le continent opposé et ils remplirent tout le territoire que baigne l’Egée avec le peuple de l’Attique. Ayant reçu les Héraclides, ils mirent un terme à la violation des lois de celui qui commettait des injustices, et, changeant leur destin, à la place d’hommes en fuites, ils en firent les rois de tout le Péloponnèse ; comme les Thraces et les Amazones s’enhardissaient les uns contre cette cité, les autres contre la nature elle-même, et s’élançaient d’autant plus contre leurs adversaires qu’ils voulaient totalement ressembler à celui qu’ils rencontraient, en attaquant au moment où les uns et les autres tentaient une invasion contre eux, ils les éloignèrent, les uns de leur territoire, les autres de la nature humaine : de sorte que désormais cette nature des Amazones ne fut plus connue par un peuple, mais par un tombeau.